A l’annonce de l’adoption du projet de l’Agence de financement des communes de Conakry (AFICCON) par le gouvernement, Guineenews a initié des entretiens (audiovisuels) avec les maires des cinq communes de Conakry. L’objectif, est d’informer l’opinion sur l’ambition et la vision des chefs des exécutifs communaux quant à l’utilisation des fonds annoncés. Parmi ceux qui ont donné suite à notre démarche, il y a Mamadouba Tos Camara, le maire de Matoto. Dans cet entretien qui suit, Tos Camara livre ses sentiments par rapport à cette initiative, parle des défis ainsi que des perspectives pour sa commune. Lisez :
Guineenews.org : le gouvernement, à travers le dernier conseil des ministres a adopté le projet de l’Agence de financement des communes de Conakry. En premier lieu, nous allons demander votre réaction ?
Mamadouba Tos Camara : cette annonce est pour nous une immense joie. Et nous ne sommes pas surpris dans la mesure où depuis l’accession au pouvoir du président de la République, il ne cesse de prendre des belles initiatives. D’où la création de l’Anafic (agence national de financement des collectivités) qui est un instrument de développement de nos communes rurales et urbaines. Si dans la même logique on crée une nouvelle agence pour appuyer les communes de la zone spéciale de Conakry. Pour moi, en tant qu’autorité communale, c’est de saluer l’acte avec une grande satisfaction et attendre la mise en œuvre, afin que nos communes puissent changer de visage…
Guineenews.org : vous l’avez dit, la joie est immense et vous n’êtes pas surpris. Mais l’attente est également importante au niveau des populations. Est-ce que de ce point de vue, vous ne risquez pas d’être surpris ?
Mamadouba Tos Camara : … je ne suis pas surpris, j’aime à le dire… le développement ce n’est pas à l’Etat seulement. Dans la mesure où les communes sont autonomes. Il suffit seulement de nous renforcer dans notre gestion afin que nous puissions apporter un soutien à nos citoyens. Nous, nous venons d’être installés, ça fait un an et quarte mois. Période pendant laquelle, nous avons apporté un changement qualitatif, mais pas totalement quantitatif, vu l’étendue de la commune. Mais le peu de temps que nous sommes en train de faire, on a eu à réaliser quelques forages. On a essayé de changer la commune en termes d’insalubrité. Vous savez comme moi, c’était la commune la plus insalubre où toutes les artères principales étaient devenues des points de regroupement des ordures. Mais aujourd’hui, le fait que nous sommes intéressés à dégager ces points noirs, il y a une certaine propreté. Il n’y a pas plus tard qu’hier le grand tas au niveau d’Entag, a été complètement dégagé. Ça a surpris les gens mais il faut avoir la volonté. Donc si l’Etat nous vient en appui, plus la volonté que nous avons, je pense qu’on va apporter un grand changement dans notre commune.
Guineenews.org : monsieur le maire, vous avez eu à réaliser des actions au bénéfice des populations. Pour autant, vous avez été confronté à des difficultés, notamment en ce qui concerne l’insalubrité. C’est la saison pluvieuse qui s’annonce. Tout cela mis ensemble, est ce qu’il y a quelque chose de concret prévu en prélude au financement qui est annoncé ?
Mamadouba Tos Camara : c’est toujours notre cri de cœur. Mais il ne faut pas attendre le financement sans être proactif aussi sur le terrain parce que comme j’aime le dire, la pluie n’a pas de rendez-vous… Mais nous avons déjà mis en place une équipe, en synergie avec la direction communale. La semaine passée on était avec le ministre de la Ville. C’était pour prendre les dispositions pour que les points critiques susceptibles de connaitre des inondations puissent être dégagés. Avec le gouvernorat et les collectivités, ce travail est en cours. Le lundi prochain, la commission en charge de l’environnement et de cadastre de l’urbanisme, en synergie avec la direction communale vont sensibiliser les citoyens à se débarrasser de ces constructions anarchiques. Avant que les dispositions soient prises pour les dégager complètement. Je pense qu’il faut anticiper avec ces dispositions pour éviter le pire constaté l’année passée à Dabondy III. Aujourd’hui, c’est la volonté manifeste de l’autorité communale. Quel que soit le citoyen, s’il vient occuper un espace public de sorte de porter préjudice à d’autres citoyens, des dispositions sont prises. Ça c’est un premier aspect. Le second concerne la sensibilisation au niveau des citoyens. On accuse l’État mais on oublie que nous sommes les premiers à causer les drames parce que pendant la saison pluvieuse, les gens n’attendent que la tombée de la pluie pour jeter les ordures dans les caniveaux. Oubliant que celui qui jette ces ordures s’en débarrasse mais qu’il crée des problèmes ailleurs. Donc il faut les sensibiliser, afin qu’ils comprennent que ces actes inciviques ne peuvent pas contribuer au développement de nos communautés…
Guineenews.org : il y a l’insalubrité, la sécurité et puis l’emploi jeunes et femmes qui sont évoqués dans le projet adopté par le gouvernement. Qu’est-ce que les populations de Matoto peuvent attendre de ce financement ?
Mamadouba Tos Camara : j’ai anticipé déjà. J’ai mis une police communale au niveau d’Entag malgré que nous n’ayons pas les moyens de l’équiper. Toujours c’est une façon de montrer qu’il ne faut pas attendre les moyens pour agir. On attend l’argent. C’est annoncé. Mais est-ce qu’il faut attendre que ça vienne pour agir ? Le fait de se mettre à la tâche, ça nous facilite les choses… Donc actuellement, cette police communale est à pied d’œuvre au niveau d’Entag, pour empêcher que les gens viennent déverser des ordures là où ils ne doivent pas. Deuxièmement, apporter le soutien au service de sécurité pour empêcher nos mamans qui dépassent les murettes, de venir s’exposer au danger. Je pense que c’est des acquis… Et en ce qui concerne l’employabilité des jeunes, c’est le souci majeur de toutes les autorités. Mais avant, il faut penser aussi à la formation. C’est pourquoi, actuellement on a essayé d’organiser les jeunes dans chaque quartier. Afin qu’avec des personnes ressources, les jours à venir, on puisse les outiller en techniques de montage de projets et en entrepreneuriat jeune. Parce qu’il ne faut pas terminer les études et dire qu’il faut forcément être employé par l’Etat. Moi qui suis en face de vous, quand j’ai fini mes études, je n’ai pas pensé à l’administration publique. J’ai commencé au privé. Mais aujourd’hui je suis à un poste politico-administratif. Je pense que c’est un problème de vision et d’objectif. Nous avons tous ces dossiers sur la table. Mais c’est un manque de moyens. Seulement il faut anticiper avant d’avoir les moyens.
Guineenews.org : en attendant les moyens, monsieur le marie, en termes d’ambition, est-ce que vous avez une idée sur le nombre d’entreprises que vous souhaiteriez voir créer dans le cadre de cette dynamique d’incitations des jeunes et des femmes à l’entrepreneuriat ?
Mamadouba Tos Camara : pour le moment je ne peux pas vous le dire parce que j’ai mon DMR qui a les données statistiques. Mais qu’à cela ne tienne, nous allons favoriser non seulement la création des petites et moyennes entreprises à un coût qui ne va pas nous déborder dès qu’on a les moyens. Ajouter à cela, l’autonomisation des femmes pour les activités maraichères…
Guineenews.org : votre mot de fin ?
Mamadouba Tos Camara : vous le savez, nous vivons une période pandémique avec une situation où l’économie est en berne et chacun est confiné. Ce qui joue sur le développement du pays. Donc je lance un appel à l’ensemble des citoyens Guinéens, particulièrement ceux de la commune de Matoto pour le respect des mesures barrières. Et j’insiste pour que le port des masques soit systématique pour qu’on puisse se débarrasser de cette maladie. Je félicite le président de la République et le corps médical qui ne cessent de faire des efforts pour qu’on puisse en finir avec cette maladie.
Entretien réalisé par Thierno Souleymane Diallo