Le procès d’Amadou Damaro Camara et Cie a franchi une étape clé ce 18 octobre 2024. Après trente mois de détention et une année de débat, des plaidoiries de plusieurs jours ont pris fin tard dans la nuit de ce vendredi. Avant que le juge Yacouba Conté ne renvoie l’affaire au 2 décembre pour délibération, le président de la 9ème législature guinéenne a lancé un message fort pour sa propre défense.
Amadou Damaro Camara a tout d’abord dénoncé ce qu’il a qualifié de « justice des vainqueurs » contre lui. » Pour être sincère, on veut absolument obtenir une condamnation de Damaro devant votre Cour. Mais, j’ai de l’espoir, je suis venu pour ne pas perdre ma réputation. Car il y a un adage qui dit : » si tu perds de l’argent, tu n’as rien perdu, si tu perds ta santé tu as perdu quelque chose mais si tu perds ta réputation, tu as tout perdu. Si je ne suis pas acquitté ici, je serai acquitté à Sirate(l’au-delà) parce que le juge suprême c’est Allah », a-t-il indiqué.
Poursuivant, l’ancien dignitaire a évoqué des disparités dans le traitement judiciaire, soulignant que d’autres accusés de montants plus élevés restent libres.
« […]Moi, pour 15 milliards, on m’a refusé cinq mises en liberté. Même les instructeurs ont dit que je pouvais être à la maison, malgré la gravité des charges. On s’est toujours opposé. Pourquoi moi?
Je suis en train de subir la justice des vainqueurs. Et j’espère, au fond de mon cœur, que vous ne serez pas le juge d’une cour de vainqueurs. Vous allez dire le droit. La Guinée a produit beaucoup de grands hommes. Je me suis dit que la Guinée est capable de produire un Badinter. Peut-être que vous serez ce Badinter. On a dit que vous étiez un excellent magistrat, et que vous étiez courageux.
Parce qu’un magistrat courageux, ce n’est pas celui qui met les personnalités derrière les barreaux pour des raisons de bonne convenance. Mais un magistrat courageux, c’est un magistrat qui recherche la vérité, la trouve et la dit. Et je sais que vous le serez », a-t-il conclu, en attendant d’être situé sur son sort.