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Dossier – Guinée  : Le N’ko dans le système éducatif guinéen  ? La gaffe hégémonique de trop du RPG ? 

L’alphabet N’ko, une écriture ancienne intéressante mais d’usage pratique assez limité 

Créé en 1949 par le Guinéen Souleymane Kanté en Côte d’Ivoire, l’alphabet N’ko est né de la réaction à l’insulte d’un journaliste libanais, qui, dans un commentaire, avait comparé les Africains aux oiseaux, du fait qu’ils n’avaient aucune écriture connue. Kanté était négociant de noix de cola dont le père était un érudit du Coran et qui parlait couramment l’arabe et le français. Ses recherches mènent à la découverte de l’alphabet ancien N’ko. Il décide alors de faire revivre, normaliser et perfectionner l’alphabet N’ko. Prolifique écrivain, il rédigea plusieurs ouvrages en N’ko. Son travail a inspiré des mouvements ethnoculturels de promotion du N’ko, ainsi que l’intérêt sciatique et linguistique sur cette ancienne écriture. Le promoteur principal du N’ko en Amérique du Nord est Boubacar Diakité, qui enseigne dans le programme de langues africaines du département des études africaines et afro-américaines de l’université Harvard, comme instructeur certifié de N’ko.  Grâce à ses louables efforts, le N’ko sera bientôt sur Google Translator et il existe un certain nombre d’applications sur Google Play Store qui fournissent un clavier sur N’ko pour les ordinateurs et les téléphones intelligents. 

Ces réalisations sont certes louables et devraient continuer.  Mais le N’ko n’est ni universel pour la Guinée, ni pour la région africaine. Malgré les efforts de ses promoteurs, il reste que le N’ko est dans le passé de la Guinée, pas dans son avenir.  Il faut bien sur étudier et promouvoir le passé culturel, mais de là, à imposer le passé d’un groupe sur l’avenir de toute une nation, il y a un grand pas. Toutes les ethnies de la Guinée ont une forme de rappel de leur passé, par voie orale ou écrite. L’Egypte ancienne est une nation qui avait dominé l’histoire du monde et qui avait gardé des récits avec ses hiéroglyphes. Mais l’Egypte moderne se repose sur l’arabe et l’anglais. Le latin, n’est plus parlé à Rome, l’ancien grec est désuet en Grèce, le sanskrit existe depuis 2000 et était le ligua franca en Inde, mais ne l’est plus, laissant la place à l’hindi, à l’anglais, au punjabi.  

Le N’ko reste une écriture ancienne à usage très restreint pour les initiés et les chercheurs, mais n’est pas d’utilité pratique dans la vie moderne quotidienne.  Elle est utilisée dans la transcription de livres religieux, d’ouvrages de médecine traditionnelle, de poésie et d’enseignement de base. L’écriture reste certes une curiosité académique, mais il n’est pas certain que l’imposition du N’ko dans l’enseignement puisse améliorer le quotidien des Guinéens. Tous les pays du monde cherchent à aller de l’avant, pas en arrière. La course actuelle dans l’éducation, c’est d’amener les élèves à se préparer pour une vie productive, à les inculquer des valeurs civiques, à promouvoir le vivre ensemble, et à cultiver le goût de l’excellence. L’enseignement guinéen a plus besoin de rehausser le niveau en sciences et math, d’introduire des langues commerciales comme l’anglais ou le mandarin, que de dépenser des ressources immenses pour la gloire d’une écriture ancienne. En quoi, par exemple, le N’ko pourrait être plus utile pour l’enseignement que la graphie arabe (ajami) des Peuls ou à la tradition orale d’autres ethnies ? 

L’alphabet des écritures anciennes comme le N’ko a connu une évolution graduelle vers l’alphabet des temps modernes. Ainsi, l’alphabet phénicien a évolué et a été incorporé par les anciens grecs et est devenu plus tard l’alpha classique grec qui, à son tour, inspire l’alphabet étrusque et finalement l’alphabet latin plus utilisé de nos jours. C’est la raison pour laquelle, l’introduction des langues nationales sous Sékou Touré n’avait pas imposé un alphabet autre que l’alphabet latin pour transcrire les ouvrages scolaires.  Il est envisageable de faire du N’ko une matière facultative dans un programme scolaire pour les personnes qui s’y intéressent. C’est le cas à Harvard, où  lN’ko est enseigné au même titre que le Poular, le Wolof, le Zulu ou le Swahili au département des langues africaines. 

Projet de loi visant à imposer le N’ko dans le système éducatif guinéen

Lire : PROPOSITION DE LOI, LANGUES ET CULTURES GUINEENNES

Sous le leadership mou de Kory Koundiano, l’Assemblée Nationale contrôlée par le parti présidentiel, le RPG, est en train de cautionner pour des raisons bassement partisanes des décisions dangereuses avec des conséquences graves pour la concorde et la stabilité du pays.  Au lieu de s’atteler à œuvrer pour la promotion des droits humains, le droit à la justice, la lutte contre les discriminations, la liberté d’expression, de rassemblement pacifique, le Parlement guinéen est plutôt préoccupé à faire la part belle au pouvoir en votant des lois qui pérennisent les pratiques décriées qui ont terni l’histoire politique du pays.   

Avec son passé lourd, entaché de violences politiques et de violation des droits de l’homme, la dernière chose dont la Guinée avait besoin était une loi autorisant les gendarmes à tirer à vue sur ce qu’ils considèrent être une menace. Cette loi est censée « protéger » les Guinéens contre une menace terroriste qui n’existe pas encore. Le seul terrorisme que le pays a connu est la violence de l’Etat envers la population.  Après cette forfaiture, Kory Koundiano vient d’embarquer toute la mouvance dans le train du troisième mandat. Son manque de courage, qui encourage le RPG à proposer des lois fantaisistes et abusives, contraste avec l’attitude de ses prédécesseurs dans les moments critiques de l’histoire du pays. Durant le régime Conté, Bocar Biro Diallo avait, en septembre 2001, préféré se mettre en mal avec le parti présidentiel, le PUP (parti de l’unité et du progrès) plutôt que de cautionner le tripatouillage constitutionnel.  Il s’était joint aux protestations de l’opposition contre ce qu’il appelait alors « un coup d’Etat constitutionnel » et reprochait à Conté de n’avoir pas soumis son texte au Parlement, comme l’exigeait la Constitution.  De son côté, son successeur Boubacar Somparé avait aussi montré de la poigne à un moment critique. Selon International Crisis Group, en début 2006, quand la maladie avait commencé à ronger Conté, Somparé avait consulté le général Kerfalla Camara (ex-chef d’état-major des forces armées guinéennes) en vue de s’entendre sur une déclaration d’incapacité du président alors qu’il allait se soigner en Suisse. Malheureusement, Conté avait eu vent de l’affaire et cela avait créé un long froid entre lui et Somparé. 

Sous la pression des hégémonistes ethno-stratégistes du RPG, Koundiano s’apprête à amener l’Assemblée Nationale à tabler sur un projet de loi aux conséquences gravissimes pour l’unité nationale. De quoi s’agit-il  ? Le députe Sékouba Konaté veut littéralement ramener l’éducation guinéenne là où Sékou Touré l’avait laissée. Malgré les dégâts de la révolution culturelle qui avait transformé l’enseignement guinéen en un programme d’endoctrinement idéologique des masses, le député Konaté a préparé un projet de loi pour ramener les éléments de la « révolution culturelle socialiste » de l’ancien régime afin de valoriser une langue nationale, la sienne, contre l’invasion des langues globales des impérialistes. La fameuse proposition de projet de loi est relative à la « la Protection, la Promotion et la Valorisation des Langues et Cultures Guinéennes, à travers l’introduction de l’alphabet N’ko dans le système éducatif Guinéen ». 

Dans un esprit nationaliste dépassé et inadapté à la situation actuelle du monde, Konaté s’en prend à l’usage de langues globales comme véhicule d’enseignement. Après plus de 60 ans de souveraineté, le député de la mouvance en veut toujours à la politique coloniale de l’enseignement « dont l’objectif était essentiellement d’imposer la langue française comme seule langue d’enseignement pour former les auxiliaires coloniaux au service de la puissance coloniale ». Pour lui, apprendre le français ou l’anglais de nos jours équivaudrait à servir la France ou l’Angleterre. Il oublie que dans ce monde moderne, les peuples apprennent les langues globales pour mieux s’intégrer dans un monde globalisé où ces langues sont devenues des lingua franca incontournables. Apprendre le soussou est incontournable pour quelqu’un qui habite en Basse Côte ; apprendre le Wolof est un avantage quand on vit au Sénégal, et il est de même pour le Swahili pour l’Afrique de l’Est.  Le multilinguisme donne un avantage certain et permet de mieux collaborer avec les peuples en dehors de son pays, de faire des échanges, de s’approprier du savoir-faire des étrangers, et de l’adapter chez soi.   

Pour le même objectif, Sékou Touré avait opté de promouvoir toutes les langues nationales plutôt que d’imposer le N’ko dans l’enseignement guinéen 

Selon le récit de sources variées, l’Inventeur de l’alphabet N’ko n’était pas étranger au processus d’alphabétisation du régime de Sékou Touré.  Dès l’Independence en 1958, Souleymane Kanté avait accouru vers le Président guinéen pour lui présenter les mérites de l’usage des langues nationales à travers l’alphabet N’ko.  En bon politicien Sékou Touré avait montré de la réticence à promouvoir la culture d’un groupe ethnique (le sien) dans un pays multi-ethnique.  Il avait remercié Kanté pour sa contribution substantielle à la culture mandingue à travers son invention, avant de l’honorer par un prix de 200,000 CFA au nom du peuple de Guinée.  Le président guinéen avait accepté le concept de l’introduction des langages nationales dans l’enseignement suggéré par Kanté, mais pas la promotion du N’ko. Il va inviter Souleymane Kanté à retourner en Guinée pour servir le programme d’alphabétisation du pays.   

Le régime Sékou Touré n’avait donc pas imposé aux Guinéens le N’ko afin d’éviter de semer la division dans un pays ethniquement polarisé. Le problème de choix de langue nationale avait été traité avec une sensibilité extrême qui tenait compte de l’impératif de préserver l’unité nationale.  Contrairement aux allégations du député Konaté, le régime Sékou Touré était allé par étapes pendant plusieurs années. Le dilemme de Sékou Touré était de ne pas favoriser la culture d’un groupe ethnique sur celle d’un autre. La Guinée compte 37 langues, dont 34 langues vivantes, une langue étrangère, et deux langues mortes. Pour la valorisation des langues nationales, le régime a opté pour huit langues dominantes, notamment le Soussou, le oPular, le Maninka, le Kpellewoo, le Kissi, le Lomagoe, le Bassari et le Koniagui. Pour ne pas brimer les langues minoritaires, le régime a négocié avec leurs représentants pour qu’ils se rattachent à l’une des langues majoritaires qu’ils parlent couramment.  

En 1965, le gouvernement a sollicité l’appui des experts de l’UNESCO pour mettre en œuvre le programme et standardiser les textes. En même temps, le gouvernement avait mis en place l’Institut de Linguistique Appliquée pour préparer les manuels scolaires dans les différentes langues. L’Imprimerie Nationale Patrice Lumumba avait été réquisitionnée pour l’impression et la publication des manuels. Enfin un, service national d’alphabétisation avait été créé pour piloter la campagne de promotion et vulgarisation de la nouvelle approche. Chaque région naturelle ou groupement linguistique devrait former un comité chargé de standardiser sa langue dans l’alphabet latin. C’est ainsi que Souleymane Kanté sera mis à contribution à Kankan pour assister à standardiser la langue Maninka dans l’alphabet latin et non le N’ko. Il est donc suprenant que soudainement, un député du RPG balaye toutes ces précautions d’un revers de main et propose une loi que même l’inventeur du N’ko n’avait pas envisagé. 

Le chercheur guinéen Sylla Ali Badara, dans son œuvre «  La politique linguistique de la Guinée de 1966 à 1984 (in : Mots, n°52, septembre 1997. L’état linguiste. pp. 144-151) », explique aussi pourquoi le régime de Sékou Touré, a opté pour le plurilinguisme, plutôt que la promotion de la langue d’une seule ethnie.  Il explique  : «  Tenant compte de la réalité du bilinguisme propre aux minorités linguistiques, huit langues sur les vingt et une recensées ont été choisies comme langues d’enseignement et d’alphabétisation des adultes : les trois langues véhiculaires que sont le soso, le peuhl et le malinké, et cinq des dix-huit langues minoritaires (le kissi, le toma, le guerzé, le koniagui et le bassari). » 

Sylla explique aussi le bien-fondé d’une approche multilingue  : «  Selon les autorités politiques de l’époque, l’option pour un tel nombre répondait à un souci de « cohésion nationale », de « démocratie et de paix » de la part du parti ; car on craignait implicitement les réactions aux conséquences imprévisibles de ceux dont les langues ne seraient pas retenues. Par ailleurs, une formation idéologique des populations était régulièrement menée afin d’éviter que les disparités linguistiques ne deviennent des facteurs de division. » 

Le Nko serait-il instrumentalisé pour la promotion de l’hégémonie ethnolinguistique des extrémistes du RPG  ?

Le tapage autour de l’exceptionnalité de l’écriture N’ko prend parfois des allures d’hégémonie ethnoculturelle qui ne s’explique ni par l’histoire ni par les faits.  En fait, le gouvernement guinéen est en train d’être instrumentalisé pour cautionner les intérêts d’une minorité de promoteurs du N’ko. Le ministre de l’Administration du territoire a déjà agréé l’Académie Centrale N’ko dénommée N’ko FODOBA dont la mission est de promouvoir l’écriture N’ko pour la promotion des Langues et Cultures Guinéennes et Africaines. Pourtant, le champ d’application naturelle du N’ko est assez réduit.  L’écriture N’ko n’est pratiquée que dans des cercles d’érudits malinké en Guinéedioula en Côte d’Ivoire et bambara au Mali.  En dehors de ces cercles restreints, le N’ko n’a pas attiré l’intérêt des autres groupes ethniques, en dehors des ethnologues. Cependant, comme ancienne écriture, le N’ko attire l’intérêt de chercheurs et étudiants étrangers. Il est enseigné dans des universités étrangèresnotamment Harvard et l’université du Caire et dans des centres au Mali, en Guinée et en Gambie.  

L’Afrique compte plus de 2000 langues qui sont pour la plupart des langues locales ou tribales avec une utilité limitée au-delà de leur région. Parmi ces langues, seule une cinquantaine ont plus d’un demi-million de personnesSeulement, une dizaine de langues peuvent se targuer d’avoir plusieurs millions de locuteurs. Les principales langues régionales de l’Afrique subsaharienne sont l’Afrikaans et le Xhosa au sud ; le Poular, le Yoruba, l’Hausa et l’Igbo à l’ouest ; le Kiswahili, l’Amharique et l’Oromo à l’est. Le Maninka sur lequel se base le N’ko, n’est donc pas une langue majeure en Afrique.  Pourquoi en faire un véhicule d’enseignement  ?  Pour justifier sa proposition de loi, le député Konaté reconnait implicitement l’échec de la Révolution Culturelle de Sékou Touré  : «  Comme on peut le remarquer donc, malgré le caractère volontariste de sa politique, avec l’un des taux d’analphabétisme les plus élevés au monde 60 %, selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (rapport 2011)  ». Sa solution est de retourner à l’enseignement de langues nationales (à travers l’usage du Nko) 

Il avance les raisons suivantes  : Les élèves apprennent mieux les concepts avec le N’ko ; les élèves bilingues N’ko/Français en Haute Guinée performent mieux que le reste des élèves dans les écoles classiques ; les langues nationales permettent aux populations de s’émanciper et d’être bilingues (selon ses statistiques, la politique linguistique du régime Sékou Touré a permis aux Guinéens d’attendre un taux de bilinguisme de 60%)  ; le retour aux langues anciennes et une renaissance culturelle.  Pour toutes ces raisons discutables, le député Konaté propose que la Guinée adopte le N’ko pour la transcription et l’enseignement de nos langues nationales, à cause de « l’exhaustivité et la scientificité qu’incarne son système d’écriture. »  D’ailleurs, le N’ko n’est pas la seule écriture mandingue, encore moins la seule forme de transcription du patrimoine culturel en langue nationale. Il y a aussi l’écriture syllabique du vaï (langue parlée à la frontière du Libéria et de la Sierra Leone, qui s’est détachée très tôt du tronc mandingue) inventée en 1833 et celui de l’écriture syllabique « Masaba » des Bambara-Masasi du Kaarta (Mali) inventée en 1930. Ces écritures existaient bien avant le N’ko et méritent aussi d’être promues.    

En fait, le N’ko (qui signifie « je dis ») est exclusif à la langue Malinké. Selon une analyse du linguiste Jean-Loup Amselle dans l’article « Le N’Ko au Mali  » (Cahiers d’études africaines, vol. 36, n°144, 1996. pp. 823-826), l’écriture N’ko a été inventée parce que son auteur Souleymane Kanté avait eu des difficultés à prouver la fausseté de l’assertion d’un journaliste libanais qui dénigrait les langues africaines comme étant impossibles de transcrire, en plus qu’elles ne possédaient pas de grammaire. Amselle poursuit  : «  Malgré trois années d’efforts, il n’y parvint pas. En 1948, il fit une seconde tentative avec alphabet latin, mais comme avec les caractères arabes, cet essai de transcription se solda par un échec. Dans les deux cas, c’est le caractère tonal de la langue malinké qui compromit expérience. Il fallait donc découvrir un système capable de rendre la spécificité de cette langue et c’est ce qui amena Kanté à créer en 1949 l’alphabet N’Ko. »  Mais les hégémonistes du RPG entendent imposer le N’ko comme langue d’enseignement. Tant est la ferveur du N’ko qu’un des adeptes a récemment essayé de faire prier les croyants musulmans en N’ko, en violation des préceptes reconnus et acceptés par toute la Oumma depuis la naissance de l’Islam.   

En dehors des Guinéens, portés sur l’ethnocentrisme, les promoteurs de N’ko reconnaissent que son application dans un pays multilingue comme la Guinée serait problématiqueKaramo Jammeh, qui est un expert éminent d’origine gambienne en Nko, basé en Suède, et qui est l’auteur de plusieurs livres en N’ko, a déclaré dans une interview rapportée par le site gambien http://www.kerr-fatou.com: « Nko ne pouvait pas avoir l’appui de l’Etat car la Guinée était composée de nombreux groupes ethniques et le script pouvait être perçu comme appartenant au peuple parlant le mandé, même s’il appartenait à tout le monde ».  

Champ d’application limi 

Selon le site https://www.ethnologue.com/language/l’espace de la langue Maninka et assimilée (zone de prédilection du N’ko) se décline comme suit : 

  • Maninka Konyaka : concerne environ 210 000 en Guinée, dans les préfectures de Beyla, Kankan, Kérouané, Lola et Macenta ; les langues Balante, Boukorodou, Diatela, Dyibarou, Kabadian Mallerou et Ouanino, situés le long de la route Beyla-Sinko et au nord de Sinko (dialecte de Gbasando) ; Lola (dialecte Karagba) ; Sokourala (dialecte de Woroduu), ainsi que quelques groupements Guinée Bissao.  
  • Maninka Sankaran : concerne quelques centaines de milliers de personnes dans région de Kankan : préfecture de Kouroussa est ; Région et préfecture de Faranah ; affluent du Niger, région de Serekoroba.  
  • Malinké oriental : population de 3 000 000 en Guinée (Kankan et environs) plus autour de 600 000 personnes en Guinée Bissao, Sud Mali, Sierra Leone. 
  • Malinké central ou Kita Maninka : population de 434 000 (UNSD 2014) dans le district de la capitale Bamako ; Région de Kayes : cercle Kita sauf extrême est ; Région de Koulikoro : à l’ouest de Bamako ; Ségou : cercle de Baroueli.  
  • Maninkakan Western (Sénégal, Gambie) : environ 1 3000 000 au Sénégal et 400 000 en dehors du Sénégal. 

Même si le N’ko arrivait à être adopté sur tout l’espace ethnologue malinké, il ne concernerait que moins d’une dizaine de millions de personnes dans le globe (contre environ 40 millions de personnes pour le Poular). D’autre part, dans tous les pays de l’espace ethnologique mandingue, le Malinka/Bambara est dominant seulement au Mali. Le N’ko doit donc composer avec plusieurs autres langues vivantes qui revendiquent une histoire aussi glorieuse et richeLa Guinée compte 37 langues, la te d’Ivoire 79, le Mali 57, le Sénégal 38, la Gambie 11, le Liberia 31, la sierra Leone 24.  

A tire comparatif, une étude récente de Boubacar Sangaré (février 2019) au compte de l’Observatoire du Monde Arabo-Musulman et du Sahel avec l’appui de la Fondation pour la recherche stratégique montre l’étendue de la langue Poular en Afrique. Selon les statiques de cette recherche, le Poular est parlé sous différentes formes par une quarantaine de millions de personnes sur presque toute l’Afrique occidentale : 16 800 000 au Nigéria (8,8% de la population), 4 900 000 en Guinée (38% à 40% de la population) ; 3 500 000 au Sénégal (22% de la population) ; 3 millions au Mali (16,2% de la population) ; 2 900 000 au Cameroun (12% de la population) ; 1 600 000 au Niger (7.6% de la population) ; 1 260 000 en Mauritanie (28% de la population) ; 1 200 000 au Burkina Faso (6,3% de la population) ; 580 000 au Tchad (3,8% de la population) ; 320 000 en Gambie (16% de la population) ; 320 000 en Guinée-Bissau (16,8% de la population) ; 310 000 en Sierra Leone (5% de la population) ; 250 000 en République centrafricaine (4,65% de la population) ; Il existe aussi une population de peuls naturalises au Ghana, en Côte d’Ivoire, au Togo, au Benin, et même au Soudan, sans compter la migration qui fait que les peuls sont un peu partout dans le monde. 

Dans notre prochaine livraison nous examinerons les expériences réfléchies des pays africains en matière de valorisation des langues nationales, et nous tirerons les conclusions qui s’imposent. 

A suivre…

L’équipe de rédaction de Guinéenews© 

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