Après sa rénovation, le Centre Hospitalier de Donka fait aujourd’hui peau neuve avec un plateau technique de dernière génération. Pour la gestion de cet hôpital flambant neuf avec de nouveaux équipements modernes à l’image des grands centres hospitaliers de l’occident, le gouvernement guinéen a décidé de commun accord avec les principaux bailleurs de fonds que sont la BID et le Fonds Saoudien, de faire appel à un gestionnaire privé. Ainsi, en mars dernier une convention de gestion fut signée avec un groupe Canadien expert dans le domaine. Mais hélas ! Cette décision de l’Etat vient de se heurter au refus du syndicat, pardon, refus des médecins frondeurs qui sont sortis cette semaine dans la rue pour manifester leur colère. Malgré les explications du ministre de la Santé sur les antennes des chaînes publiques, sur le bien fondé de cette concession entre l’Etat guinéen et l’entreprise Canadienne, Netsen Group, les médecins continuent à crier à la «violation », selon des textes…
Selon Mme Christine Kourouma, porte-parole des médecins contestataires du CHU de Donka, la version de la convention qui a été signée n’est pas celle qui a été soumise et analysée par la commission mise en place à cet effet. Une commission de travail composée de médecins guinéens, des cadres du ministère et des responsables de l’entreprise canadienne « …Ce que nous reprochons au processus en cours, c’est la façon dont on a fait le contrat de cette concession. Quand tu travailles pour quelqu’un il faut l’associer, surtout faire appel à tous les techniciens qui connaissent le terrain. Il faut les associer au processus. Ce qui n’a pas été fait. Aucun personnel de santé du CHU de Donka ne connaît le contenu réel de ce contrat de concession, le contenu réel du statut particulier de Donka. Après réclamation de la direction générale de l’hôpital, chez le Chef de l’Etat, pour dire que jusqu’à date, des travailleurs n’ont pas sous la main le contrat. Or ils ont exigé à ce qu’on remette le contrat pour l’amendement…Quand nous avons essayé de parcourir… le contrat, nous avons pris la tête. », dit-elle avant de continuer « …Tenez-vous bien ! Il y a quinze experts. Et chaque expert est payé à 23.000 $ (dollars US). Ils ont exigé à ce qu’on leur paye une subvention annuelle de 5 millions 770 mille dollars/an. Il n’y a pas eu d’appel à candidature pour prendre les moins-disant…C’est ça qui nous dérange. Des professeurs, qui sont chargés non seulement de consulter, pas seulement de soigner mais pour former et faire de la recherche, quand ces professeurs nationaux touchent en dessous de 5 millions de francs guinéens. Alors qu’un expert qui vient pour appuyer la gestion et apprendre à manipuler les appareils touche 23 mille dollars, c’est ça qui nous étonne. Où on va dans un pays pauvre comme la Guinée ? »
A savoir si les médecins guinéens en veulent au ministre de la Santé pour avoir cédé la gestion de l’hôpital Donka à l’entreprise canadienne, la porte-parole des frondeurs réagit que leur combat n’est pas d’en vouloir au ministre « Non, nous n’en voulons pas au ministre. Non pas du tout. Il est venu trouver une situation. Chacun de nous sait ce qui se passe dans ce pays. Aucun système ne fonctionne, même vous les journalistes le savez…On a tous souhaité la refondation, à s’embarquer dans le bateau… Mais ce n’est pas de cette manière. On gère des pandémies, des cas graves…Nous décidons de nous faire entendre par le Chef de l’Etat. Parce que cette affaire de concession avec des sommes faramineuses…est inquiétante. Et ce n’est pas des gens qui viennent avec quelque chose. Ils viennent avec leurs valises…pour se remplir des poches», se lamente-t-elle.
Du côté de Netsen Group, l’entreprise canadienne qui a eu le contrat avec l’Etat guinéen, on soutient le contraire de ce que Dame Christine Kourouma dénonce en s’époumonant sur les antennes des médias privés.
On nous apprend que le projet de Netsen Group est réalisé en collaboration avec l’Unité de Santé Internationale du Centre Hospitalier de l’Université de Montréal et CIM Conseil. Des organisations qui ont une expertise, dit-on, reconnue mondialement en activation, en gestion et en technologies hospitalières.
Ainsi, selon des informations reçues, ce contrat de gestion délégué entre Netsen Groupe et le Ministère de la Santé d’une durée de cinq ans, est réparti en deux phases : trois ans de mise en place et de gestion, deux ans pour le transfert graduel de la gestion à l’Etat. Et le transfert d’expertise commencera dès la première année de la concession. L’objectif de cette concession ? « Transformer le CHU Donka en un établissement moderne, répondant aux besoins en soins spécialisés de la population guinéenne et contribuant au développement des missions d’enseignement et de recherche », apprend-t-on.
Aux dires des responsables de Netsen Group, cette concession que leur entreprise vient de signer avec l’Etat guinéen va permettre au CHU d’accentuer la formation et le transfert d’expertise au personnel guinéen pour préparer la relève, d’humaniser et d’améliorer la qualité des soins, de digitaliser toutes les fonctions de l’hôpital avec la mise en place du dossier patient électronique et la collecte des données en vue de la mise en place futur de la CMU, d’augmenter et sécuriser des recettes de l’hôpital en vue d’une réduction substantielle de la subvention de l’Etat. Et ce n’est pas tout ! Cette entreprise canadienne promet, avec son expertise, réduire voir l’arrêt des évacuations sanitaires pour toutes les spécialités offertes par le CHU de Donka, améliorer des conditions de vie et de travail des employés de l’hôpital, le maintien des équipements et des infrastructures dans un meilleur état, renforcer la coopération canadienne par l’ouverture d’un pont d’échanges d’experts ainsi que l’accueil des médecins et spécialistes guinéens en immersion dans les CHU au Canada sans oublier l’envoi des spécialistes en formation au Canada et la délocalisation des formations canadiennes diplômant es en Guinée.
Ce sont là entre autres, les avantages que peuvent avoir le CHU de Donka au cas où la convention du Netsen Group est acceptée et mise en application. Malheureusement, cela est loin de convaincre l’équipe de Me Christine Kourouma qui crie sur les toits que le ministre Pètè Diallo a « vendu le CHU de Donka à ses amis Canadiens », alors que cela est loin d’être le cas. Et d’ailleurs tout le monde ce qui se passe lorsqu’on confie la gestion d’une institution aux nationaux. Le cas de la défunte SOGETRAG, de la SOGEL et d’autres sociétés comme la SOTELGUI etc. Les autorités guinéennes vont-elles céder aux agitations des médecins frondeurs ?