Le phénomène d’insalubrité est une équation qui devient de plus en plus préoccupante à Conakry. En ce sens que la croissance urbaine spectaculaire et démographique constitue un enjeu important de développement de la capitale. Puisqu’aujourd’hui, plus de 40% de la population guinéenne vivent dans zones urbaines, dont la moitié à Conakry.
Une ville qui est passée, en 50 ans, de 150.000 à près de 3.000.000 d’habitants, sans que les ouvrages, l’organisation technique et institutionnelle ainsi que le mécanisme de financement n’aient suivi ce rythme.
Selon le directeur général de l’Agence nationale d’assainissement et de salubrité publique, Conakry produit 1200 tonnes de déchets par jour. «Nous avons pris service au moment où on collectait sur les 1200 tonnes environ 10.000 tonnes seulement par mois. Aujourd’hui, avec l’organisation qui est mise en place par l’Agence, avec l’appui du gouvernement et le renforcement des capacités en termes budgétaire et d’équipements, nous sommes aujourd’hui à 24.000 tonnes collectées mensuellement», se félicite Sory Camara.
Au premier trimestre de 2017, enchaine-t-il, nous étions à 40.000 tonnes de déchets collectées pendant ce trimestre. Au trimestre de 2018, nous avons porté ce volume à 68.000 tonnes de déchets. Vous comprendrez qu’il faut un effort pour Conakry, a-t-il fait savoir.
A l’initiative du président Alpha Condé, un programme d’urgence d’assainissement de la ville de Conakry vient d’être lancé par le Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana. Depuis, il y a environ une centaine de camions qui transportent les déchets solides et liquides collectés le long des routes et dans les marchés, pour être drainés au niveau de la décharge de la Minière.
«Vous comprendrez que l’assainissement d’une ville n’est pas que l’affaire du gouvernement, encore moins celle de l’Agence. Plutôt, c’est l’affaire de tout le monde. Il faut que chacun s’implique d’abord dans les foyers, dans les ménages, les secteurs, les quartiers, les communes. Chacun doit en faire son affaire. Sinon, Conakry ne sera jamais propre», lance M. Camara.
Dans son opération d’assainissement de Conakry, le gouvernement bénéficie de l’accompagnement de l’Union européenne et de la Banque islamique de développement. Il revient donc au gouvernement de prendre des initiatives.
Le directeur général de l’Anasp rassure qu’il va y avoir un élan de solidarité à un moment donné. Mais avant, Sory Camara sollicite l’adhésion de la population au combat, à défaut de quoi les efforts resteront vains. Chose qui n’est pas souhaitable.
«Nous voulons que la sensibilisation, qui doit commencer, porte sur le fait que l’activité soit pérenne. Nous invitons la presse à nous accompagner dans cette sensibilisation pour que demain, dans la rue, lorsque vous allez voir quelqu’un jeter un mégot de cigarette ou jeter, à partir de sa voiture, une peau de banane ou une peau d’orange qu’il vient de sucer, il faudrait que tous ceux qui le voient en train de le faire, barrent la route à ce Monsieur et lui intimer l’ordre de descendre de sa voiture et de récupérer ce qu’il a jeté dans la rue. Tant qu’on n’en arrive pas là, dites-vous que notre ville ne sera pas propre», préconise comme solution, notre interlocuteur.
«C’est pourquoi il faut un grand travail de sensibilisation. Car, ce n’est pas l’argent qui développe un pays. Ce n’est pas l’argent qui assainit une ville. C’est d’abord l’engagement politique. Et aujourd’hui, on a un engagement fort : celui du président de la République et du gouvernement dirigé par le Premier ministre. Le reste, c’est l’affaire de chaque citoyen. Il faut que chacun s’engage dans le combat qui vient d’être déclenché».