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Guinée  : la transition à quitte ou double (Édito)

Le discours du Chef de l’État relatif au chronogramme de la transition, bien que compassé aura fait l’effet d’une bombe au sein du landerneau. Entraînant de facto des réactions sur fond de gesticulations et de rodomontades dans les rangs des forces vives. Qui menacent d’en faire voir de toutes les couleurs au Cnrd, à cause des 39 mois, proposés comme durée de la transition, après le ramadan.

La levée de boucliers suscitée par le délai de 39 mois proposé par le colonel Mamadi Doumbouya, comme durée de la transition, au sein de l’aile dure de la classe politique, prouve que la pilule servie par le président est très dure à avaler.

Ce rejet systématique de ce chronogramme par une partie des forces vives ne surprend guère, quand on sait que les consultations qui auraient servi de matrice à la conception de ce délai de 39 mois, ont été boycottées par une frange importante des forces vives.

Certes, la caution apportée à ce calendrier par des coalitions qui n’embouchent pas la même trompette que le courant antagoniste, mettent un bémol à la démarche de la junte. Une junte qui devra tout de même se préparer à affronter la colère de la rue, si l’on s’en tient aux prédictions des Cassandre. Qui battent en brèche cette affirmation du colonel qui dit je cite : « je ne décide pas seul, j’agis avec tout le monde. C’est pourquoi, il y a eu successivement, les journées nationales de concertation, les assises nationales, et maintenant le cadre de concertation et de dialogue, qui viennent de rendre leurs conclusions provisoires ». Morceau choisi tiré de son discours à l’eau tiède, servi à l’occasion de l’annonce solennelle de ce chronogramme qui a aussitôt jeté un froid au sein de la classe politique.

Ce chronogramme n’est toutefois pas gravé dans le marbre, puisque le président de la transition dit laisser le soin au Conseil national de la transition (Cnt), pour son droit de regard en tant qu’organe tenant lieu de parlement. Quitte à cette institution de valider les 39 mois ou de les raboter. En vue de ménager la chèvre et le chou, dans ce qui se dessine comme une épreuve de force entre la junte et les forces antagonistes, dont l’Anad et le Fndc. Pour ne citer que ces entités qui ne peuvent plus voir les militaires en peinture. Ces opposants à ce chronogramme appelleraient d’ailleurs de tous leurs vœux à un durcissement de ton de la part de la Cédéao contre Conakry. Quand on sait que les autorités de la transition sont dans le viseur de l’organisation sous régionale, dont une mission d’observation est attendue incessamment dans notre capitale.

L’appel lancé par le secrétaire général des Nations Unies Antonio Gutierrez en faveur d’un retour à l’ordre constitutionnel au Burkina Faso, en Guinée et au Mali, vient apporter également de l’eau au moulin des contempteurs de la junte guinéenne. Car tout ça mis bout en bout pourrait constituer un argumentaire solide, pour ceux qui pensent que la transition ne doit pas surpasser les deux ans.

Dans cette atmosphère manichéenne, des signaux faibles laissent entrevoir les risques d’une résurgence des violences, à l’allure où va le train. Où on verrait s’affronter des adeptes d’une partitocratie et une junte qui se sent investie d’une mission providentielle, en vue de remettre le pays à l’endroit.

 

 

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