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Dalaba : dans les méandres du monument historique et culturel appelé Case à palabres (Reportage)

Au cœur de Dalaba, dans la région du Fouta Djallon, se trouve la case à palabres de Dalaba, un monument historique et culturel construit dans les années 1930 sous la colonisation française. Elle servait de lieu de rencontre entre les chefs locaux et l’administration coloniale. 

Chargée d’histoires pour avoir été témoin de discussions politiques, sociales et diplomatiques, la case est particulièrement notable de par son architecture traditionnelle : une structure ronde, aux murs en terre et un toit de chaume, offrant un espace propice aux échanges et aux débats.

Selon M. Thierno Mamadou Diallo, guide touristique à la case à palabres, patrimoine national a été construit en 1936 par les artisans locaux, avec une architecture traditionnelle. 

La case compte quatre portes dont la principale est dotée d’une serrure traditionnelle africaine appelée en Pular Pakala qu’on ne peut ouvrir qu’avec une clef également traditionnelle. Il l’a d’ailleurs expérimenté devant notre reporter et d’autres visiteurs du site.

L’entrée de la case est ornée d’un design à l’image d’un érudit qui arbore un grand boubou comme pour représenter le caractère notable de l’édifice. Le sol est auréolé de motif d’une rare esthétique, délimitant la place des différentes personnalités qui prenaient part aux ces réunions qui s’y tenaient. 

Au-dessus des portes se trouvent des designs différents les uns des autres. Ce qui permettait d’identifier les portes, parce que chaque porte était réservée à un catégorie de personnalités. Il en est de même sur le sol avec des motifs qui déterminent la place de chaque catégorie de personnes admises aux assemblées. 

Dans ses explications, notre guide a confié que l’accès par la porte principale était réservé au Gouverneur et le Commandant de cercle. Au milieu, se dressait une table ronde. L’accès à la pièce par la deuxième porte était réservé à l’Almamy. Alors que le passage par la troisième porte était réservé aux chefs de canton.

“Ces derniers s’asseyaient sur des chaises en bois sculpté ornées de différents motifs. Quant à la quatrième porte, elle était réservée aux chefs de village et aux notables”, a-t-il expliqué. 

“Les chefs de village occupaient le premier cercle. Ils étaient par les notables qui s’asseyaient dans le deuxième cercle, sur les nattes ou les peaux de chèvre. Au fond, se trouvait le siège des chefs de canton fait en bois sculpté. Au milieu, il y avait le Commandant de cercle, le Gouverneur et l’Imam. Ils utilisaient de petits tabourets pour s’asseoir”, a raconté le guide touristique à la case à palabres. 

Le plafond est fait en « lefa” avec la mise à contribution des vanniers, puisque Dalaba développe la vannerie, une activité essentiellement réservée aux femmes, notamment dans les villages de Pouké et Sébori. 

Ces vans sont fixés sur des nattes, même si dans certaines cases ils sont plutôt fixés sur des tiges de bambou, servant de charpente tout en permettant d’accrocher les décorations. 

Pour ce qui est des murs, ils sont faits à base de termitière, de bouse de vache et un peu de paille, mais sans briques, répondant au mieux aux nouvelles constructions écologiques qu’on a tendance à promouvoir à travers le monde.  

Aux dires de notre guide, cette case a accueilli l’une des plus importantes réunions pour l’obtention de l’indépendance nationale, en 1957. Celle-ci a connu la participation de Sékou Touré, de Barry Diawadou et de Barry 3, entre autres, mobilisés autour des responsables de toute la région du Fouta pour discuter de la voie à suivre en vue de l’accession à la souveraineté nationale. 

“C’est pourquoi on dit que c’est à partir de cette case qu’est partie l’indépendance de la Guinée”, a indiqué M. Diallo.

Et de poursuivre : “La dernière réunion faite ici, c’était avec une délégation du président Ahmed Sékou Touré. Il était venu avec la majeure partie des premiers présidents Ouest africains. Ils ont fait la première réunion pour la valorisation du Fleuve Sénégal. Ensuite, ils ont continué sur Labé pour finaliser le projet”.

Au regard de l’importance que revêt cette case, le jeune guide a lancé un appel en ces termes : “Nous demandons à l’ONT et au gouvernement, ainsi qu’à toutes les personnes de bonne volonté de nous aider afin que cette case soit inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. 

A la base recouverte de pailles, aujourd’hui, la case est désormais recouverte de tôles, sa toiture ayant été refaite en 2015 après un vent violent qui a décoiffé l’édifice

Symbole de l’identité culturelle guinéenne, la case à palabres rappelle aujourd’hui l’importance des traditions orales et du dialogue dans la société. C’est en cela qu’elle attire des visiteurs du monde entier, fascinés par son histoire et son rôle dans la préservation de la culture africaine.

Émerveillé par l’histoire de cette case, avec les différents sièges réservé à chaque catégorie de personnes devant prendre part aux réunions qui s’y tenaient, Mohamed Doumbouya (Moh a émis le souhait de voir le futur plan du Parlement guinéen s’inspirer de cet édifice.

En outre, Moh Sieur, en lieu et place de la case à palabres, suggère que cet édifice soit rebaptisé « Soudhou Mawbhè », qui signifie en Pular « la maison des vieux. Un nom qu’il trouve plus évocateur en plus d’être authentique.

Depuis Dalaba, Mady BANGOURA pour Guinéenews

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