Après avoir ratifié la convention de Malabo sur la cybercriminalité en 2017, la Guinée projette d’adhérer à la convention de Budapest qui prône la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel.
Ce mardi 2 avril, un atelier d’information sur ladite convention, a été organisé à Conakry par le Conseil de l’Europe en collaboration avec le ministère des Télécommunications et de l’Economie Numérique. Cette rencontre qui a été présidée par le ministre des Télécommunications Moustapha Mamy Diaby, a connu la présence du Secrétaire exécutif de la Convention de Budapest sur la criminalité, du Directeur central de la police judiciaire, du président de la commission des Télécommunications de l’Assemblée Nationale, des cadres des départements des Postes et Télécommunications, de la Sécurité, de la Justice ainsi que des officiers de la gendarmerie et de la police nationale.
« Il existe de nombreuses opinions différentes sur la meilleure façon de lutter contre la Cybercriminalité mais il existe un accord sur un point: le choix de la coopération à tous les niveaux. Au niveau international, le principal outil pour faciliter cette coopération, c’est la convention de Budapest sur la cybercriminalité », a-t-il fait savoir.
Abondant dans le même sens, le représentant de l’Union Européenne à la rencontre, Raymond Lataste, a déclaré que la Convention de Budapest est le principal instrument juridique international en matière de cybercriminalité.
Poursuivant, il a réaffirmé l’engagement de l’Union Européenne à lutter contre la cybercriminalité partout dans le monde. Car, dit-il, ce phénomène représente aujourd’hui une menace globale qui affecte tous les pays du monde, y compris la Guinée et les pays de l’Union Européenne.
«L’Union Européenne appuie le Conseil de l’Europe à accompagner les pays africains à se mettre en conformité avec les textes sur la cybercriminalité et la convention de Budapest en particulier avec le projet action globale sur la cybercriminalité », précisé Raymond Lataste.
Pour sa part, le ministre des Postes, Télécommunications et de l’Economie Numérique, a mis l’accent sur l’importance de la Convention de Budapest qui est une référence dans le monde. « Cette Convention permettra à la Guinée de collaborer avec des pays qui sont hors de la CEDEAO et du continent africain. Il n’y a pas d’Etat de droit, ni de droit de l’homme, encore moins de démocratie, dans l’insécurité. Nous devons d’abord faire en sorte que chaque citoyen dans ce pays, chaque citoyen de ce monde, se sente confiant et en sécurité. (….) L’apologie du terrorisme, de la pornographie, du terrorisme, du racisme sont autant de travers qui minent nos sociétés contre lesquels nous devons lutter efficacement, dans le respect de la dignité humaine », a martelé en substance le ministre Moustapha Mamy Diaby.
S’adressant aux policiers, gendarmes, magistrats et juges, le ministre des Télécommunications les a tous exhortés à disposer des connaissances en matière de cybersécurité. Parce que, estime le ministre, ces acteurs de l’arsenal de combat contre la cybersécurité ne peuvent mener aucune enquête ou apporter aucune preuve sans que cette enquête n’ait besoin de traces électroniques, sans que cette enquête ne soit soutenue par des traces électroniques. « Et si vous n’êtes pas sensibilisés, vous risquez de détruire ces traces. Et la destruction de ces traces arrêtent dans une certaine mesure le processus en cours», a-t-il rappelé.
Au terme de cet atelier, les participants se sont entendus sur certains points dont la nécessité de reformer et harmoniser les textes de loi guinéens, la mise en place des institutions qui doivent appliquer les lois sur la cybercriminalité et l’assistance technique pour tout le travail autour de la cybercriminalité.
Le Secrétaire exécutif de la Convention de Budapest est reparti de Conakry avec l’espoir de voir la Guinée adhérer à ladite Convention.
Alexander Seger a, par ailleurs, apprécié le fait que la Guinée dispose d’une loi sur la cybercriminalité mais, suggère à ce que les dispositions différentes sur le code pénal soient harmonisées, à ce que les peines soient revues. Parce qu’il y a des points où il faut bien préciser les infractions pour éviter qu’il y ait des problèmes concernant la liberté d’expression, a-t-il interpellé.
«Les autorités ont promis d’engager des processus de réforme de la législation. Nous, du côté de l’Europe, nous sommes prêts à appuyer ces réformes et nous sommes également prêts de donner des formations aux magistrats, policiers et tous ceux qui sont impliqués dans l’application de la loi », a-t-il annoncé.
Il faut par ailleurs souligner que la cérémonie a été clôturée par le conseiller en Télécommunications et Economie numérique du Premier ministre, Ibrahima Kéita, qui a invité le Conseil Européen à continuer à accompagner la Guinée jusqu’à ce qu’il corrige les failles qui se trouvent dans ses règlementations afin qu’il puisse adhérer à la convention de Budapest.