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Faranah : Le fleuve Niger en péril (constats)

Ensablement du fleuve Niger à Faranah

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Long de 4200 Km et traversant neuf pays de l’Afrique de l’Ouest, le fleuve Niger est-il en train de vivre ses dernières années d’existence ?  En tout cas, si rien n’est fait, son avenir est incertain. Les fabricants de briques constituent les premiers bourreaux du fleuve et ont contribué à déformer les berges

Faut-il attendre sa mort définitive pour le regretter à jamais ? Le fleuve Niger qui est à la fois une identité guinéenne et africaine est en train de disparaître dans son amont à petit feu au su et au vu de tout le monde alors qu’il traverse de nombreux pays de la sous-région avant de se jeter dans l’Atlantique.

Il est temps sauver ce patrimoine national offert par dame belle nature qui favorise des activités génératrices de revenus telles que l’agriculture, la pêche, l’élevage, la navigation, le jardinage à des dizaines de millions de populations à travers l’Afrique.

Aujourd’hui, il faut dire que si rien n’est fait, ce bijou naturel risque de tarir à jamais si rien n’est fait à cause des activtés de l’homme.

Les images parlent mieux que les mots, dit-on. Regardons mieux le fleuve Niger à travers les images, pour mieux apprécier son état de dégradation avancée.

Depuis des décennies, le fleuve Niger est menacé de disparition par les actions anthropiques de l’homme. Le constat révèle qu’il présente un état de dégradation très poussé et alarmant dû notamment aux actions néfastes de l’homme.

Cela par le fait ‘’du déboisement le long des galeries forestières, la confection des briques à terre stabilisée (BTS) le long des berges. Ces fabricants de briques constituent les premiers bourreaux du fleuve et ont contribué à déformer les berges, le déboisement au niveau des versants causant ainsi l’ensablement et la sédimentation du fleuve, et le dépôt d’ordures le long des plaines par les populations.’’

À cela, s’ajoutent la construction anarchique des bâtiments à usage d’habitation et la réalisation des champs agricoles sur les rives du fleuve Niger.

Sans oublier que ce fleuve est devenu un dépotoir public d’ordures devant les autorités à tous les niveaux sans aucune mesure prise contre ces ennemis de l’environnement. Dès qu’il pleut, les eaux de ruissellement emportent ces déchets dans le fleuve causant une pollution des eaux mettant ainsi en danger la vie aquatique et la santé de l’homme.

Il y a aussi l’exploitation anarchique du lit par les camions benne pour le sable. Ces actions citées ci-haut sont des facteurs contribuant à la dégradation  à longueur de journée du fleuve Niger qui alimente pourtant les populations de neuf pays de l’Afrique de l’Ouest, avant de jeter dans l’océan Atlantique. Il faut des mesures urgentes pour inverser cette tendance, afin de sauver le Niger avant qu’il ne soit trop tard, car le Niger a une longueur de 4 200 km.

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Autrefois, le fleuve était une perle. En témoigne cette riveraine, Rokiatou Konaté : “Il y a une très grande différence entre l’image du fleuve Niger d’hier et celle d’aujourd’hui. On ne faisait pas de linge ni se baigner dedans. Ce fleuve était très propre et entouré d’une grande forêt qu’on n’osait pas traverser au temps du régime d’Ahmed Sékou Touré. Dans cette forêt, seuls les artistes qui faisaient des répétitions comme Feu Kerfala Kanté par exemple.  Il n’y avait pas d’habitation aux alentours ni les cultures comme on les voit maintenant. C’est cette forêt plantée par Ahmed Sékou Touré qui bloquait les vents violents et les maladies. Aujourd’hui, nous sommes inquiets car c’est devenu un dépotoir public. Les gens ont détruit ces forêts au profit des cultures maraîchères. Les autorités d’alors n’offraient pas ces alentours aux citoyens pour habitation, mais finalement, les gens ont commencé par faire des attaches de Kola pour obtenir des portions de terres pour usage d’habitation. On n’osait pas se baigner dans ce fleuve à cause de sa profondeur.”

Interrogé à cet effet, le président du comité Niger source et président de la coordination nationale des ressources naturelles du Bassin du Niger, El Hadj Issa Kouyaté, dresse un constat alarmant.

En Guinée, nous avons 630 km que le Niger parcours. Ici, nous-mêmes, nous sommes facteurs de la dégradation. Il y a la briqueterie. Ensuite, les pêcheurs car on a attiré l’attention de la direction de la pêche de faire utiliser les filets à grandes mailles, on a dit aux agents forestiers de veiller sur la coupe du bois, je te donne un exemple monsieur le journaliste. A Faranah, il n’y avait que deux gardes forestiers, il n’y avait pas de feu de brousse, il n’y avait pas de coupe abusive de bois, il n’y avait rien qui pouvait balloter la vie normale de la brousse. Aujourd’hui, nous en avons plein de gardes forestiers mais le problème c’est que rien n’est respecté maintenant. Vous avez des gardes forestiers qui ont des tronçonneuses. Ils viennent un mois, deux mois, trois mois vous les voyez sur les motos et où est la faute ? c’est le Département. Nous sommes là, la forêt est en train de partir, c’est très grave. Quand tu vois le Niger à l’heurelà, c’est triste. L‘an dernier, l’Autorité du Bassin du Niger (ABN) nous a envoyé des cadres pour visiter la tête de source pour venir voir le fleuve à Faranah. Quand nous sommes partis au bord du fleuve à Faranah, ils m’ont dit mais doyen où on est comme ça, on n’est pas arrivé au Niger d’abord ? Je dis vous êtes au bord du Niger comme ça. C‘est pitoyable, c’est effrayant, c’est malheureux. J’ai vu une Italienne à Bamako quand elle a vu le Niger à Mofti que le Niger est coupé en deux au mois de mai, elle a pleuré à chaudes larmes. Mais elle pleure pour qui ? C’est pour nous les riverains. Donc, l’état piteux du fleuve Niger, il faut dire le Géant est malade.

C’est ce que je dis aux bailleurs de fonds, je dis il y a maintenant près de 35 ans, on a créé l’Autorité du Bassin du Niger à Faranah. C‘était le 20 novembre 1980. Donc, à Faranah ici l’Autorité du Bassin a été créée. Les cases de la Cité du Niger ont été construites pour accueillir les neuf présidents qui sont représentants des pays riverains du fleuve Niger.

Depuis lors, on est en train de voter des budgets pour sauver ce Nigerlà. Mais chaque année la maladie de ce grand géant ne fait que s’aggraver. Ça veut dire quelque part, et les gouvernements et l’institution qui doit s’occuper de ce fleuvelà quelque part ça ne va pas. J’attire l’attention de tous d’être la police de l’eau”, affirme-t-il l’air triste.

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De son côté, l’inspecteur régional par intérim de l’Environnement et du Développement durable de Faranah, Abdoulaye Oularé, revient sur les conséquences de cette dégradation. Pour lui, “l’état du fleuve est dégradé. Les conséquences liées à ça sont énormes. Vous-même, vous vous rendez compte qu’il y a une quantité énorme de chaleur qui se dégage à Faranah. Il y a le réchauffement climatique qui s’explique par la grande chaleur qui se dégage actuellement dans la préfecture. Et les conséquences de cette situation, ce sont la rareté des pluies, l’ensablement des lits des cours d’eau, la disparition de certaines espèces animales et végétales, la perturbation du calendrier agricole affectant le rendement, la pauvreté accentuée et l’exode rural”, note-t-il avec amertume.

Les difficultés rencontrées liées à la protection de ce fleuve

Selon nos informations, “les difficultés pour protéger le fleuve sont souvent liées au manque de moyens de déplacement dans la zone et le faible nombre des conservateurs de la nature. Au regard de la rapide dégradation du fleuve, la destruction voire la disparition des galeries et des ilots forestiers dans la forêt classée des sources et tout au long du Niger et ses affluents, cet état de fait doit attirer l’attention des autorités à tous les niveaux : ONG, population et bailleurs de fonds sur la nécessité de sauver, garder ce trésor dont la vie de plusieurs pays d’Afrique en dépend. Nous tendons la main à toutes les parties prenantes pour la sauvegarde de ce bijou, car cela doit être la préoccupation de tout un chacun. Les parties prenantes doivent faire une prise de conscience”.

Puisque, la survie du fleuve Niger est une responsabilité individuelle et collective. Les autorités doivent se lever pour mener des actions concrètes afin de sauver le fleuve Niger car l’eau, c’est la vie, conclut un amoureux de la nature.

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