Conakry: un réseau d’escrocs ayant des ramifications dans le golfe, démantelé par les services de Tiégboro
Sekou Sanoh
Les services spéciaux à la Présidence chargés de la lutte contre la drogue et le crime organisé ont démantelé un réseau d’escroquerie internationale dont la ramification va jusque dans les pays arabes. Deux présumés auteurs, Alpha Kabinè Diakité et Mohamed Samoura ont été présentés ce jeudi 27 juin à la presse par le porte-parole desdits services, Mohamed Manzo Mansaré.
« Le 19 juin dernier, nous avons été saisis d’une plainte formulée par un citoyen syrien qui a été invité dans le cadre de l’investissement dans notre pays par un groupe d’individus. Effectivement, le monsieur est arrivé à Conakry où il n’a été reçu par le groupe d’escrocs qu’au lendemain pour faute de visa d’entrée », a-t-il rappelé d’entrée du jeu.
D’après l’officier Mohamed Manzo, cette invitation était signée par les autorités guinéennes notamment la Primature qui croyait en la sincérité du Syrien.
« A son arrivée, il a été contacté par un groupe dirigé par une dame du nom d’Amira qui s’est fait passer pour l’épouse de l’ancien président de la Libye, le Colonel Khadafi. A côté de la dame arabe, il y avait les sieurs John alias Mohamed en cavale, Alpha Kabinet Diakité et Mohamed Samoura. Alors que le syrien est venu dans le cadre de l’investissement, la dame Amira lui a fait comprendre qu’elle est en Guinée dans le cadre du suivi des biens de son défunt mari. Elle a dit au monsieur qu’à la suite de la guerre en Libye, que la famille présidentielle a subi des pillages et que plusieurs millions de dollars seraient venus en Guinée. C’est une escroquerie internationale dont la ramification va jusque dans les pays arabes. Ils ont conduit le Syrien dans un entrepôt à Yattaya, dans la commune de Ratoma où il y avait une dizaine de palettes bien emballées pour faire croire que ces marchandises sont venues d’ailleurs. Qu’est ce qui a surpris le syrien, quand il s’est rendu sur les lieux, il a remarqué la présence d’une dizaine de militaires en uniforme et bien armée. C’était pour faire comprendre à l’étranger que c’est l’Etat guinéen qui est derrière cette affaire. Mais pour ne pas être en mal avec les institutions financières internationales, que ce sont à eux qui font ce travail. Il s’agissait tout simplement de faire croire à ce Syrien que l’Etat guinéen est derrière cette affaire, ce qui est archi-faux », a-t-il expliqué.
Et de poursuivre : « c’est une organisation criminelle bien organisée. La victime dans la plainte dit avoir perdu dans cette fausse transaction une somme de 230 mille dollars. Sur une dizaine de palettes, les cars ont pris une caisse pour l’envoyer dans le bureau de monsieur Mohamed John, un nigérian qui est toujours en fuite. Ce dernier réside en Guinée depuis très longtemps. Dans cette caisse, ils ont mis beaucoup de bouts papiers avant de mettre quelques billets de dollars à la surface. Dès que la caisse a été ouverte, quelqu’un a pris 500 dollars et les remettre à leur victime. Un montant que la victime a utilisé pour se rassurer de l’authenticité des billets. Ils ont établi une facture proforma de 55 mille dollars pour le frais de transfert du fonds vers la Syrie. Comme les escrocs faisaient croie qu’ils agissaient au nom de l’Etat, la victime a demandé qu’elle soit présentée au Premier ministre. Dès qu’elle a émis cette idée, la bande a disparu et il s’est rendu compte que ce sont des escrocs », a-t-il relaté.
Sur les caisses, ils (les présumés escrocs, ndlr) avaient soigneusement placé un autocollant sur lequel on peut lire « RCEEEAO (Réseau des Chambres des Experts Européens de l’Afrique de l’Ouest), Mission diplomatique accréditée auprès de l’union européenne.»