En tout cas, jusque là, rien de définitif n’est obtenu dans l’application stricte de cette règlementation. Même si l’on note une certaine réduction de son intensité. Partout, dans les centres urbains et en zone rurale, cette pratique est observable.
Ou encore: «Tout le monde voyage comme ça depuis toujours, pourquoi pas toi ? »
Il y a aussi ceux qui, forts nombreux, restent dans la logique du fatalisme à toute épreuve : « Y a pas à s’inquiéter, l’accident c’est Dieu qui le décide. Tant que mon jour n’est pas arrivé, je ne mourrai point.»
Si ces arguments peuvent avoir des fondements plausibles à certains égards, il faut cependant souligner qu’ils ne sont pas, pour autant, une excuse à la pérennisation de la pratique du transport mixte.
Par ce biais, le nombre de victimes en cas d’accident a toujours été considérable. L’exemple, le plus éloquent et extraordinaire en la matière, reste celui des soixante (60) morts enregistrés en 2007 à Guéckédou, dans un accident de camion se rendant à un marché hebdomadaire. Un évènement gravissime qui avait eu un retentissement mondial. Triste publicité encore gravée dans les mémoires !
Fort heureusement, jamais plus un tel bilan n’est revenu dans les statistiques de nos services de sécurité routière. Les accidents dans le genre continuent cependant à endeuiller de nombreuses familles. Les femmes comptent parmi les principales victimes. Elles sont dans le commerce de produits qu’elles décident bien souvent d’accompagner à bord de camions, vers diverses destinations.
A observer de près la configuration des transports dans le pays, l’on entrevoit un changement qui pourrait inverser la tendance d’ici peu. Cela tient de l’évolution des comportements mais aussi de l’amélioration des conditions de circulation, tant du point de vue des infrastructures que de celui du parc automobile. Les véhicules semblent plus nombreux et arrivent presque partout. Moins de gens sont aujourd’hui tentés ou séduits par le transport via camion ou minibus bondé. C’est maintenant qu’il faut agir pour accompagner, structurer, organiser et renforcer cette tendance. Cela permet de protéger ceux qui, encore, s’attachent à cette pratique.
Autorités et citoyens ont chacun un rôle à jouer. Pour les premiers, il y a d’abord la sensibilisation permanente des citoyens sur les dangers du transport mixte. Ensuite, il serait utile d’apporter un appui au secteur privé pour un rajeunissement du parc automobile national et une meilleure réglementation des modes d’exploitation des véhicules. Parallèlement, il est souhaitable de combler les besoins en matière de transport en commun en renforçant l’offre par un développement sensible de la flotte de véhicules couvrant les zones urbaine et interurbaine.
Quant aux conducteurs, locataires et patrons, c’est plutôt leur appât du gain qu’il faut réfréner.
Toute cette situation, dommageable pour tous, tient à nos faiblesses habituelles dans la gestion des dossiers. Le laxisme, toujours de mise, dans l’encadrement, le contrôle et la sanction.
Les organisations socioprofessionnelles et les services de sécurité ont leur part de responsabilité dans la persistance de ce phénomène.
Depuis 1990, l’Etat dont la mission régalienne est de sécuriser les citoyens s’est engagé, à travers un acte administratif, à interdire le transport mixte. A partir de là, les services concernés par la mise en application de la mesure ont eu le chemin balisé pour travailler en toute liberté et en toute légalité.
Sont-ils encore en observation? Sont-ils confrontés à des réalités insurmontables ? Ces questions leur sont posées.
Les réponses permettront de mieux se pourvoir contre le mal qui nous cause des dommages.