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Combat du FNDC, mesures sanitaires, violation des droits de l’Homme : Dr Faya livre sa part de vérité (interview)

Dr Faya Millimonou du BL

Dans cette interview accordée à Guinéenews cette semaine, Dr Faya Millimono, président du Bloc Libéral (BL) s’exprime sur les mesures sanitaires contre le COVID-19, la suite du combat du Front national de défense de la Constitution et les violations des droits de l’homme dans le pays, notamment les tueries et arrestations arbitraires, devenu le lot quotidien  des opposants au régime Alpha Condé. Lisez :

Guinéenew.org : Vous êtes le président du Bloc Libéral (BL) qui a été le premier parti politique guinéen à faire des propositions concrètes pour la lutte contre le COVID-19. Aujourd’hui quelle appréciation faites-vous des différentes mesures prises par le Président de la République ?

Dr Faya Millimono : Comme vous l’avez dit, le 18 mars, le BL a fait la première déclaration concernant le COVID-19. Dans cette déclaration, nous interpellions les autorités de ce pays à prendre au sérieux la menace et à s’engager vers les mesures à prendre pour la protection du peuple de Guinée. Cet appel n’a pas été entendu ; parce qu’Alpha Condé a été lourd pour aller de l’avant à cause de son coup d’Etat constitutionnel. Et je sais que ce jour-là, beaucoup de Guinéens ont été exposés à ce virus. On est revenu à la charge après, au moment où on commençait à voir les conséquences de ce qui s’est passé le 22 mars. On nous a parlé de 4 cas positifs à Conakry. En ce moment-là, tout semblait être localisé d’abord dans le périmètre de Conakry. Nous avons fait une autre déclaration dans laquelle, l’une des réclamations était de mettre Conakry en quarantaine. Ça, c’est protéger l’arrière-pays et lui permettre de gérer cette situation avec moins de risque. Nous avions également, dans cette autre déclaration, demandé d’autres mesures. Profiter d’une opportunité c’est agir à temps. Si vous agissez une minute avant, c’est trop tôt. Si vous agissez une minute après, c’est trop tard. Dans notre déclaration, nous invitions les autorités à décréter le 29 mars, la quarantaine de Conakry. Le Président de la République a agi 72 heures après qu’on ait identifié un cas à Fria, un à Kamsar, un à Labé, un à Kankan et un cas à Siguiri. Beaucoup de personnes contacts avaient déjà fait le chemin de l’intérieur d’où le risque aujourd’hui auquel toute la population guinéenne est exposée.  Ça nous  rappelle un peu l’amateurisme avec lequel Ebola été géré dans ce pays. On a perdu des milliers de nos compatriotes. Il y a des familles entières qui ont été décimées. On est à peu près sur la même lancée. D’abord toutes les aides qu’on a eues à cette occasion, ceux qui ont géré la lutte contre le virus Ebola en ont fait un business. D’où, après que la maladie a été vaincue, ils ont provoqué un incendie dans leur bureau pour qu’aucune donnée ne soit disponible en cas d’audit. Les ordinateurs étaient brûlés, personne ne sait qui a donné tel montant, qui a géré, à quoi on l’a utilisé. Et, curieusement, c’est la même personne qu’Alpha Condé choisie pour être encore monsieur No 1 dans la gestion du COVID-19. L’amateurisme continue. Et là, il faut réellement interpeler nos populations à adopter l’attitude de l’orphelin. L’orphelin, c’est celui qui apprend tout quand les enfants qui ont leurs parents vivants bénéficient de l’enseignement de ces derniers. Puisque cet enseignement ne lui est pas destiné, l’orphelin l’écoute et il le pratique. Aujourd’hui, la Guinée est orpheline. Il faut que nous écoutions les parents des autres. Quand en Côte d’Ivoire on prend des mesures qui s’avèrent efficaces, utilisons-les comme si nous étions Ivoiriens. Puisque les réseaux sociaux nous permettent aujourd’hui de vivre en temps réel ce qui se fait en Côte d‘Ivoire, au Sénégal, en France ou ailleurs, comportons-nous comme l’orphelin. Le reste, Dieu va nous aider. Suivons à la lettre les mesures qui sont en train d’être conseillées par les papas et les mamans des autres.

Guinéenews.org : pourtant, le Président de la République a pris un décret dans ce sens…

Dr Faya Millimono : à cause de la pandémie, Alpha a pris un décret pour limiter le nombre de passagers dans les taxis et les bus. C’est beau de le dire. On sait que le transport est un secteur névralgique. Les Guinéens sont en train de vivre dans la pauvreté quotidienne. Donc le déplacement est un passage obligé. Demander que l’on ne prenne plus six personnes dans un taxi, mais de prendre trois, c’est une bonne chose. Mais ce que le Président lui-même ne sait pas, c’est que ce sont les trois personnes qui payent pour les six personnes. Parce que dès lors que la mesure a été annoncée, partout, sur tous les tronçons, le transport a doublé. Qu’est-ce qu’il aurait fallu faire ? Nous savons qu’Alpha et son équipe nous volent déjà beaucoup d’argent depuis quelque temps. Nous sommes tous d’accord que le prix du carburant flotte en fonction du prix du baril sur le marché international. Le baril était allé jusqu’à 150 dollars. Je me rappelle qu’au moment où le carburant se vendait à 10 000 FG, c’est au moment où nous étions autour de 67 à 70 dollars le baril.  Au moment où nous parlons, le baril se négocie autour de 20 dollars. Ce qui veut dire que c’est moins du tiers de ce que le baril coûtait au moment où le prix du carburant a été fixé à 10 000 FG. Dans un pays où les dirigeants ont le sens de la pitié pour leur peuple, le sens humain dans son expression simple, on aurait vu le gouvernement penser réduire jusqu’à 4 000 FG le litre de carburant à la pompe. Dans tous les cas, il n’aurait rien à perdre, il gagnerait autant qu’il gagnait au moment où le baril était à 70 000 dollars et, le carburant à 10 000 Fg. Mais aujourd’hui, on est en train de s’enrichir sur le dos du contribuable guinéen. Alpha Condé est arrivé au pouvoir, il cite comme élément de son bilan le fait qu’il nous ait conduit au PPTE. La dette extérieure à l’époque était autour de 3 milliards. Donc le PPTE, effectivement, a permis l’effacement de 2 milliards environ. Donc il restait autour d’un milliard la dette extérieure de la Guinée. Mais après 9 ans d’Alpha Condé, on est à plus de 4 milliards. Ça veut dire qu’en 9 ans, on a endetté la Guinée autant qu’elle a été endettée pendant plus de 50 ans. Malheureusement, on ne voit pas les traces. Si vous regardez les routes, vous ne voyez pas là où l’argent a été utilisé. Si vous regardez les hôpitaux, vous ne trouvez pas, les écoles, même chose. Où est-ce que cet argent est parti ? Depuis l’arrivée d’Alpha, il veut faire de la Guinée le plus grand producteur de bauxite au monde. On était à environ 12 millions de tonnes qu’on exportait par an. Aujourd’hui nous sommes au-dessus de 100 millions de Tonnes qu’on exporte par an. Mais quel est le revenu de tout ça, où est-ce que ça va, c’est utilisé à quoi ? Il y a des questions que l’on doit se poser. Au plus fort de son coup d’Etat constitutionnel, de peur qu’un militaire ne s’empare du pouvoir, il a décidé de faire une augmentation du salaire de tous les militaires de 20% parce qu’ils ont des armes à feu. Pendant que les enseignants sont en train de se battre depuis plus de deux ans pour avoir un salaire décent. Nous vivons l’économie de la connaissance. C’est par l’efficacité de nos enseignants que notre futur sera meilleur.

Guinéenews.org : le BL est membre du FNDC dont l’objectif, comme son nom l’indique, était défendre l’ancienne constitution. Aujourd’hui, malgré vos manifestations et les violences ayant entrainé des morts, le double scrutin du 22 mars s’est tenu, les résultats ont été proclamés, la nouvelle Constitution est adoptée. Que reste-t-il à faire du côté du FNDC ?

Dr Faya Millimono : D’abord il faut corriger quelque chose. Souvent, les journalistes me posent la question sur l’après élection. Il n’y a pas eu d’élection, parce que les mots ont un sens. Nous avions dit que nous empêcherions les élections, nous avons effectivement empêché les élections. Tout le monde sait que ce qu’on a sorti-là, c’est de l’ordinateur que c’est sorti, ça ne reflète aucune réalité de ce qui s’est fait le 22 mars. Donc ce n’est pas une élection. C’est une mascarade. Comme le FNDC l’a dit, nous ne reconnaissons pas et nous ne reconnaitrons pas ce qui est sorti de ce machin qu’on appelle double scrutin. Aujourd’hui, c’est une question de responsabilité. On ne peut pas demander aux Guinéens de sortir dans la rue. C’est la santé des Guinéens qui est notre priorité aujourd’hui, mais le combat va continuer. D’ailleurs, toute la communauté internationale est unanime à reconnaitre que ce qui s’est passé n’a aucune crédibilité. On a vu le ministre des Affaires étrangères guinéens convoquer l’Ambassadeur de France pour protester. Mais non, au lieu d’aller protester devant l’Ambassadeur de France, il devait comprendre que nous sommes dans une République qui a une constitution, qui a des lois. Et que tout ce qu’on fait devait tenir compte des dispositions légales. Tout est fait dans l’illégalité la plus parfaite. Et donc la conclusion c’est que c’est un machin qui n’a aucune valeur. Pour nous, il ne faut même pas parler d’élection. J’ai vu sur les réseaux sociaux les gens qui appellent les prétendus députés, les députés COVID-19-22. Tel que nous prions pour que ce virus soit vaincu, ils s’en iront en même temps. Parce que dès que le coronavirus va disparaitre, personne n’osera lever le petit doigt pour dire qu’il est le représentant du peuple.

Guinéenews.org : parlons des droits de l’homme en Guinée. Récemment, on est venu larguer à Kagbèlen, dit-on, de jeunes gens qui étaient détenus au camp de Soronkoni. Un autre groupe de détenus venant du même camp auraient été déférés à la Maison centrale de Conakry. Qu’en dites-vous ?

Dr Faya Millimono : Nous avons dénoncé ça. On a dénoncé le terrorisme d’Etat dans notre pays. Beaucoup de personnes disparaissaient. On a émis l’hypothèse que ces personnes étaient en train d’être torturées à Soronkoni. C’est-à-dire que si Sékou Touré a eu la célèbre prison de camp Boiron, Alpha a la célèbre prison de Soronkoni. Ça montre en quoi il a pris la Guinée là où Sékou Touré l’a laissée. Il faut redouter qu’il y ait beaucoup d’autres personnes qui manquent à l’appel. Parce que parmi ceux qui ont été arrêtés et conduits à Soronkoni, l’hypothèse plausible est que certains ont été tués sous la torture. Ce n’est pas pour rien que le FNDC demande une enquête indépendante conduite par des experts étrangers pour faire la lumière sur tout le terrorisme qui a coûté la vie à tant de Guinéens. Il y a effectivement 43 personnes qu’on est venu débarquer quelque part dans les environs de Conakry. Il y en a qu’on a pris directement pour la Maison centrale, mais il y en a d’autres qui n’ont pas encore répondu à l’appel. Ça, c’est une page noire de ce que nous sommes en train de vivre. On connait déjà combien de personnes ont été tuées à Conakry par balle. J’ai lu le rapport d’Amnesty international qui a donné des éléments probants. Le message qu’il faut envoyer à nos forces de défense et de sécurité, votre image est en train d’être souillée. Les gens sont en train d’utiliser des milices qu’on fait passer pour des Gendarmes, pour des Policiers, en train de commettre des crimes. Si vous ne faites rien pour laver votre image, il s’agit de dire clairement en tant que policiers professionnels de ce pays, nous ne sommes pas partie prenante de ce genre de choses. Mas tout le monde se tait là-dessus et donc on assume que c’est la Police et la Gendarmerie guinéennes qui ont été capables de le faire. C’est extrêmement important. Nous voyons et c’est sous vos yeux que des milices Dozos opèrent. Les Dozos, ce sont des chasseurs traditionnels. Je l’ai toujours dit, je suis issu d’une famille de chasseurs. Ce sont des gens très respectés. Mais c’est en brousse qu’on va à la chasse et c’est là qu’on trouve des biches, les antilopes et les agoutis. Il n’y en a pas dans les rues d’une ville. Quand on est chasseur et qu’on se retrouve avec les armes, les amulettes et autres dans les rues, on est criminel, on n’est pas chasseur. Nous, nous sommes des fils de chasseurs, nous défendons l’intégrité de cette confrérie. Aujourd’hui on est en train d’utiliser les chasseurs. Pour ce machin qu’on appelle scrutin, on a vu en Forêt, des Dozos qui étaient la force de sécurisation du vote. Est-ce que ça étonne qu’on ait connu des fosses communes à N’Zérékoré ? Non ! A N’Zérékoré, ce qui s’est passé, c’est encore une page plus noire. Personne ne peut vous dire combien de personnes ont été exactement massacrées à N’Zérékoré. Et ça continue encore. Parce que nous avons des éléments sonores, des déclarations que certaines autorités sont en train de faire de village en village. Il faut qu’il y ait une enquête, il faut que tous ceux qui sont en train de participer à cela soient identifiés et traduits en justice. Parmi eux nous connaissons certains qui sont en train d’allumer le feu. Il faut que l’enquête permette de mettre la main sur eux, les traduire en justice et les condamner.

Guinéenews.org : les affrontements à N’Zérékoré sont devenus récurrents. Certains pensent que le bât blesse au niveau du règlement de ces conflits. Partagez-vous cet avis ?

Dr Faya Millimono : Je crois que lorsqu’on fait de l’impunité une méthode de gouvernance, on répète l’erreur. Tant que la justice ne sera pas faite, nous continuerons à vivre des drames de ce genre. Je crois, dans un article que j’ai lu, on dit qu’en 28 ans, il y a eu au moins neuf affrontements à N’Zérékoré. Et à chaque fois, ce sont des innocents qui perdent la vie. Il faut que tous ceux qui, de près ou de loin, sont impliqués dans ces manipulations soient identifiés et extraits parmi nous. Il y a un acte qui a été posé par Alpha Condé, qui prouve clairement que ce qui s’est produit était prémédité. Certains fils de la Forêt y étaient en campagne électorale et certains ont participé à ces manipulations. Je parlerai de deux qui sont tous des hommes en uniforme. Pivi et Tiégboro étaient en Forêt pour la promotion du 3ème mandat. Il y a eu affrontements et ces affrontements étaient principalement entre nos frères Konians et nos frères Kpèlès. Nous savons le lien des deux personnages avec les deux communautés. Pourquoi Alpha Condé a-t-il demandé à Pivi de quitter-là sans demander la même chose à Tiégboro ? C’est une question de bon sens. Si je suis juge, on ne peut pas me dire de juger mon fils. Je dois me récuser. On peut demander à Pivi et à Tiégboro d’aller, chacun apporter à consolider la paix. Mais au moment où il y a affrontements, les deux sur le terrain, chacun peut prendre position en faveur du groupe auquel il appartient. Pourquoi enlever l’un et garder l’autre ? C’est une question que l’on doit se poser. Je suis pour qu’on ramène tous les deux à Conakry en appelant au calme et maîtriser la situation. Cette situation est en train de continuer à cause de la présence à N’Zérékoré de Tiégboro. Nous sommes en train de recevoir des éléments sonores de toutes les déclarations qu’ils sont en train de faire village après village. On menace dans certains villages de faire ce qu’on a fait à Womey. On a des éléments sonores. C’est pourquoi nous demandons à la communauté internationale d’intervenir. Il y a eu beaucoup de morts. Quand on est face à un crime, la première question qu’un bon policier doit se poser, c’est à qui a profité le crime. Qui avait intérêt à N’Zérékoré qu’on ne connaisse pas les noms de ceux qui ont été tués, qu’on ne connaisse pas les identités des personnes qui ont été tuées et à les enterrer nuitamment ? C’est Alpha et la bande de criminels autour de lui. Il faut que cela soit éclairci. Parce que nous voulons une Guinée paisible. Nous sommes de ceux qui croient que c’est ensemble dans la paix que nous pouvons construire ce pays et en faire un paradis. Les ressources sont suffisantes pour cela. Il faut qu’on arrive à extraire parmi nous ceux qui ne savent que cultiver la haine entre nous. Il faut qu’on sorte de la Forêt des milices qu’on appelle Dozos, il faut qu’on démantèle et qu’on désarme l’ULIMO. L’histoire de l’ULIMO est suffisamment documentée. Ça sera les passages obligés pour construire une véritable paix. Quelque chose qui a été un espoir, quand on appelait les gens au calme, il y a eu des témoignages où dans certains quartiers à N’Zérékoré, Konians et Kpèlès ont dit à tous ceux qui amenaient la violence arrêtez-vous là-bas, ici, nous vivons en paix. Donc aujourd’hui, il faut que nous déclarions la guerre à ceux qui empêchent l’unité dans le pays. Tant aussi longtemps que la justice ne sera pas faite, nous sommes en train de renvoyer à demain les affrontements.

Guinéenews.org : vous accusez deux hauts gradés de l’armée, mais il se trouve qu’il y a aussi des hauts fonctionnaires d’Etat qui y étaient, semble-t-il, au moment des faits…

Dr Faya Millimono : Bien entendu, beaucoup de ministres. Vous n’avez d’ailleurs entendu aucun d’entre eux dire un mot. Les gens de CODENOC, en fait c’est le génie de nos frères ministres qui ont élu domicile là-bas. Il fallait que ce projet passe coûte que coûte quitte à marcher sur les cadavres de leurs frères. Ils sont là-bas, nous n’avons encore entendu personne. Si vous faites des enquêtes, vous trouverez que chacun d’eux a joué un rôle là-dans. Papa Koly est là-bas, quel rôle a-t-il joué ? Le ministre Rémy était là-bas. C’est à cause de la pandémie qu’il est revenu à Conakry. On ne l’a pas encore entendu s’exprimer sur ça. L’ancien ministre de la Santé, Gnakoye Lamah est aussi là-bas. Notre frère, celui que je respecte beaucoup jusqu’à ce qu’il ait fait son écrit éminemment professionnel, Me Zogbèlèmou était là-bas. Quel est le rôle qu’ils ont joué ? C’est au su de tous ces gens-là que des fosses communes ont été creusées pour enterrer des gens. Il faut que tout cela soit élucidé et qu’on sache qui a fait quoi. En tout cas, c’est une enquête indépendante qui peut les blanchir. On aurait dû, pour prendre des mesures, envoyer des gens pour mettre fin aux actions des milices sur le terrain et enlever tous les fils en arme qui pourraient prendre position dans les coulisses au profit d’un camp et au détriment d’un autre ; parce que nous voulons la paix.

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