La chasse aux sorcières lancée contre les présumés meneurs de la fronde anti-CNRD, et le signal d’alerte envoyé au bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI), par le FNDC, suite aux violences meurtrières enregistrées récemment à Conakry, sont loin de contribuer à une désescalade dans la crise guinéenne. Bien au contraire, car cette polarisation politique qui s’accentue au fil des jours, risque de plonger la transition dans les limbes. Réduisant de facto la marge de manœuvre du médiateur de la Cédéao, confiné à l’étroit, dans ce branle-bas de combat.
La saisine du bureau du procureur de la CPI par le Front national pour la défense de la constitution (Fndc), pour des faits de graves violations des droits humains, portés à l’encontre de 13 membres de l’organe dirigeant de la transition, aura contribué à échauffer les esprits. Car comme une réponse du berger à la bergère, la réplique du ministre de la Justice ne s’est pas fait attendre.
Et c’est de but en blanc que M. Charles Wright, le garde des sceaux, a instruit le parquet général à intenter des actions « aux fins de poursuites judiciaires pour diffamation et divulgation de fausses informations de nature à porter atteinte à la paix et à la sécurité publique et complicité de meurtre par action et par instigation contre les membres d’un groupement de fait dénommé FNDC, représenté par Sékou Koundouno et autres ».
Comme piqué au vif, le mouvement pro-démocratie n’en démord pas et continue de sonner la mobilisation, en conviant les sociétés minières à lever le pied, en observant « un moratoire sur tous les contrats miniers et toute forme de coopération économique qui implique le CNRD et son gouvernement. » Au risque d’en faire les frais, en cas de changement de régime.
De quoi faire monter la moutarde au nez de détracteurs du Front, qui accusent le mouvement d’avoir les yeux plus gros que le ventre.
Dans cette atmosphère de chienlit que l’ONG de défense des droits humains, Amnesty International vient de sonner le tocsin, contre ce qu’elle qualifie de « recours excessif à la force en réponse aux manifestations de grande ampleur dont celle qui a eu lieu le jeudi 28 et vendredi 29 juillet débouchant sur la mort de cinq personnes. » Amnesty International demande dans la même foulée « la libération immédiate et inconditionnelle des personnes arrêtées arbitrairement et l’abandon des poursuites lancées à leur encontre. »
En attendant que le médiateur désigné par la Cédéao ne regagne Conakry, pour tenter d’arrondir les angles, la polarisation politique s’accentue sur fond de paranoïa. Chaque camp y allant de ses arguments, dont certains frisent le cynisme le plus absolu.
Comme nous l’avions déjà prédit antérieurement, le Dr Yayi Boni aura du mal à arracher un modus vivendi aux protagonistes de ce « combat mortel ».