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Francophonie : le tournant d’Erevan

Quand en 2014, Michaël Jean a été choisie par François Hollande à la surprise générale des chefs d’Etat africain et en particulier de Pierre Buyoya, de Henri Lopes, tous dans le starting-block, on n’a pas entendu trop ronchonner que : « C’est très sexy !». Le président français avait trouvé la solution médiane pour séparer et calmer cette course engagée à trois pour remplacer Abdou Diouf. Certains avaient pensé tout bas que c’était un parachutage de luxe. (Crédit-photo: RFI)

En 2018, au nom de la Realpolitik, au nom des raisons d’Etat, puisqu’il y en a deux (de la France et du Canada ont des motivations différentes), Michaël Jean est larguée avec toutes ses convictions et ses conceptions trop idéalistes de la Francophonie.

Lisez-la dans sa fougue échevelée, in extenso : «messieurs les chefs d’Etat et de gouvernement, (c’est) sous votre impulsion que la Francophonie, au file de ces quelques cinquante ans, a renforcé ou élargi ses missions. C’est sous votre impulsion que la Francophonie s’est affirmée comme une Francophonie politique et diplomatique toujours sollicitée par ses pays membres, mais aussi toujours entendue et attendue par ses partenaires internationaux. C’est sous votre impulsion  aussi que nous-nous sommes dotés de textes normatifs et de référence exigeants sur la pratique de la démocratie, des droits et des libertés dans l’espace francophone, ainsi que sur la prévention des conflits et la sécurité humaine. C’est en cela que le bilan de mon mandat, que je vous présenterai, est aussi votre bilan. De quel côté de l’histoire nous voulons être ? Sommes- nous prêts à accepter que les organisations internationales soient utilisées à des fins partisanes, alors que nous avons besoin comme jamais de nous unir dans un multilatéralisme rénové et volontaire pour trouver des réponses et solutions transnationales à des menaces et des défis désormais transnationaux ? Sommes-nous prêts à accepter que la démocratie, les droits et les libertés soient réduits à de simples mots que l’on vide de leur sens au nom de la Realpolitik, de petits arrangements entre Etats, ou d’intérêts particuliers ? »

Un réquisitoire qui met dans les petits souliers tous ceux auxquels elle a lancé sa diatribe. Certains trouvent qu’elle a trop d’idéal, qu’elle est plus royaliste que les rois sans conviction. Rien n’est plus vrai. D’ailleurs, Emmanuel Macron lui avait dit de ne rien lâcher. Il est bien servi, puisque pour jouer les bêcheuses elle a fait la vraie carabosse.

 Seulement, on  aurait souhaité que Michaël Jean ne déverse pas sa bile à cette vitesse, elle aurait dû caresser les mots de ses idées fortes avec lenteur pour instiller sa diatribe, mais à cette allure TGV, tout le monde n’a pas eu sa dose, à supposer que tout le monde était dans la mesure du discours.

Mais ce réquisitoire aura pour effet de donner un autre tournant à la Francophonie et un autre élan à Louise Mushikiwabo. Va-t-elle hurler avec les loups ou va-t-elle mettre les pieds dans le plat pour faire l’histoire comme Michaël Jean, elle qui est aussi parachutée, comme l’autre le fut ?

Rien ne sera plus comme avant.

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