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Décharge de Dar-es-Salam: sommés de déguerpir, les occupants posent leurs conditions

Au mois d’août dernier, l’effondrement de la décharge de Dar-es Salam, la plus importante de la capitale Conakry, sise dans la commune de Ratoma, avait fait une dizaine de victimes. Une catastrophe qui a poussé l’Etat à exiger le départ des  riverains illégaux d’ici le 3 mai prochain. Sur place, ce préavis est diversement accueilli. Alors que certains se disent surpris, d’autres sont prêts à quitter les lieux, mais pas sans contrepartie.

«Il y’a des pères de famille qui vivent ici avec une dizaine d’enfants. Et maintenant que le gouvernement nous demande de partir…, où ils vont aller ? On n’a jamais dit qu’on ne va pas quitter Dar-es Salam, mais il faudrait que l’Etat nous accompagne», plaide  Ousmane Fodé Soumah, un gendarme qui loge dans le secteur 2 de Dar-es Salam.

M’Mah Sylla et sa famille vivent, quant à eux, dans le secteur 1 de Dar-es Salam depuis une quarantaine d’années. Installés à moins de 10 mètres de la décharge, ils sont exposés à toute sorte de maladie en plus des conditions de vie précaires.  En dépit de tout, la jeune dame n’est pas prête à quitter sa maison.

«Cette mesure préoccupe la population de Compost (appellation très répandue de la décharge en faisant allusion au centre de compostage qu’il était, NDLR). Bientôt la saison des pluies… Certes, nous avons appris l’annonce du ministère de la Ville, mais on n’a pas où aller. Par exemple moi, mon père est allé à la retraite il y’a près de 10 ans et il n’a construit qu’ici. On n’a pas les moyens pour nous installer ailleurs. Selon le communiqué, la mesure a été annoncée depuis longtemps, mais nous ne sommes pas informés pourtant le chef de quartier et les chefs secteurs sont tous là »,  s’est plaint la jeune demoiselle avant de souligner  que dans les 1997 jusqu’à 2000, après le dédommagement des premiers occupants par la Banque Mondiale, un périmètre de sécurité a été tracé. Mais au fil des années, immondices et citoyens se sont retrouvés côte à côte.

« La montagne d’ordures que vous voyez,  était loin. Mais au fur et à mesure qu’on transporte les ordures, on s’est retrouvé sous ses pieds. Et c’est un danger pour nous. Quand on allume le feu on ne peut pas bien respirer à cause de la fumée. Nous-mêmes voulons quitter ces lieux, mais c’est si nous avons les moyens. Faute de quoi, nous sommes obligés d’y rester », a fait savoir M’Mah Soumah.

Les occupants des emprises de la décharge de Dar-es Salam vivent dans des conditions d’une extrême précarité. Sur place, les infrastructures de base sont presque inexistantes. L’insécurité aussi y bat son plein.   Boubacar Camara est conscient du danger. Mais, pas question pour lui de partir sans aucune autre adresse.

Pied gauche gangréné, amputé d’un orteil, visage enflé, Kerfala Camara Soudeur de profession, marié et père de deux enfants, vit depuis un bon moment grâce à la solidarité familiale. Il reconnait s’être installé  à Dar es Salam illégalement.  C’est pourquoi il souhaite comme ses camarades un soutien de l’Etat pour pouvoir partir.

«En 1997, l’Etat a dédommagé les premiers occupants en ce moment on était à 200 mètres de clôture en grillage. Et maintenant qu’on se retrouve dans cette situation et que l’Etat nous demande de partir, il est loisible qu’il nous assiste», renchérit cet autre occupant.

Ce déguerpissement a été annoncé lors d’une visite du ministre de la Ville et de l’Aménagement du Territoire, Dr. Ibrahima Kourouma  sur le site de la décharge de Dar-es Salam quelques jours après l’effondrement. Et à quelques semaines de l’arrivée des grandes pluies, aucun habitant n’a encore bougé. Ce, malgré le récent communiqué du ministère de la Ville qui donne jusqu’au 3 mai prochain aux occupants pour libérer les lieux.

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