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Dossier Kassory et Cie : Me Sampil s’insurge contre le « délaissement » du flagrant délit au profit…

En conférence de presse ce vendredi 8 avril 2022 à Conakry, le pool d’avocats de la défense de l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, du Dr Mohamed Diané, de Oyé Guilavogui et Diakaria Koulibaly s’est fendu d’une déclaration qui s’articule autour de ce qu’il appelle « les violations des droits » de ses clients. 

Et pour asseoir son argumentaire sur une base, le porte-parole du collectif a déclaré que ces « violations » se constatent sur la qualification donnée par le Parquet à ce dossier. Car, pour Me Dinah Sampil, la qualification selon laquelle il s’agirait d’un cas de flagrant délit ne tient pas la route. 

« Chacun sait que les membres de ce gouvernement ont cessé leurs fonctions depuis le 5 septembre 2021. Or, le délit flagrant est ce délit qui vient de se commettre ou dont l’auteur est arrêté dans les alentours du lieu de commission. C’est le délit dont l’auteur est retrouvé porteur des objets mis en cause, dont l’auteur est porteur des traces ou qui détiendrait des instruments ayant permis la commission de l’infraction. Or, du 5 septembre 2021 au 6 avril 2022, sept bons mois se sont écoulés, qui séparent donc ce qu’ils appellent détournement de deniers publics et autres de la date de leur arrestation. Il ne s’agit nullement dans ces conditions d’un délit flagrant. Donc, il est à comprendre que le Procureur avait d’autres motifs pour arrêter ces personnes que pour les besoins d’une infraction flagrante dont le jugement devrait être immédiat », a relevé l’ancien Bâtonnier de l’Ordre des avocats. 

Poursuivant son laïus, Me Dinah Sampil a révélé qu’aussitôt que le Procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et financières Aly Touré s’est aperçu que sa qualification ne siérait pas, mais ayant fini de réaliser son dessein qui a consisté à la mise en arrestation des personnes interpellées, s’est ravisé pour dire qu’il réoriente le dossier devant la Chambre d’instruction pour qu’un complément d’information soit menée par les magistrats de cette juridiction suite aux procès-verbaux d’enquêtes préliminaires que la Gendarmerie aurait dressés. 

« A ce stade, confie le conférencier, nous estimons que cela constitue des violations des droits de nos clients, dans la mesure où une juridiction étant déjà saisie, celle-ci ne s’étant pas prononcée, il n’appartient pas à un Procureur de dire que le dossier serait réorienté. Parce que la réorientation procède d’une décision de justice, du juge du fond et non du magistrat poursuivant. Toujours est-il que si tel est le cas, il va s’en dire que l’arrestation des membres du gouvernement du 6 avril 2022 constitue une grave violation de leurs droits. Parce qu’aujourd’hui, ils se retrouvent en détention sans titre. Parce que le fait pour lequel ils ont été arrêtés, qui était le flagrant délit, vient d’être délaissé au profit d’une procédure d’instruction alors que l’acte qui a accompagné cette orientation première est appliquée et exécutée »

Une démarche qui fait dire à l’avocat qu’actuellement Kassory et ses collègues de l’ancien gouvernement sont en détention sans titre qui justifierait cela.

« Ensuite, vous avez compris que les avocats de la défense estiment que cette réorientation n’étant pas légale ni juridiquement, ni judiciairement, attendent que l’audience de flagrant délit puisse se tenir le lundi 15 avril 2022, pour que les personnes à défendre puissent retrouver leurs libertés », a-t-il annoncé.

« Aussi, ajoute Me Sampil, les avocats exigent (c’est le terme le moindre qu’on puisse utiliser) que le dossier de la procédure leur soit mis à disposition pour qu’ils puissent comprendre, à partir des éléments qui existeraient dans ce dossier, les raisons pour lesquelles leurs clients sont poursuivis, pour des délits qui, pour le moment, n’existent que par l’affirmation simple qu’on a faite de ces délits-là. Les pièces de procédure ou les pièces à conviction (s’ils en existent) sont encore inconnus des magistrats de la défense. Toute chose qui n’obéit pas aux exigences d’un procès libre et équitable »

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