Le moins qu’on puisse dire est que le coronavirus n’est nulle part le bienvenu. Ce mal est tout à la fois meurtrier, insaisissable et rapide à se propager. Aucun qualificatif ne le cerne au point d’en traduire le vrai seuil de nocivité.
Le voilà qui, d’un coup, a littéralement assailli la planète entière. Il a perturbé, désagrégé et disloqué tous les fondements de nos sociétés. Son incidence sur la vie de tous les pays est hautement dévastatrice, sur tous les plans.
Cela dit, nous ne devons pas pour autant rester pantois, contrits ou anxieux et attendre qu’il nous submerge et nous détruise. Pour notre survie, nous devons réagir.
Chez nous, les autorités semblent l’avoir bien compris et intégré, au fur et à mesure de l’évolution du phénomène. Déjà, la bonne mesure semble céder la place aux hésitations et autres manquements impromptus des premiers jours. L’apparition subite d’une pandémie ravageuse, absolument inconnue des scientifiques avait de quoi surprendre les populations et décideurs du monde entier.
Ainsi donc, dans notre pays, on sent de la lucidité et de la détermination transparaitre dans tous les messages délivrés à l’effet de faire face efficacement à ce mal invisible et insidieux qui nous tombe dessus, sans crier gare. En plus des réformes institutionnelles et structurelles initiées et des stratégies et moyens mis en œuvre, les citoyens ont été invités à plus d’engagement et de responsabilité. Les gestes barrières, le port obligatoire du masque protecteur, l’état d’urgence sanitaire, le couvre-feu, la fermeture des frontières en sont quelques illustrations.
Les effets de cette offensive démultipliée n’ont pas tardé à se manifester, particulièrement sur le secteur des transports qui est l’un des modes de propagation les plus évidents et rapides qui soient.
L’un des premiers effets positifs enregistrés, que nous pouvons citer, est la réduction du nombre de passagers à bord des véhicules. Trois, moins le chauffeur, au lieu des six habituels à bord des taxis et véhicules personnels, un seul passager sur les motos, trois, y compris le chauffeur à bord des camions de transport de marchandises et de sept à dix à bord des minibus qui en embarquaient une vingtaine.
Concrètement, le nombre de passagers est ainsi réduit au moins de moitié en ce qui concerne le transport en commun en zone urbaine. Cette nouvelle réalité, inimaginable avant cette pandémie, rentre en conformité avec les normes fixées par la règlementation en vigueur qui était royalement ignorée, au vu et au su de tous.
Ce sont là des acquis bien nets et très appréciés par les populations. Il est vrai qu’ils ne sont pas absolument complets ni entièrement respectés par tous les exploitants du système des transports. Nous avons encore quelques motocyclistes qui tardent à prendre le pli, surtout les motos-taxis. Il y en a qui embarquent toujours jusqu’à deux passagers et même plus sur certains itinéraires, non couverts par le contrôle routier.
Mais, tout en nous réjouissant de ces acquis, ici évoqués, il nous faut dire également qu’il existe l’envers de la médaille. C’est le lot servi aux citoyens utilisateurs des divers transports en commun disponibles. Il est à reconnaître qu’on leur offre en ce moment un cadre des plus convenables à bord des véhicules. Et, à n’en pas douter, ils se plaisent à en jouir. Ils ne sont plus serrés comme des sardines dans les taxis. Ils se déplacent tout à fait à l’aise. Cependant, nous devons savoir que rien de tout cela n’est innocent. Toutes ces commodités et tous ces conforts ont un prix. Et ce sont les usagers qui le payent. Au prix fort !
Les chauffeurs dans leur surenchère estiment que la nouvelle mesure fixée par l’état d’urgence sanitaire qui réduit le nombre de passagers, leur fait perdre les gains habituels. Aussi, de façon unilatérale et abrupte, sans recours et sans crier gare, ils ont doublé, le prix du transport pour, disent-ils, rattraper leurs recettes habituelles que leurs patrons n’ont pas voulu reconsidérer, malgré la situation d’exception qui prévaut.
Pendant ce temps, quoique qualifié d’infime par eux et une partie de l’opinion, le prix du carburant a quand même connu une baisse. Ce qu’ils n’ont pas voulu intégrer dans leurs argumentaires pour baisser les coûts de transport. Malgré les multiples appels lancés par les populations pour plus de solidarité à leur endroit. Ils n’ont rien voulu entendre et ont eu le dernier mot. L’augmentation a été avalisée.
Là également, les victimes ont été les demandeurs, c’est-à-dire les citoyens requérants de transport en commun au quotidien. C’est sur leur dos que les chauffeurs rattrapent le manque à gagner de leurs recettes journalières. Et quand on sait ce que la pandémie coûte de nos jours aux uns et aux autres, il y a tout lieu d’admettre que la situation est loin d’être riante pour la grande majorité de nos concitoyens.
Même pour se déplacer de la banlieue vers Kaloum ou vice versa, beaucoup ont des problèmes. Les budgets anémiés des ménages ne couvrent pas ce besoin essentiel qui conduit bien souvent à effectuer des courses pour des activités essentielles comme le travail ou les affaires sociales qui foisonnent.
Qu’adviendra-t-il de tous ces citoyens dont la plupart sont moins bien lotis financièrement que la moyenne prise en compte, s’il arrivait, nous ne le souhaitons guère, que le coronavirus soit encore là pour un bout de temps? Quelles répercussions alors, sur les activités économiques et sociales que ces citoyens lambda mènent ou doivent mener au quotidien ?
Et si à contrario et par extraordinaire, il arrivait que ce virus maudit disparaisse, là, tout d’un coup, maintenant ? Qu’en sera-t-il du transport en commun chez nous, en termes de tarifs de déplacement, de nombre de passagers à embarquer? Statu quo ou changement ?
Il est à reconnaître que le secteur informel inflige à tout le monde, l’Etat compris, une forme de chantage qui ne dit pas son nom. Les pouvoirs publics doivent s’en défaire sans tarder, pour mieux jouer leur rôle régalien. Il leur faut dès maintenant penser à renforcer et à diversifier leurs propres moyens de transport pour garantir aux populations une meilleure mobilité urbaine.
La prospective étant une des clés de la bonne gouvernance, les décideurs ont sans doute déjà intégré toutes ces attentes dans leurs priorités à venir. Nous l’espérons grandement.