Parlant de l’objectif de ce déguerpissement, le ministre Ibrahima Kourouma a indiqué que cette action entre dans le cadre du désengorgement du centre administratif de Kaloum. «A Conakry, les gens se lèvent tous les matins pour se diriger vers Kaloum où se trouve l’administration publique et privée. C’est le centre des affaires en quelque sorte. Donc, le président de la République, dans son souci de faire en sorte que la ville soit décongestionnée et que chaque guinéen puisse vivre de façon décente et à l’aise, s’est investi pour avoir ce schéma directeur de Kaloum Vision 2040 et de Conakry vision 2040. Le centre directionnel de Koloma qui est un domaine réservé de l’Etat, doit être viabilisée pour accueillir l’administration publique, le centre des affaires. C’est pour cette raison que le président de la République a instruit le ministère de la Ville non seulement pour travailler sur les réserves fonciers mais aussi à récupérer les domaines réservés de l’Etat », a fait sa savoir Dr Ibrahima Kourouma qui rappelle que c’est depuis 1989 que Koloma est reversé par un décret dans le patrimoine foncier de l’Etat guinéen.
«Ceux qui sont installés savent que c’est un domaine foncier de l’Etat. Mais comme on faisait fi, chacun est venu s’installer de façon illégale. Et il faut que les gens comprennent que ce que nous avons commencé aujourd’hui ne s’arrêtera que lorsque le centre directionnel sera complètement dégagé», a prévenu le ministre Kourouma.
Ce mardi, ce sont les parcs et garages automobiles qui ont été dégagés des lieux. Mais plusieurs habitations sont marquées de la croix rouge de la Direction de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme.
A l’égard de tous ces occupants illégaux, le ministre de la Ville a été on ne peut plus clair : «les gens savent qu’ils doivent quitter. Non seulement nous avons envoyé des inspections pour sensibiliser les populations, mais nous avons envoyé aussi un huissier qui est venu déposer les documents et des préavis avec des dates bien définies pour que les gens qui doivent quitter. Ensuite, je me suis déplacé en personne avec les chefs de quartier et chefs secteur pour les sensibiliser à quitter. Ils savent qu’ils sont illégalement installés et il faut qu’ils assument et prennent leur responsabilité de quitter pendant qu’il est encore temps de partir librement.»
Certains habitants sont conscients de cette occupation illégale, mais ayant y passé quasiment toute leur vie, se demandent où aller. Elhadj Youssoupha Diallo, assis sur son canapé, coran entre les mains, ne cache pas sa préoccupation. « Nous savions que les garages allaient être déguerpis. Mais en ce qui concerne les habitations, le chef de quartier nous avait signifié qu’avant de nous faire quitter les lieux, on nous dédommagerait d’abord. Moi depuis 1970, j’habite là, je ne refuse pas de quitter ici mais je n’ai vraiment pas où aller à moins que l’Etat m’indique où partir», se lamente l’octogénaire.
D’autres citoyens estiment que ce déguerpissement est juste un règlement de compte. Parce que, justifient-ils, depuis le premier déguerpissement en 1990, le site n’a pas été valorisé.
A ces personnes, le ministre Ibrahima Kourouma s’est très rassurant et écarte toute idée de chasse aux sorcières. «Le centre directionnel de Koloma va être mis en valeur sous peu. Ceux qui pensent que c’est une chasse aux sorcières doivent comprendre que le président de la République n’a pour vocation de se venger de qui que ce soit. Il a une vision, celle de faire en sorte que chaque guinéen ait un cadre de vie décent», a martelé le chef du département de la Ville et de l’Aménagement du Territoire avant de promettre que désormais l’Etat installera des panneaux informatifs sur toutes les zones réservées de l’Etat afin d’empêcher les gens de les occuper.