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Guinée-CNRD : 100 jours de gestes d’apaisement et d’espérance !

 5 septembre 2021-14 décembre 2021. Cela fait jour pour jour, trois mois dix jours que le colonel Mamadi Doumbouya et ses compagnons ont pris le pouvoir à la surprise de tout le monde pour s’installer au Palais des Nations (Palais rebaptisé Mohammed V). Accueillis dans la liesse populaire, les militaires gèrent le pays depuis ce 5 septembre…

Prise inattendue du pouvoir, les premiers actes forts de nominations et de libérations des prisonniers

 Rappelons que ce jour-là, les Guinéens se sont réveillés devant le fait accompli. Les éléments du Groupement des Forces Spéciales (GFS), sous la direction de leur commandant d’alors, le Colonel Mamadi Doumbouya, après avoir pénétré, au bout de quelques heures de combats, le Palais Sekhoutoureya, ont arraché manu militari l’ex-président Alpha Condé de son sommeil, l’ont arrêté. Ils sonnèrent ainsi le glas d’un règne qui aura duré deux quinquennats et un an. Si beaucoup de Guinéens étaient surpris, certains s’attendaient tout de même à un tel scénario de fin de règne. Ainsi, dans la foulée, à la mi-journée de ce 5 septembre, une déclaration du Comité Nationale de Rassemblement et du Changement lu via les réseaux sociaux puis sur les ondes des médias d’Etat par le colonel Mamady Doumbouya, le putschiste en chef, entouré de certains de ses éléments, explique à l’opinion nationale et internationale les raisons de la prise du pouvoir, rassure et fixe les grandes lignes de ce qui va se passer dans les jours suivants.  Ce colosse noir au calme olympien, coiffé du béret rouge portant l’insigne des forces spéciales, annonce dans la foulée la rédaction d’une nouvelle Constitution, la refondation de l’Etat, de la réforme du système électoral, la refonte du fichier électoral, la lutte contre la corruption et appelle ses compatriotes à l’unité nationale et à la réconciliation.

– Le lendemain, c’est-à-dire le 6 septembre, commence la nomination et l’installation de huit nouveaux Gouverneurs de régions et les trente-et-trois nouveaux préfets. Tous issus des rangs des forces de défense et de sécurité. Entre la prise du pouvoir et les premiers actes de nominations, tout va vite pour le leader de la junte qui a envie de vite tourner la page du régime Alpha Condé.  C’est ainsi comme d’ailleurs à la faveur de tout coup d’Etat, ils ouvrent les portes des bagnes et fait libérer des dizaines de prisonniers politiques qui y croupissaient depuis des mois parfois sans avoir été jugés.

Le putsch est consommé, arrivées à Conakry des premières délégations de haut niveau de la CEDEAO

 -Le 17 septembre, deux chefs d’Etat de la sous-région, Nana Akufo Addo du Ghana, alors président en exercice de la CEDEAO et Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire effectuent une visite à Conakry au nom de l’organisation ouest-africaine.

Concertations des forces vives et mise en place de la charte de la Transition

 Les jours qui suivent, le nouveau maitre du pays entreprend les concertations nationales élargies à toutes les forces vives au Palais du Peuple.  Ces concertations déboucheront sur l’élaboration de la Charte de la Transition le 27 septembre. Cette charte qui fait du colonel Mamadi Doumbouya, le président de la Transition et qui prévoit la mise en place d’un Conseil national de la transition (CNT). Celui-ci fera office de parlement et devra rédiger la prochaine constitution.

Investiture du nouveau maitre de la Guinée et le déménagement du QG de la junte au Palais Mohammed V  

– Le 1er octobre, le colonel Mamady Doumbouya est investi comme Président de la République de Guinée, président du CNRD, chef Suprême des armées. Une cérémonie suivie d’une adresse à la nation pour la commémoration de la fête de l’indépendance. Ici, le colonel Mamadi Doumbouya va profiter de ce discours à la nation pour gracier 287 autres prisonniers politiques. Depuis, le QG de la junte est transféré du palais des peuples au palais Mohammed V qui devient le nouveau palais présidentiel.

Et le vent d’un grand ménage souffla irrésistiblement sur la haute hiérarchie des forces de défense et de sécurité (vague de départs à la retraite)

-Les jours suivants connaitront la levée des barrages sur l’ensemble du territoire national et la mise à la retraite de 42 généraux, 909 militaires, 123 douaniers et 537 fonctionnaires-policiers. Du jamais vu depuis l’indépendance de la République de Guinée.

Nomination d’un Premier ministre et le réajustement à la baisse des prix du carburant

– Le 6 octobre Mohamed Béavogui est nommé Premier ministre pour former un gouvernement de 27 membres dont deux secrétaires généraux. Pour ajouter l’utile à l’agréable, un léger soulagement des populations est annoncé. Le litre du carburant à la pompe passe de 11000 à 10000 GNF, réduisant du coup les frais de transports.

Les premières représailles de la CEDEAO contre le CNRD

 Au même moment, se tient à Accra, au Ghana, le sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la CEDEAO pour suspendre la Guinée de toutes ses instances, interdire les nouvelles autorités et leurs familles de voyager dans l’espace CEDEAO. Au cours de sommet ce 7octobre, il a été désigné un facilitateur en la personne d’Ibn Chambas, pour, dit-on, résoudre la « crise » guinéenne. Le lendemain du choix de l’émissaire ouest-africain, le CNRD récuse la personne du Ghanéen Mohamed Ibn Chambas.

Mise en place du gouvernement avec la naissance du style colonel Doumbouya

 Après la mise en place du gouvernement, le mois de novembre a été consacré aux retraites des ministres et des secrétaires généraux et plus tard les chefs de cabinet dans les bases militaires des Forces Spéciales et des Commandos en attente de Samoréya respectivement à Forécariah et à Kindia. Ceci, pour dit-on, renforcer la cohésion de l’équipe et s’approprier la connaissance de la gestion des ressources publiques. Du jamais vu en République de Guinée.

Recueillements sur certaines tombes et visites chez grandes figures nationales : les germes d’une réconciliation…

 Mais bien avant ces retraites inédites, le colonel Mamadi Doumbouya et son équipe ont multiplié des actions d’apaisement et de réconciliation. C’est ainsi, qu’ils effectuèrent des visites mémorables sur les tombes des anciens présidents de la République Sékou Touré et Lansana Conté et sur celles des militaires martyrs exécutés nuitamment et sans procès au pied du Mont Kakoulima, dans la région du Dubréka. Ils se rendront ensuite chez l’ex-première Dame Andrée Touré, veuve du premier président de la République. Il y a deux jours, il restitua aux héritiers de feu président Sékou Touré, les Villas de Bellevue qui avaient été spoliées par l’Etat depuis 37 ans. Auparavant, le Colonel Doumbouya s’est recueilli au cimetière de Bambéto sur les tombes d’une centaine de victimes des répressions policières sous Alpha Condé.

Croisade contre la corruption-la mise en place de la CRIEF: l’épée d’Amoclès sur la tête des dignitaires du régime déchu

 Sur le plan économique, les nouveaux patrons du pays ont pris la décision de poursuivre tous ceux qui ont pillé les caisses de l’Etat ainsi que ceux qui se sont accaparés les logements appartenant au patrimoine bâti publique. Et pour lier l’acte à la parole, ils ont mis en place un Comité de Récupération des Biens de l’Etat et la Cour de Répression des Infractions Economiques et Financières avec bien sûr un poids juridique à l’appui. Celui du statut des magistrats. Au niveau des infrastructures, il faut préciser que tous les chantiers arrêtés sous le règne d’Alpha Condé ont repris. Des travaux du bitumage de la Route Nationale 1, Coyah-Dabola, ceux concernant l’assainissement de la ville de Conakry en passant par l’éclairage public de l’autoroute Tombo-Km 36 et de Dixinn-Dubréka, pour ne citer que ceux-là, sont en marche.

 Coup de canif dans le fichier des agents de la Fonction publique : plus de 6 mille d’entre eux mis à la retraite

 L’acte le plus marquant et qui a suscité beaucoup d’espoir chez les jeunes guinéens, c’est la mise à la retraite des vieux fonctionnaires qui trainaient jusqu’ici leur bosse dans l’administration publique. Et surtout la reprise du recensement des fonctionnaires sur toute l’étendue du territoire pour mieux tamiser et détecter tous les fictifs et rongeurs du fonds des caisses de l’Etat. Certains parmi eux ont longtemps sucé le sang et la sueur des vrais travailleurs…

Pour rassurer les Guinéens et la communauté internationale de leur volonté de préserver la paix, la quiétude et respecter le droit de l’homme, le président du CNRD, président de la République, le colonel Mamadi Doumbouya et ses compagnons, ont transféré l’ancien chef de l’Etat, Alpha Condé au domicile de son épouse, sis à Landréah, dans la commune de Dixinn.

 Et la semaine dernière, le CNRD avec à sa tête, le colonel Doumbouya ont rendu un vibrant hommage aux militaires guinéens morts dans le crash de Monrovia en 2011. Sur cette lancée de reconnaissance et de justice, il a été remis à la famille du défunt président, Ahmed Sekou Touré, les résidences de Bellevue, communément appelées cases de Bellevue

 Que retenir donc de ces cent jours passés à la tête du pays ?

Faut-il reconnaitre que pendant trois mois, dix jours, le CNRD a multiplié des gestes d’apaisement du climat politique et des tensions sociales qui couvaient dans le pays durant la dernière décennie. Cette marche inexorable vers la réconciliation est la marque indélébile du trimestre que le colonel Mamady Doumbouya et ses compagnons ont eu à faire au sommet de l’Etat.

Du social à l’économie, il n’y a qu’un pas. Septembre, octobre et décembre 2021, ces trois mois de conception au forceps et de la pose de la première pierre de la refondation d’une Guinée nouvelle et de la naissance du Guinéen Nouveau, resteront longtemps gravés dans les annales de l’histoire de ce pays.

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