Ce mardi 2 mai 2023, le tribunal correctionnel de Faranah a rendu son verdict dans le procès d’un féticheur et certains citoyens du district de Morciramoribaya, dans la sous-préfecture de Beindou. Une affaire qui remonte à septembre 2022 et qui a donné lieu à la comparution d’Alassane Kéita alias »Sabou », pour des faits de « charlatanisme, de séquestration, de mariage précoce et de traite d’être humain ».
Des faits qui sont prévus et punis par les dispositions des articles 704, 268, 303 et 309 du code pénal guinéen.
Âgé de 28 ans, le prévenu a été interpellé par le tribunal à la date du 8 novembre 2022. Pour l’historique des faits, c’est sur invitation de certains citoyens du district de Morciramoribaya avec un montant de trois millions de fg que ce féticheur aurait été invité pour éradiquer la sorcellerie dans leur localité. Dès son arrivée, automatiquement, un groupe de sept filles a été constitué par les villageois pour assurer son protocole.
Dans ce rituel de recherche des fétiches utilisés dans la sorcellerie, l’unique mosquée du village a été prise pour cible par le jeune féticheur, jusqu’à interrompre la prière des fidèles. C’est ainsi qu’un fétiche fut déniché dans le Mihrab où l’imam dirigeait la prière devant les fidèles. Ce qui avait irrité la colère de certains citoyens qui avaient porté plainte contre le prévenu à la justice de Faranah. Pour des faits de viol, entre autres.
Au début, il y a eu plusieurs chefs d’inculpation pour lesquels monsieur Alassane Keita était poursuivi. Mais au niveau du parquet d’instruction, le juge d’instruction a procédé à la requalification des faits.
Après plusieurs mois d’investigation, il s’est établi effectivement qu’il n’y avait pas eu viol. Il n’y a pas eu de relations non consenties entre la personne mise en cause, le prévenu Alassane et les filles qui constituaient son protocole moins un mariage forcé au cours de ses activités, a fait savoir le substitut du procureur près le tribunal de première instance de Faranah, Mohamed Aly Condé.
C’est pourquoi le tribunal, statuant publiquement et contradictoirement en matière correctionnelle et en premier ressort, après en avoir délibéré conformément à la loi, sur l’action publique : déclare Alassane Kéita alias »Sabou » coupable de « mariage précoce, de traite d’être humain et de charlatanisme. »
Pour la répression : « en application des dispositions des articles 135, 136, 319, 320, 323 et 704 du code pénal condamne Alassane Keita dit Sabou à trois ans d’emprisonnement dont deux ans et six mois assortis de sursis et une amende de deux millions de francs guinéens. Sur l’action civile reçoit la constitution de partie civile. Le tribunal a constaté que les parties civiles n’ont pas formulé de prétentions particulières à part demander l’application de la loi. Condamne enfin Alassane Kéita aux frais et dépens envers l’État. »
Faut-il rappeler que si le mariage précoce est interdit dans la loi guinéenne, le mariage du prévenu féticheur Alassane Kéita avec une des mineures qui constituaient son protocole est possible d’être attaqué par la loi.