Le 20 juin, le pont de Linsan (Kindia) situé sur la Route nationale N°1 s’est effondré sous le poids d’un camion surchargé. Construit en 1932, donc 26 ans avant l’indépendance de la Guinée, cet ouvrage de franchissement était fortement dégradé.
En provenance de Dinguiraye pour l’inhumation du journaliste Abdoulaye Bah, le ministre des TP, Moustapha Naité, est passé lancer officiellement les travaux de réhabilitation dudit pont. Pour rappel, ces travaux devraient débuter le 16 juin, et c’est en cours de route pour Linsan qu’Abdoulaye Bah a été mortellement percuté par une voiture.
« Ce qui s’est passé est regrettable. C’est sous l’effet d’un camion surchargé que ce pont s’est effondré au moment où la réhabilitation est en cours. Ça interpelle davantage le ministère des Travaux publics sur la surcharge. Nous avons des camions de 20 tonnes qui prennent des charges de 40 à 60 tonnes, qui détruisent nos routes et ponts », a-t-il déploré, avant d’indiquer le manque de base de données routières est aussi responsable de cette situation : « C’est un ouvrage de franchissement qui a été réalisé en 1932. Faute de base de données routières bien élaborée et bien structurée nous n’avons pas pu prévenir que de telles situations arrivent. Mais nous y travaillons pour que nous ayons une base de données très rapidement qui nous permettra de donner la durée de vie de nos ouvrages de franchissement et de nos routes. Cela est fondamental pour une meilleure planification, un meilleur suivi de nos routes, une meilleure protection de nos routes et aussi nous ferons en sorte que les choses soient prélevées à temps. »
Plus loin, le ministre des Travaux publics rassure que la réhabilitation du pont se fera rapidement afin d’éviter trop d’ennuis aux usagers : « Nous avons demandé à ce que le pont soit rapidement rétabli afin qu’il soit utilisé dans le plus bref délai. Nous ne voulons pas nous avancer toute suite sur le temps que cela va prendre, mais je voudrais rassurer que cela va être fait dans des meilleurs délais avant que nous entrions dans les grandes pluies. C’est un engagement que je prends. Le travail a déjà commencé. Il y a déjà la mobilisation des dalots qui vont servir à préparer la reconstruction de cet ouvrage de franchissement et ensuite les engins qui vont faire en sorte que la déviation de l’eau soit faite pour permettre à ce que la solution technique qui a été proposée puisse être mise en œuvre. »
Ibrahima Sory Touré, DG de Petroman Ingénierie, une des entreprises chargées de réaliser les travaux promet de travailler nuit et jour pour finir vite et bien : « Nous sommes pressés par le temps. Notre ennemi n°1, ça doit être la pluie. Si nous mettons plus de deux semaines ici, la pluie va nous causer beaucoup de problèmes. Contractuellement on compte sur un mois. Mais nous savons que si nous attendons un mois pour boucler ça, nous serons forclos. Alors nous ferons tout pour réduire ce temps. Nous allons travailler nuit et jour. Les équipes vont se relayer continuellement pour sortir d’eau et remettre ces structures là en place. »
Revenant sur l’aspect technique des travaux, M. Touré explique : « Le travail consiste à découper la ferraille du pont métallique qui s’est effondré avec le pont et sortir d’eau pour que nous ayons accès à ce fond. Il y a un niveau de boue et d’eau qui fait une hauteur de 5,5m qu’il faut complètement blinder avec des blocs de pierres que nous allons faire chuter d’une hauteur d’au moins 7 m pour venir s’incruster dans le sol, le blinder, le rendre portant. Ensuite passer deux tapis de gabions au dessus desquels nous allons couler du béton armé de 25 cm sur toute la largeur de l’ouvrage à construire, soit 7m/31 et au dessus desquels, finalement, 270 caisses de dalots cadres en béton armé seront disposés pour combler tout le vide sur 5 m de hauteur et une largeur de 31 m. Nous allons donc à peu près rattraper le niveau du tablier existant que nous allons maintenant reprendre en béton armé sur une épaisseur de 25 cm. »
Pour l’instant, les usagers de la route empruntent une contournante créée par le ministère des TP, en amont de la rivière, en attendant la fin des travaux.