Le président de la République, Alpha Condé, était ce dimanche 28 mars 2021 à Tormélin située à une trentaine de kilomètres de la commune urbaine de Fria. Cette visite s’inscrivait dans le cadre des accords de l’aménagement d’un projet agricole des terres cultivables de plus de 200 hectares, signé il y a 3 ans entre l’Etat marocain et la Guinée.
Covid-19 et non respect des gestes barrières
A l’entame, le chef de l’Etat dit avoir constaté quelque chose qui ne lui a pas fait plaisir : “ (…) je vais vous dire que j’ai constaté quelque chose qui ne me fait pas plaisir. Vous ne portez pas de masques. Vous ne respectez pas la distanciation. Les bars et boîtes de nuit sont ouverts alors que vous savez que nous avons interdit cela. Vous, adultes, ne devez pas négliger cette maladie puisque depuis que vous êtes nés, c’est la première fois que vous avez vu que les musulmans n’ont pas effectué le pèlerinage à la Mecque. À cause de cette maladie plusieurs d’entre vous n’ont pas été à la Mecque. Pourquoi vous la négliger ? Nous étions les premiers au monde dans le cadre de la gestion de cette maladie avec 97% de taux de guérison, Mais depuis que nous avons allégé les mesures, vous avez exagéré. Aujourd’hui vous allez dans les cérémonies sans masques. Nous avons demandé la fermeture des bars et boîtes de nuit, vous n’avez pas fermé. Alors si vous ne les fermez pas, nous allons les fermer de force parce que je ne veux pas que cette maladie perdure dans notre pays. Il faut que la Guinée avance. C’est ce que je voulais vous faire savoir avant de vous dire les raisons de ma présence ici.”
Après cette brève intervention, le président Alpha Condé est revenu sur les raisons de sa visite dans cette localité :
“Nous avions demandé de l’aide aux Marocains parce que nous Guinéens, nous ne devons pas importer du riz. Au contraire, c’est nous qui devons exporter, ravitailler certains pays. C’est pourquoi, nous avions dit aux Marocains de faire 200 hectares ici. Mais les femmes seules ne peuvent pas travailler sur ces 200 hectares. Nous allons les aider, nous allons leur octroyer 20 hectares et nous, nous allons exploiter les 180 hectares afin que Fria ravitaille Conakry en produits issus de la culture maraîchère.
Si nous exploitons ces 200 hectares, Conakry qui est proche de Fria sera ravitaillé et Fria aura de l’argent. Les prix seront abordables. Nous allons mettre 20 hectares à la disposition des femmes mais nous n’avons pas de bons engrais. Nous avons commandé de l’engrais en Israël et au Maroc parce qu’eux piment ou une tomate de chez eux, font quatre de chez nous. Nous attendons ces engrais pour les mettre à la disposition des femmes pour les 20 hectares et le gouvernement va s’occuper des 180 hectares.”
Carbuant et cherté de la vie
“Aujourd’hui le monde entier est affecté par cette maladie (Covid-19). Tous les pays limitrophes ont augmenté les prix de carburant. Au Sénégal, le litre est vendu à 13000 GNF contre 14 000 GNF en Côte d’Ivoire. Nous nous sommes à 9000 GNF. Le gouvernement a demandé une augmentation mais puisque le ramadan est proche, j’ai demandé à attendre la fin du mois pour alléger les souffrances des populations en cette période de pénitence car si nous augmentons, les prix vont augmenter sur le marché. Donc, après le ramadan nous allons augmenter le prix du carburant. Mais nous allons prendre des dispositions contre ceux qui prendront des citernes en Guinée pour aller vendre notre pétrole dans les autres pays. Que les gens ne vous mentent pas, nous n’avons rien augmenté, nous n’avons pas augmenté les taxes. La vérité est que nous avons mis fin à la fraude qu’ils faisaient avant.
Aujourd’hui nous avons un guichet unique de commerce. Quand ils achètent les produits ailleurs, nous sommes au courant des factures qu’on leur délivre. Avant s’ils achètent un produit à 100 0000 dollars, ils viennent nous présenter des factures de 300 000 dollars. Mais maintenant cela n’est plus possible grâce à la mise en place du guichet unique de commerce. En Guinée, si nous gérons bien l’argent que nous gaspillons en ce moment, on n’aurait pas besoin d’aide extérieure”.
Trois élections sans aide extérieure
Le président de la république se glorifie d’avoir organisé trois élections sans l’aide extérieure : “ Nous avons fait ici trois élections sans l’aide de quelqu’un. Pourquoi nous n’allons pas bien gérer notre avoir sans demander aux autres. Je vais lutter contre la corruption dans ce pays. Les impôts et les douanes ne verront plus l’argent. Cet argent ira à la banque centrale, même à la loterie, vous payerez via monnaie électronique. Si tout cet argent qu’on détournait entre dans nos caisses, nous n’allons pas avoir besoin du Fonds Monétaire International qui pour un prêt qui s’étend sur trente ans, nous facture 1,5%. C’est trop ! Si nous doublons nos ressources, personne ne nous dictera ses principes. Beaucoup ne voulaient pas qu’on aille aux élections mais vous ne savez pas le complot qui était formé contre la Guinée, si je vous le dis, vous allez tous fuir ce pays.”
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Dakar, le bastion des complots contre la Guinée
Piqué au vif par la mobilisation populaire, Alpha Condé vilipende le Sénégal -autrefois un pays qui lui a extripé des griffes du régime de Conakry- devenu incognito, un pays ennemi.
A Tormélin, il attaque le pays de Macky Sall : “Dieu est grand ! Ils avaient dit que la Guinée allait brûler mais rien n’en est aujourd’hui et nous voilà aujourd’hui dans un pays calme. Puisque Dieu ne dort pas. Vous avez vu ce qui se passe chez ceux qui souhaitent voir notre pays brûlé. Moi, je ne suis contre personne. Depuis que je suis président, je n’ai jamais accepté qu’un opposant vienne calomnier un président et son gouvernement chez moi. Tout le monde sait que tous ceux qui nous insultent, tous les complots se font à Dakar mais Dieu est grand. Moi je me bats pour que la Guinée aille de l’avant. J’ai dit dans le journal Jeune Afrique que s’il plaît à Dieu, dans quelques années, seul le Nigéria sera devant nous en Afrique de l’Ouest. Cela ne fait pas plaisir à certaines personnes qui ne souhaitent pas nous voir avancer mais nous avancerons.”
L’agriculture, le futur pilier de développement de la Guinée
Le Chef de l’Etat Alpha Condé a promis de mettre l’accent sur l’agriculture pour le décollage économique de la Guinée :
“D’abord, nous allons mettre l’accent sur l’agriculture. J‘ai demandé à tous les ministres de faire l’agriculture. Moi, l’année dernière, j’ai cultivé 1 450 hectares de riz. Cette fois–ci, je ferai 10 000 hectares parce qu’ailleurs, nous achetons en dollars. C’est ce qui fait que si la devise monte, les prix augmentent chez nous. Cette fois-ci, nous allons tous souffrir à cause des impacts de la maladie. Mais si nous sommes prêts, nous avons à manger chez nous. Nous n’allons pas avoir besoin d’importer à des prix exorbitants. Donc, après l’aménagement de ces 200 hectares, nous allons aider les femmes et Fria sera le grenier de Conakry”.
Le changement de mentalité obligatoire pour avancer
Même s’il pose peu d’actes allant dans le sens de l’unité, Alpha Condé sait bien que le développement exige l’unité nationale. Défi qu’il est confronté depuis son arrivée au pouvoir. A Tormélin, il a annoncé une “une révolution culturelle” bon gré mal gré.
“Il faut que le Guinéen change. Nous allons faire une révolution culturelle. Que vous le voulez ou pas, il faut que vous changiez. (…) Que la lâcheté finisse ! Que nous nous aimons, que nous acceptons de travailler parce qu’un pays ne peut pas avancer sans le travail. Changeons de mentalité ! le Guinéen ne souhaite pas le bonheur pour son prochain alors que si ton voisin a un véhicule, si ton enfant tombe malade, il peut mettre son véhicule à ta disposition pour sauver ton enfant. Changeons, il faut qu’on change, il faut qu’on accepte cela.”
La ponctualité dans l’administration publique, une réalité
Récemment, Alpha Condé s’est rendu da façon inopinée dans plusieurs départements. Il a constaté des retards et des absences. Depuis, il a instruit à ses ministres de faire un contrôle systématique dans leurs départements respectifs sur les présences.
A Fria, le président de la République l’a rappelé : “les fonctionnaires n’allaient dans les services que pour prendre leurs salaires mais aujourd’hui à huit heures moins cinq, je suis devant les départements, le soir à 16 heures je retourne voir. À ce niveau, la magouille est terminée. Je connais tous les propriétaires d’immeubles à Conakry, je pouvais demander à les poursuivre mais j’ai mis ça au compte du passé. Mais à partir de maintenant quiconque touche à l’argent du gouvernement, au nom de Dieu, je le poursuivrai, il ira en prison. Nous allons contrôler les banques, les sociétés de téléphonie où il y a beaucoup de vol. Aucun blanc, aucun minier ne nous volera maintenant. Je suis au courant de ce qui se passe à Fria. J’en ai parlé avec le ministre russe”.