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Comme un procureur, Me. Béa dresse un réquisitoire sans appel contre la Justice guinéenne

Invité de l’émission de « Sans Concession » de Guinéenews ce vendredi 11 février, l’avocat Salifou Béavogui est revenu sur la décision prise par le collectif des avocats des détenus politiques, suspendant sa participation à la procédure actuelle. A l’écouter, il ne s’agit pas de décision irrévocable mais d’une position qui pourrait changer si les règles de droit sont respectées par les autorités.

A la question de savoir dans quelles conditions ses collègues et lui pourront reprendre service dans ce dossier, Me Béa rappelle d’abord « qu’aujourd’hui, nos clients sont à la Maison centrale privés de visite de leurs familles. Nous avons été très clairs dans notre déclaration. Nous allons reprendre nos activités auprès des Cours et tribunaux, lorsque nous nous rendrons compte que les conditions d’un procès juste et équitable sont réunies. Et que nous ne sommes pas dans un faire-valoir et que nous ne sommes pas dans une parodie de justice. Nous ne sommes pas là pour conduire nos clients vers des condamnations déjà programmées. »

L’invité de « Sans Concession » n’a pas manqué d’arguments pour appuyer leur démarche. Et coïncidence ou pas, c’est le cas d’un journaliste qu’il donne comme exemple.  Marouane Kamara, il s’agit de lui, « était convoqué à la DPJ lundi dernier sur la plainte d’un haut dignitaire de l’État », rappelle-t-il.

Et de relater : « il est venu, ils ont commencé à l’interroger. J’ai demandé le dossier à l’officier enquêteur parce qu’on ne peut pas interroger un client de but en blanc. Il faut qu’on sache pourquoi il est là. On sort le dossier et il se trouve que tout ce que les écrits incriminés (diffamations et injures) trouvent leur source dans son site d’information. Il a fait des articles de presse en tant que journaliste et c’est sur la base de cela qu’on le poursuit. Nous nous sommes dits, dans ce cas, c’est la loi sur la liberté de la presse qui doit s’appliquer. Et quand on parle de la loi sur la liberté de la presse, la procédure commence au tribunal par une citation directe…  Cela ne commence pas par la police. Nous avons tout fait pour persuader l’officier enquêteur, il dit que ce n’est pas possible… Quand on s’est rendu compte que c’est difficile de les convaincre parce qu’il y avait une force derrière et que l’objectif, c’est de le maintenir là, l’amener à la Maison centrale, nous nous sommes retirés disant que nous n’allons plus accepter de nous associer à une procédure qui n’est pas conforme à la loi. À la minute près, Marouane a été conduit au tribunal où le procureur nous a dit de prendre notre client et de rentrer à la Maison… Vous vous imaginez un seul instant si on acceptait un seul instant que notre client se mettent à l’ABCD, que l’officier lui pose des questions et qu’il réponde. L’officier l’aurait placé en garde en vue. Il aurait passé les deux jours. Le lendemain, avant qu’il n’arrive au tribunal, ça trouverait que des institutions sont données au Procureur. Dès qu’il vient on le jette là-dedans. Et aujourd’hui, Marouane serait en prison… »

Par ailleurs, l’avocat a fait cas des magistrats qui ne sembleraient pas tous à l’aise dans le traitement des dossiers « politico-judiciaires ». Certains parmi eux, selon Me Béa, serait « très gênés de condamner un innocent »…

Dans la foulée, il est revenu sur les juges Charles Wright du tribunal de première instance de Dixinn et Irène Hadjimalis de la Cour d’appel qui ont respectivement acquitté Oumar Sylla alias ‘’Foniké Mènguè’’ lors de sa première incarcération, les journalistes animateurs de l’Emission Œil de Lynx. Pour la deuxième, affirme-t-il, « elle est regardée d’un mauvais œil à la Cour d’Appel », du fait d’avoir pris cette décision…

Des allégations de l’Avocat que nous avons tentées de recouper auprès du ministère de la Justice via ses services spécialisés. Mais en vain !

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