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Circulation routière à Conakry : une page d’histoire à visiter

Eh, oui ! Il est bien agréable à revivre ce beau passé de notre circulation routière. Ne serait-ce qu’en son chapitre portant création des commissariats en charge de ce secteur. C’est l’inauguration de celui de Kobaya, le mois dernier qui nous inspire ce bref coup d’œil dans le rétroviseur. Histoire d’évoquer le chemin parcouru, revisiter les belles chroniques écrites par les devanciers, se souvenir de ceux qui ont ouvert la voie et marqué leur temps de bonnes et utiles œuvres et aussi, susciter des vocations chez les jeunes en quête de boussole pour booster leur avenir.

Ainsi donc, au commencement, notre pays avait un seul commissariat chargé de la circulation routière à Conakry. On l’appelait commissariat de la voie publique. Il était à l’actuel siège du commissariat spécial de la sécurité routière de Matam. C’était aux premières années de notre indépendance. Feu Fayra Condé en a été le premier commissaire.

A l’époque, policiers et gendarmes constituaient une seule et même unité. Les agents motocyclistes disposaient de motos BMW R 80. Ils assuraient quotidiennement la prévention routière entre Conakry et Kindia. L’astuce était simple et deux hommes suffisaient à la mener à bien.

Tous les matins, à heure fixe, deux motards prenaient le départ, respectivement à Conakry et à Kindia. La consigne pour chacun était de sillonner en aller-retour la route qui sépare les deux fédérations d’alors et revenir le soir, à sa base. Ils se croisaient donc deux fois, en des endroits divers que seul le hasard déterminait. Ils avaient tout l’accoutrement requis pour motocycliste de la sécurité routière en mission: casque, lunettes, gants, ceinturon, blouson, bottes, baudrier et colt qui pend en-dessous, sur le côté. De sorte qu’en le portant, nul ne pouvait les identifier formellement. Et chaque transporteur assurant la liaison entre Conakry et Kindia, dans les deux sens, les croisaient ou les (dépassaient !!??) inévitablement, en tenant compte de l’aller et retour de chacun des deux motards.

On le sait, les automobilistes, surtout les transporteurs, aiment à s’échanger des informations sur la position des agents sur la route. Pour s’épargner tous risques de palabres. Ils le font à travers une gestuelle bien à eux, que seuls les initiés peuvent comprendre. Mais là, d’après ce qu’on nous a rapporté, pour ce cas de figure, ils étaient bien embarrassés. Il leur semblait que les agents, attentifs et pointilleux sur le respect des règles de circulation, étaient partout. Les deux motards au départ passaient pour s’être métamorphosés en plusieurs. Comme clonés !

On les voit dans le virage, dans le hameau, à la rentrée du pont, sur la descente, à la remontée d’une colline, à la sortie du brouillard, sous le vent, sous la pluie, sur ligne droite, etc.

La rumeur faisant son chemin, grossissait, jusqu’à insinuer que la route est amplement surveillée par un nombre illimité d’agents. Ils sont partout et surgissent devant vous, comme diables sortis d’une boîte. Personne ne pouvait plus savoir où il pouvait les rencontrer et se faire sermonner ou au pire, verbaliser pour écart de conduite ou violation du code de la route. En fait, si tout cela était juste une impression d’ensemble, le moins qu’on puisse dire est qu’elle faisait gagner le pari de la prévention.

Ainsi, avec peu de moyens, en ces temps glorieux de la vie de notre nation, la prévention routière se portait bien, peut être même très bien, il faut le dire.

La question qui se pose alors est de savoir qu’est ce qui permettait d’obtenir un tel résultat, avec peu d’efforts et d’investissements ? La réponse que nous pourrions donner est qu’à cette époque, les populations, ou sinon les militants, pour bien rester dans le contexte, avaient un sens très élevé de la discipline, du civisme et du sens patriotique. Les lois et règlements régissant la circulation routière étaient mieux respectés.

Certes, on pourra arguer que le parc automobile était infime, les routes bitumées rares, les embouteillages et autres encombrements inexistants, mais à côté et sans nier qu’il y avait bien quelques problèmes de circulation, ici et là, le bon ordre public était observé dans une large proportion, comparé à ce que nous vivons aujourd’hui. Chacun faisait l’effort de respecter le code de la route, du mieux qu’il pouvait.

Parallèlement, il faut dire que les agents motocyclistes de l’époque et tous leurs collègues de la prévention routière ont contribué à asseoir le respect des textes en vigueur dans la circulation. De par leur comportement d’abord : ils étaient réputés sévères et exigeants, insensibles à toutes formes de pression, incorruptibles et justes. Ils avaient une grande capacité d’écoute qui leur permettait un grand discernement dans leurs prises de décision. Et la loi passait toujours, avant tout !

Le port superbe qu’ils avaient, quand ils étaient sanglés dans leur uniforme règlementaire, forçait l’admiration, impressionnait et imposait le respect. Ils avaient de la prestance qui obligeait les usagers à leur obéir en toutes circonstances. Autres temps, autres mœurs, aime-t-on à dire. A juste raison !

Le prestige ou sinon l’autorité de ces agents était telle que les usagers, avant d’atteindre le centre ville, se mettaient entièrement en règle dès le km 36. Ils corrigeaient les quelques défauts apparents sur leur véhicule, invitaient les passagers à s’asseoir correctement et arrivaient en ville, le plus prudemment possible.

Parole de nostalgique, dira-t-on, peut être. Soit ! Nous sommes aujourd’hui au huitième commissariat spécial de sécurité routière à Conakry.

Avons-nous changé pour autant et dans quel sens ?

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