Les sapeurs-pompiers, appuyés par des unités nationales et internationales, ont œuvré sans relâche pour contenir les flammes.
Un post du Président Doumbouya sur les réseaux sociaux, première réaction officielle des autorités de la transition
Face à cette tragédie, le président de la transition a réagi rapidement via sa page Facebook, exprimant son soutien aux sinistrés et présentant ses condoléances au peuple de Guinée :
Un bilan humain et matériel lourd
Selon un bilan provisoire fourni à la mi-journée par le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, l’incendie avait causé 13 décès. Ce chiffre a été porté à 14 dans un communiqué diffusé quelques heures plus tard par la RTG. En outre, 190 blessés ont été recensés, avec la promesse d’une prise en charge par l’État. Un bilan qui grimpera quelques jours après à 20 personnes tuées.
Dans la foulée, une chaîne de solidarité s’est mise en place, rassemblant dons et aides de diverses origines. Cependant, de nombreux sinistrés, comme la famille Sylla, affirment n’avoir reçu aucune aide concrète.
Outre les habitations, plusieurs infrastructures ont été touchées, notamment le Secrétariat général à la Présidence chargé des Services spéciaux, dont les locaux, situé à quelques mètres des lieux de l’incendie, ont été ravagés.
Gérant de Maba Global Services, Lamine Maba Camara, évolue dans la fourniture des bureautiques et pièces de rechange auprès des sociétés et de certains démembrements de l’État. Son bureau, retranché au troisième niveau d’un immeuble situé non loin du dépôt des hydrocarbures, a vu ses vitres partir en éclats, et ses portes fortement impactées par les flammes.
Le coût des travaux de rénovation de ses locaux lui est revenu, pour pouvoir accueillir ses usagers dans un cadre approprié, dit-il.
Les enquêtes toujours en cours
Dès les premières heures du drame, le président Mamadi Doumbouya a salué le travail des équipes de secours et a promis des enquêtes pour établir les causes de l’incendie. Cependant, un an plus tard, ces investigations n’ont pas encore livré de conclusions officielles.
Selon nos sources, les autorités du pays affichent une grande prudence dans leur communication sur le sujet, invoquant la complexité des enjeux, notamment en raison des implications financières pour les compagnies d’assurance.
En outre, nous apprenons qu’une expertise internationale devrait être sollicitée pour renforcer l’investigation et garantir une transparence totale. Mais quand ?
Des indemnisations controversées
Le 6 mai 2024, l’État a annoncé le début des indemnisations : 1.000.000 GNF par mois pour les locataires et 2.000.000 GNF pour les propriétaires, sur une durée de 24 mois.
Cette annonce a suscité des réactions mitigées. Oumar Yansané, qui a reçu 4.000.000 GNF pour ses deux concessions, affirme que ce montant ne couvre pas les investissements nécessaires.
« J’ai refusé cette somme, car elle est largement insuffisante. J’ai décidé de la restituer », a-t-il confié.
Un sentiment d’abandon
Le président du Comité des sinistrés, Mamoudou Scifo Kè Touré, accuse le gouvernement d’un manque de dialogue et de tentative de manipulation : « ils fabriquent leurs propres représentants sans consulter les sinistrés. Nous réclamons des enquêtes, mais l’État refuse d’y répondre. »
De nombreux habitants, déçus par l’inaction des autorités, ont entrepris eux-mêmes la reconstruction de leurs maisons, souvent avec des moyens financiers limités.
“Nous, nous réclamons des enquêtes et lui, il ne veut pas en entendre parler, d’une part. De l’autre, ils ont voulu nous faire déménager pour un endroit comme Ansoumanya-Village. Et ce sont des éléments qui ont choqué dans cette affaire : sans enquête, il y a une volonté de spoliation qui s’est soldée par des échecs. Aujourd’hui, on parle de bail-partage. Mais même ce bail-partage, il faut discuter de ses constituants. Malheureusement, chaque fois que nous avons réclamé nos droits, cela s’est toujours soldée par des jets de gaz, des arrestations, des condamnations”, a-t-il rappelé.
Ayant lui-même fait l’objet d’arrestation et d’emprisonnement avant sa relaxation, Kè Touré n’aura pas été seul condamné dans ce cadre.
“Il y a des femmes qui ont été condamnées à six mois assortis de sursis. Elles ont été arrêtées en plein mois de Ramadan. Elles ont fait le tour des commissariats. Elles ont terminé au Tribunal de première instance qui les a enfin condamnées”, a-t-il déclaré.
Face aux lenteurs administratives et aux suspicions de manipulation, certains habitants, exaspérés, certains citoyens de Coronthie ont contracté des prêts pour pouvoir s’attaquer aux travaux de rénovation de leurs maisons.
Une fracture entre citoyens et État
Un an après l’incendie, les sinistrés de Coronthie se sentent oubliés. Entre des promesses non tenues, des indemnisations jugées dérisoires et l’absence de dialogue, cette crise met en lumière des défaillances dans la gestion des catastrophes et un profond déficit de confiance envers les autorités.
Nous y reviendrons.