« Il était certes difficile d’envisager que la CENI que nous connaissons et la Cour constitutionnelle que nous connaissons puissent proclamer des résultats différents de ceux voulus par Alpha Condé ». Ce sont là les propos tenus en substance par le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg) qui s’exprimait dans l’émission Mirador ce jeudi 22 avril 2021. Cellou Dalein Diallo tentait ainsi de justifier sa participation à la dernière présidentielle qui a donné une large victoire au candidat à sa réélection Alpha Condé.
Au regard de la charge de plomb qui s’est abattue sur sa formation politique au lendemain de la présidentielle du 18 octobre, notamment à travers l’arrestation de ses principaux lieutenants, il a été demandé au leader de l’Ufdg s’il valait la peine de prendre part à cette échéance. Et l’ancien Premier ministre de se défendre.
« Vous connaissez le rôle joué par l’Ufdg dans la lutte contre le troisième mandat au sein du FNDC. Pour nous, c’était une voie jumelle. Étant donné que par les manifestations, dans les rues et sur les places publiques on n’a pas obtenu de résultat et que nous étions convaincus qu’Alpha Condé était décrié dans le pays, y compris dans ses fiefs où les manifestations ne faiblissaient pas, il fallait lui priver de la légitimité de s’octroyer ce troisième mandat », a confié l’invité de Fim FM qui a ajouté par la suite qu’en participant, l’objectif a été atteint.
« Ensuite, on a mis en évidence la capacité d’organisation et le poids électoral de l’Ufdg. Et donc, nous avons très bien fait de participer à cette élection », a dit Cellou Dalein Diallo.
Toutefois, cette participation de l’Ufdg ne restera pas sans conséquences. En ce sens que celle-ci a favorisé une sorte de friture entre le parti et ses amis du Front national pour la défense de la Constitution. Chose dont M. Diallo est bien conscient.
« Nous avons essayé de les (amis du Front, ndlr) convaincre que la participation à l’élection présidentielle était une voie jumelle aux manifestations dans les rues et sur les places publiques. On ne s’est pas compris sur ça. Mais on a eu un débat au sein du FNDC. L’UFDG ne s’est pas retirée. Mais au cours d’une réunion, trois partis ont estimé qu’il y avait en leur sein des groupes qui étaient pour la participation aux élections et que seul Lansana Kouyaté du PEDN était hostile dès le départ. Il a dit qu’il était hors de question. Mais Sidya, Faya et moi avions chacun, au sein de son parti, des groupes qui étaient pour la participation aux élections, pour battre Alpha Condé dans ces élections et lui priver de la légitimité. Puisque sa candidature n’est pas légale, mais il ne fallait pas le laisser se donner une légitimité dans la confiscation du pouvoir », a justifié le président du principal parti d’opposition.
A l’issue des discussions, poursuit-il, Sidya a estimé qu’il a pu convaincre les groupes qui étaient pour la participation. Moi, j’ai consulté les fédérations. Et 88% des fédérations étaient pour la participation et étaient contre ce qu’ils appelaient la chaise vide. Finalement, on a participé. Mais je ne regrette pas d’avoir participé.
Nombreux sont ces analystes qui s’accordent à dire que l’Ufdg avait naïvement cru qu’Alpha Condé perdrait ces élections après avoir changé la Constitution.