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Éditorial : rebuffade d’un ministre, jaloux de son indépendance

Le Premier ministre Dr Bernard Goumou vient d’essuyer une rebuffade de la part du chef de département de la Justice et Garde des Sceaux, M. Alphonse Charles Wright. Face à ce qui s’apparenterait à une tentative d’immixtion de l’exécutif dans le judiciaire. Dr Bernard Goumou ayant convié des magistrats à la Primature, afin d’orienter les procédures judiciaires dans un sens destiné semble-t-il à apaiser la cité. Afin de satisfaire aux préalables des forces vives.

Il n’en fallait pas plus pour que le tonitruant Charles Wright sorte de ses gonds. Pour freiner l’élan du locataire du palais de la Colombe et magistrats, dans le pas de deux, qu’ils voudraient entreprendre. Pour « sauver la paix ».

Un rappel à l’ordre, exprimé à travers un communiqué au vitriol, rendu public jeudi. Dans lequel, le ministre de la Justice Charles Wright déplore que « la Primature invite les magistrats du Parquet pour discuter des procédures judiciaires, en violation du principe de l’indépendance du pouvoir judiciaire. »

Tout en regrettant qu’«en dépit des démarches informelles menées pour faire cesser de tels agissements, que le Procureur général près la cour d’appel de Conakry soit invité de nouveau par la Primature.

Charles Wright a mis l’occasion à profit pour rappeler que « les magistrats du Ministère public n’exercent leurs fonctions que sous le contrôle du Garde des sceaux, ministre de la Justice, et ce conformément aux dispositions du Code de procédure pénal ».

Quant aux magistrats, il ne leur serait pas permis « de donner leur avis sur une procédure judiciaire ou sur des questions d’ordre politique à toute autre autorité. »

Tout manquement à cette prescription légale pourrait exposer son auteur à des sanctions disciplinaires, prévient le ministre de la Justice.

Qui par cette injonction, affiche son refus de voir sacrifier l’indépendance du pouvoir judiciaire, vis-à-vis de l’exécutif, sur l’autel d’intérêts partisans.

Il faut dorénavant se demander vers quel côté penchera la balance, entre ceux qui saluent le caractère louable de la démarche du garde des sceaux, et ceux qui le blâment, en le rangeant de facto dans le carcan des faucons du régime, pour s’être mis en travers de ce compromis, au nom du sacro-saint principe de séparation des pouvoirs.

Voilà qui relance les débats sur le « paradoxe de la paix et de la justice », dans une médiation. Car choisir un au détriment de l’autre, ne serait que déshabiller Pierre pour habiller Paul.

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