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Distinction : désormais sur le toit du monde, le Guinéen Sally Bilaly Sow entend conquérir d’autres prix

A l’initiative des associations « Sur les pas d’Albert Londres » et « Club Audiovisuel de Vichy », le journaliste Sally Bilaly Sow vient d’être lauréat du Prix du Grand Jury. Les résultats ont été publiés le dimanche 22 décembre dernier. Ce, en prélude à la 5ème édition du Festival francophone du reportage court France Monde – France Océans prévue du 9 au 15 février 2019 dans le département de l’Allier en France.

Au compte de l’édition 2019 de la compétition, les organisateurs ont réceptionné plus de 45 films qui obéissaient tous aux critères généraux inclus dans les règlements dudit concours. Le jury mis en place à l’effet de décerner les prix a sélectionné six films, dont celui de Sally Bilaly Sow, qui s’adjuge ainsi le Prix du Grand Jury, pour son reportage intitulé : « Bauxite : les ravages d’un business».

Dans une interview exclusive accordée à Guinéenews©, le récipiendaire de ce précieux sésame indique que le reportage a été réalisé dans des conditions pénibles. Ce qui n’a nullement freiné l’élan de Sally Bilaly Sow de le parachever. « Je travaille à l’intérieur du pays avec les conditions que vous connaissez forcément, notamment avec la connexion Internet dont la qualité laisse à désirer, mais aussi l’accessibilité même des zones. Quand vous évaluez tout ça, vous vous rendrez compte combien il est difficile, sans vouloir vous parler des infrastructures routières« , nous confie-t-il dans un entretien téléphonique depuis Labé.

« L’autre aspect, c’est quand vous voulez travailler dans un domaine « méconnu ». Quand je dis méconnu, c’est parce que pour les genres de reportages que je fais, il y a un travail de recherches en amont. Il y a aussi des réseautages à faire. Donc, tout ça, j’essaie d’analyser et de faire une sorte de parallèle entre les autres pays et nous, et même entre nous ici. C’est compliqué. Et donc, le reportage que j’ai présenté et qui a bénéficié du prix, ça a été difficile de le réaliser. Parce qu’il fallait aller à Débélé, rencontrer les citoyens dans un premier temps, écrire le script, revenir, repartir encore tourner pour pouvoir avoir des éléments concrets, chercher des rapports qui existent et repartir trouver des témoins« , énumère notre interlocuteur au bout du fil.

Dans ce reportage qui dure environ 4 minutes et dont la réalisation a pris trois semaines au journaliste Sow, il dit essayer d’expliquer le revers de la médaille en ce qui concerne l’exploitation minière en Guinée.

« Parce que le plus souvent, on nous brandit telles constructions par-ci, ces redevances payées par-là, alors que sur le terrain, cela est tout autre. Pour preuve, à Débélé où j’ai été pour réaliser ce reportage, je n’avais vu qu’un seul forage. Aussi, il y a des cours d’eau qui sont contaminés. Il y a également des endroits où les paysans cultivaient, mais aujourd’hui, ils ne peuvent plus. J’ai vu des écoles dont certaines sont carrément en décrépitude. Donc, j’ai essayé de ressortir tout ça« , explique Sally Bilaly Sow.

Démarcation

Alors que l’essentiel des journalistes guinéens est plutôt politique, le lauréat du Prix du Grand Jury se démarque carrément de ses autres confrères. Pour M. Sow, le meilleur endroit de s’attaquer à ce qui ne va pas, c’est bien l’endroit où on vit et qu’on est tenu d’impacter positivement.

« Dans tout ce que je fais, je cherche l’impact. En tant que journalistes, il faut que nous nous inculquions cette valeur. Qu’on soit blogueur, journaliste, activiste, quand ce qu’on fait n’impacte pas la vie des autres, et quand ce qu’on fait n’arrive pas à changer les choses, il y a une remise en cause à faire. Et moi, je me dis qu’en m’intéressant particulièrement aux collectivités, je me démarque. Parce que peu de journalistes viennent à l’intérieur du pays pour des reportages et surtout pour creuser un sujet particulier, parce qu’on connait, les mines en Guinée, c’est un domaine où beaucoup n’osent pas s’y aventurer. Car, les activités qui s’y déroulent, ce sont des mécènes qui sont derrière, des gros bonnets, si fait que les gens n’osent pas. Mais moi, je me dis que je suis un porte-parole, même si je ne suis pas officiellement désigné à cet effet, mais la voix des sans voix. Je porte cette casquette et j’essaie de remonter les difficultés que ces populations endurent. Parce que conscient du fait que quand on s’intéresse aux problèmes des populations à la base, c’est par-là que peut venir le développement« , enseigne notre interlocuteur.

Le reportage qui a valu ce prix au jeune Sow a été diffusé sur la chaine Youtube Les Hauts Parleurs de TV5 Monde. Il était contenu dans une série de 4 vidéos que l’auteur a réalisées entre Mali Yambèring où il a parlé de l’état des routes, empêchant les touristes de s’y rendre, Kindia où il travaillé sur les jeunes filles qui se battent pour créer des conditions adéquates afin de lutter contre le gâchis des mangues et sur la bauxite. Enfin, une quatrième vidéo qui parle de la forêt de Ziama, à Macenta. Cela en conformité avec la thématique de l’édition du concours de cette année.

« C’est la cinquième édition du festival qui aura lieu du 9 au 15 février prochain en France. Chaque année, ils organisent une compétition à dimension internationale où des jeunes, âgés de 18 à 35 ans, vont compétir à travers des vidéos et une thématique donnée en amont. Donc, cette année, c’était le climat et l’environnement. Il fallait raconter une histoire, un événement ou évoquer une idée qui pouvait solutionner les problèmes climatiques et environnementaux », décline Sally Bilaly Sow.

Ce diplômé de Méthodes informatiques appliquées à la gestion des entreprises (MIAGE), Sally Bilaly Sow a été correspondant du journal scolaire et universitaire La Plume Plus durant son cursus au lycée Bonfi, à Conakry. Après l’obtention de son bac en 2012, option Sciences expérimentales, il a été orienté à l’université de Labé en Biologie appliquée. Là, jeune étudiant ne se retrouvera pas assez. Mais déjà, il éprouvait une passion éblouie pour l’informatique depuis tout petit. Il s’inscrira alors à l’université Amadou Dieng pour faire les MIAGE.

Parallèlement à cela, il avait postulé dans une radio locale où il avait été retenu pour le stage. Et à côté, il exerçait le bloging et se privait jamais de se rendre sur le site 24H dans une rédaction, pour faire des recherches. « J’y partais fouiner et regarder les vidéos. Entre temps, il décrochera une collaboration avec le Groupe Hadafo Médias en qualité de Digital Manager. Puis, avec Les Hauts Parleurs de TV5 depuis juin 2017.

Sur la quarantaine de postulants à ce concours international, ont été tirés aux côtés du jeune Bilaly, un algérien, un béninois, deux colombiens, deux français. La remise est programmée pour le 15 février 2020 en France. Mais il y a un autre prix qui reste mis en jeu : c’est le Prix Public. « Là, les vidéos seront projetées et le public va voter pour décerner cet autre prix. Nous serons également de la partie pour voir si nous pourrons nous adjuger cette autre distinction également », promet le coordinateur de l’Association Villageois 2.0, qui promeut le journalisme citoyen en milieu rural.

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