En conférence de presse ce vendredi, le président du PADES Dr Ousmane Kaba a dressé un bilan obscur de la gouvernance d’Alpha Condé, durant ses 9 ans passés à la tête du pays. Du secteur minier, à l’éducation, en passant par les infrastructures routières et l’électricité, Dr Ousmane Kaba a peint un tableau noir de la gestion de son ancien allié. Votre quotidien électronique Guinéenews a choisi pour vous quelques extraits à lire ci-dessous.
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« Nous ne sommes pas satisfaits de la gouvernance actuelle. D’abord pour faire un bilan, il faut mettre les réalisations en face des objectifs. Alors, parlant d’économie, nous avons deux objectifs majeurs des politiques économiques: sortir les hommes et les femmes de la pauvreté et de l’emploi. Il y a d’autres objectifs qui s’ajoutent à savoir l’équilibre et la balance des paiements. Mais on va se concentrer sur les choses les plus simples, parce que l’objet de l’économie est d’améliorer le niveau de vie des gens. Est-ce que nous sommes sortis de la pauvreté depuis 9 ans ? Ma réponse est non. La Guinée est l’un des pays les plus pauvres de la planète malgré nos ressources. La majorité des jeunes sont encore au chômage. Maintenant, prenons les grands secteurs de l’économie, dans le domaine des infrastructures, le gouvernement a dépensé beaucoup d’argent, on nous a parlé de trois milliards dans les routes, mais regardez leur état, ils ne sont même pas capables d’avoir une bonne route de Conakry à Kindia, distante de moins de 150 km. Où est parti cet argent ?
S’agissant de l’électricité, il y eu beaucoup d’investissements. Je dois reconnaître qu’il y a eu des efforts puisqu’ils ont construit deux barrages. Mais malheureusement les résultats ne sont pas au rendez-vous car les délestages sont quotidiens (…). Ça fait des années que nous réclamons un mini barrage en forêt et un autre en haute guinée, mais impossible, alors que ces deux régions font 60% de la Guinée.
Le secteur agricole est très important, parce qu’il occupe l’essentiel de la population guinéenne qui est en majorité, agro pastorale. L’agriculture a deux objectifs économique : l’autosuffisance alimentaire et le deuxième objectif c’est gagner beaucoup d’argent dans les exportations. Aujourd’hui après 9 ans, la Guinée est-elle auto-suffisante ? Est-ce qu’elle a pu booster les exportations pour faire rentrer l’argent ? La réponse est non !
En ce qui concerne le secteur minier, on a exporté énormément de bauxite, on est passé à peu près de 15 millions de tonnes à près de 70 millions de tonnes, mais où sont les résultats financiers ? Quand on veut chercher les impacts de l’exportation minière sur un pays, on s’intéresse à un certain nombre de choses, telle que la contribution fiscale. Est-ce que l’exportation des mines en Guinée permet au gouvernement de gagner beaucoup d’argent pour financer les routes, les écoles, les hôpitaux etc ? La réponse est manifestation non !
« Les mines, un nid de corruption extraordinaire »
« En fait c’est devenu un nid de corruption extraordinaire. En plus, ce secteur ne crée pas beaucoup d’emplois pour les jeunes guinéens. Ceci, parce qu’on exporte la bauxite à l’état brut dans d’autres pays où il y a des usines, et ce sont ces usines qui créent l’emploi. C’est pourquoi, à chaque fois que je vois un camion de bauxite aller au port, je me dis c’est le travail des jeunes guinéens qu’on est en train d’exporter. Et pendant ce temps on déplace des villages, des cours d’eau disparaissent, les terres cultivables sont en train de disparaître, sans compter le couvert végétal qui va avec, l’élevage devient difficile et les populations sont en train d’inhaler cette poussière en longueur de journée avec toutes les conséquences sanitaires. Donc les dégâts environnementaux sont énormes. On dégrade la nature, on vend tout et c’est une frange de la population qui en bénéficie. »
« Peu d’effort fourni dans l’éducation avec 13% du budget national »
L’autre volet abordé dans ce réquisitoire du président du Pades, est l’éducation, qu’il trouve très mal en point.
« Dans le domaine de l’éducation il y a deux vertus que nous devons sauvegarder : nous devons moderniser notre éducation pour accélérer la communication avec le reste du monde, et aussi nous devons professionnaliser notre éducation pour faire l’adéquation avec le monde du travail. Ceci dit, l’Etat guinéen ne fait pas assez d’efforts, la Guinée ne dépense que 13% de son budget dans l’éducation tout cycle confondu. Les pays qui nous entourent par exemple, comme le Sénégal, le Mali, la Cote d’ivoire… dépensent en moyenne 40 % de leurs budgets. Ça veut dire que l’éducation n’est pas notre priorité. Comment nous allons préparer l’avenir de nos enfants, si on ne fait pas de l’éducation, notre priorité. Un pays où l’élite envoie sa famille pour se former et se soigner à l’extérieur, ce pays ne peut considérer l’éducation et la santé comme une priorité », a-t-il conclu.