La pandémie du covid-19 frappe de plein fouet l’industrie sportive mondiale avec l’arrêt obligatoire et systématique des activités partout. Dans un entretien accordé à votre quotidien électronique Guineenews, le consultant sportif Thierno Saïdou Diakité évalue les probables impacts sur le milieu sportif et ses acteurs. Lisez plutôt !
Guinéenews© : le Covid -19 a paralysé toutes les activités dans le monde, quels peuvent être ses impacts sur le milieu sportif ?
Thierno Saïdou Diakité : dès l’apparition de ce virus avec les conséquences qu’il a eues dans certains pays, la ligue professionnelle de football a pris la décision de suspendre toutes les compétitions. Et cela fait suite à une décision du ministère en charge des Sports, qui a été confirmée après par le discours du chef de l’Etat. A savoir : l’arrêt de toutes les activités sportives et culturelles. Cela a, bien sûr, des conséquences. Parce que les compétitions vont être reportées, on ne sait pour quand ? Ce qui va jouer sur la forme des footballeurs qui seront obligés de suivre des entraînements individuels à domicile. Cette situation aussi peut avoir des conséquences financières. Parce que le football ou le sport en général, est devenu un gros business qui brasse de l’argent. C’est quelque peu dommage pour les sponsors, les partenaires et les acteurs du sport en général.
Guinéenews© : justement parlant de l’aspect financier, quelles conséquences le covid-19 peut-il avoir sur les associations nationales, les clubs et les athlètes ?
Thierno Saïdou Diakité : c’est un manque à gagner. Chez nous déjà en Guinée, on a du mal à organiser les championnats de ligue 1 et 2 et les autres compétitions. Il y a un manque à gagner qui va se faire ressentir au niveau des clubs, des ligues, peut-être même au niveau des acteurs. C’est-à-dire que les footballeurs, est-ce que pendant cette saison ’’morte’’, vont recevoir leurs primes, ou leurs salaires. C’est la question qui mérite d’être posée. Comment vont-ils être entretenus ? Sur toute la ligne, il y a un manque à gagner. Est-ce que la ligue ou la fédération à penser à mettre en place un mécanisme de compensation des clubs pendant que les compétitions sont arrêtées; comment les clubs vont entretenir les joueurs, l’encadrement, l’administration ? C’est un peu le problème avec l’arrêt des compétitions.
Guinéenews© : par quel moyen faut-il recourir pour relancer les activités sportives ?
Thierno Saïdou Diakité : Infantino (le président de la FIFA, NDLR), en a parlé, il y a quelques jours. Il dit que c’est une opportunité… Maintenant, il revient aux dirigeants sportifs de réfléchir et voir l’après-covid -19, qu’est-ce qu’il faut envisager pour essayer d’harmoniser les impératifs financiers avec les impératifs sportifs. C’est-à-dire que moins de compétitions, beaucoup plus de compétitivités, beaucoup plus d’argent. Il dit que c’est le moment pour nous pendant qu’il y a cet arrêt des compétitions de réfléchir de manière à pouvoir réaménager les calendriers, à réaménager les compétitions pour que le sport soit beaucoup plus performant, pour que les sportifs soient beaucoup plus gagnants. Infantino a aussi pensé au continent africain qui doit faire en sorte que l’écart qui y existe, soit réduit par rapport aux autres.
Guinéenews© : selon vous, comment la FIFA doit s’y prendre ?
Thierno Saïdou Diakité : à mon avis, je pense que la FIFA devrait voir les mécanismes de compensation des associations nationales. Il y a un manque à gagner… Il va falloir peut-être lever des fonds pour assister les associations nationales par rapport au manque à gagner. Vu que le virus a affecté tous les secteurs d’activités et les compétitions sportives. Il va falloir donc comme l’ont fait au plan économique le FMI et la Banque mondiale. Ces institutions de Breton Woods ont suggéré à ce qu’on annule les dettes des pays africains. Je pense que la FIFA devrait accorder à titre exceptionnel des subventions aux associations nationales pour qu’elles puissent compenser le manque à gagner des clubs et le réaménagement des compétitions. C’est la seule voix de sortie pour que les associations puissent s’en sortir.
Guineenews© : cet arrêt des compétitions entraîne une baisse de régime chez les sportifs, comment faire pour maintenir la forme ?
Thierno Saïdou Diakité : c’est l’entraînement individuel. Il y a même des vidéos qui commencent à être diffusées en Europe pour permettre aux sportifs de faire des entraînements individuels à domicile. Je le souhaite vivement, cette pandémie va être jugulée on ne sait quand et comment-les recherches sont en cours dans les laboratoires, beaucoup d’argent sont investis à cet effet… Les activités vont reprendre après cette pandémie. Pour que la forme physique soit maintenue pour les athlètes, les entraînements individuels s’imposent à eux à la maison parce qu’il y a le confinement.
Guinéenews© : malgré les interdictions, certains jeunes continuent à jouer dans les quartiers, comment stopper cette pratique qui porte atteinte aux consignes de prévention du Covid-19 ?
Thierno Saïdou Diakité : c’est une remarque pertinente. Moi-même, je l’ai faite le week-end dernier. J’ai vu des jeunes qui se livrent à des matchs de football sur des espaces. A cet égard, je me suis dit qu’il faut suggérer aux médias d’accentuer la sensibilisation dans les différentes langues. Il faut qu’on sensibilise davantage la population parce qu’on semble négliger ou ignorer les effets de cette pandémie qui est très fulgurante. Il va falloir faire très attention lorsqu’un citoyen serait par mégarde atteint ou contrôlé positif. L’on doit donner des conseils pour prévenir le Covid-19 et dire que l’interdiction des regroupements est une mesure qui permet d’éviter les risques de contamination.
Guinéenews© : un mot à l’endroit des acteurs sportifs en cette période de crise sanitaire ?
Thierno Saïdou Diakité : c’est de faire très attention. Le discours du chef de l’Etat a été confirmé par un décret. Je pense qu’il faut faire très attention en prenant très au sérieux la menace qui pèse sur nous qu’on peut pourtant éviter. Pour ce faire, il va falloir éviter les regroupements, suivre à la lettre les consignes qui sont données par l’agence nationale de sécurité sanitaire (ANS) et les différentes institutions en charge de gérer cette pandémie qui nous menace tous.
Entretien réalisé par Salématou Sylla pour Guineenews©.