Prévisible depuis des mois, le report de la célébration tournante de la fête de l’indépendance à Kindia est désormais acté. La faute surtout au retard dans la réalisation des infrastructures. Reportage !
Vers midi, soit près de trois heures après la conversation de ses collaborateurs, le maire Mamadouba Bangoura arrive. Quand on se présente à lui, sa première réponse sera : « eh ! Vous les journalistes, vous êtes vraiment embêtants ». Il se dirige d’abord vers le chantier d’à côté, financé par l’ANAFIC, salue les ouvriers et donne des consignes par rapport au travail. Il ne nous recevra dans son bureau qu’après cette visite du chantier.
Comment Kindia prépare la fête de l’indépendance ?
Une communication hésitante, cafouilleuse des autorités locales
En tout cas, comparé à ses précédentes déclarations à la radio, le maire est prudent. L’autorité municipale maintient quand même l’évidence en disant que « beaucoup d’infrastructures manquent ».
Projets additionnels
« Je ne sais pas si vous êtes informés, mais il paraît que la fête est reportée pour l’année prochaine », nous a répliqué N’fa Moussa Soumah, représentant de la Sonapi à Kindia, alors qu’il répondait à une de nos questions sur les chantiers des infrastructures. Dans la suite de notre entretien téléphonique, Soumah dira, cette fois avec assurance, que « la fête a été reportée à la demande des natifs de Kindia, qui se sont réunis pour demander au Premier ministre de leur accorder beaucoup plus de projets comme à Kankan et à N’Zérékoré ».
Soumah indique qu’il y a eu des projets additionnels. Pour l’instant, a-t-il lui-même indiqué, le représentant de la Sonapi gère neuf projets de construction d’infrastructures. Parmi ceux-ci, la gendarmerie régionale, la gendarmerie préfectorale, la sûreté, le commissariat, la résidence du commandant de la gendarmerie régionale, la résidence du commandant de la gendarmerie préfectorale.
Avis divergents au sein des populations sur l’état d’évolution des chantiers
Pour sa part, le chef de cabinet du gouvernorat de Kindia Mamadou Ditinn Diallo se méfie de confirmer ou infirmer le report de la fête. « Nous sommes au début des activités. Nous ne sommes qu’à un premier jet en ce qui concerne la construction des infrastructures des services de sécurité… », précise-t-il.
Pour plusieurs Kindiakas interrogés par Guinéenews, le report des festivités était bien prévisible. Au quartier Kénéndé, Yamoussa Sylla rappelle que l’organisation de la fête à Kindia avait été annoncée par le Président Alpha Condé en janvier 2018, à Kankan. Mais, poursuit-il, le président n’a lancé les travaux des infrastructures qu’au mois de mai 2019. « Pourquoi attendre tout ce moment si on veut vraiment faire quelque chose de sérieux », s’interroge-t-il. Comme Sylla, Fana Bangoura estime que le gouvernement n’était vraiment pas prêt pour la fête à Kindia en 2019.
« Regarder les constructions dans les autres régions, tout est en béton. A Kindia, on construit avec des briques en terre cuite. Pour moi, cela montre que Kindia est un peu défavorisé par rapport aux autres régions », estime pour sa part Morlaye Camara.
D’autres citoyens de la ville croient quand même qu’il était mieux de reporter les festivités pour mieux doter la région administrative de Kindia de plusieurs infrastructures. « Nous ne devons pas seulement voir l’aspect festif. Vu que les besoins de la Guinée ne se résument pas à Kindia seul, il faut se donner le temps qu’il faut pour doter les préfectures de Kindia d’infrastructures », analyse Mohamed Lamine Kéita.
Pour ou contre, le gouvernement a décidé. La fête aura lieu en 2020. C’est le ministre de l’administration du territoire et de la Décentralisation, général Bouréma Condé qui l’a annoncé lundi à la télévision nationale.