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Cinquantenaire de l’exécution de 70 cadres guinéens: L’AVCB interpelle le CNRD 

Ce 18 octobre 2021 marque le 50ème anniversaire de l’exécution de 70 cades guinéens par le régime de feu Ahmed Sékou Touré. Fermé depuis deux ans, le l’espace réservé aux familles des victimes du Camp Boiro rebaptisé en 2010 en Camp Camayenne, a été ouvert ce lundi. C’est là que les membres l’Association des victimes du Camp Boiro (AVCB) ont pu commémorer ce triste anniversaire à travers la lecture du Saint Coran et le recueillement sur la fausse commune où avaient été enterrés de nombreux fils du pays.

Dans son discours de circonstance, Abdoulaye Conté, Secrétaire exécutif de l’AVCB, a d’abord salué des actes du président de la transition qui, selon lui, a un intérêt particulier au respect des droits humains en général et au respect de la mémoire de toutes les victimes des violences d’Etat subies en Guinée de 1958 à 2020. Il rassure de l’engagement de son association à accompagner le Colonel Mamadi Doumbouya « dans la mesure de son objet social qui vise principalement à obtenir la réhabilitation et la justice pour les victimes des différentes Républiques. »

« Pour rappel, l’année 1971 a été une année sombre pour la Guinée. Ainsi, le 25 janvier 1971, furent exécutés (dont des dizaines de pendus à travers tout le pays) tous ceux qui avaient été accusés à tort pour la plupart d’avoir été impliqués dans l’agression de la Guinée par les mercenaires portugais en 1970, ainsi que ceux qui étaient déjà en prison au moment de l’agression. Les nuits du 31 juillet et du 18 octobre 1971 resteront gravées aussi dans nos mémoires par l’ampleur et la cruauté des exécutions de militaires et de civils », a rappelé Abdoulaye Conté, avant de signifier que l’impunité accordée à assassins ont conduit à d’autres assassinats : « […] Le camp BOIRO et cette politique généralisée de violences ont enfanté les crimes de 1985, les crimes de 2006 et 2007, les crimes de 2009 et les crimes pendant les 11 ans de Alpha CONDÉ. Tous les crimes trouvent leur origine dans les pratiques de torture, d’avilissement de la personne humaine pratiqués pendant 26 ans au camp BOIRO.  Il y a même des fosses communes à l’intérieur, dans la partie carcérale», a rappelé Abdoulaye Conté. »

Depuis 2015, le rapport de la commission provisoire de réflexion sur la réconciliation nationale est disponible, mais les recommandations de cette commission n’ont pas été mises en application. Le président de l’AVCB demande au colonel Doumbouya de faire aboutir ces conclusions pendant cette transition :

 « Nous vous encourageons à poursuivre et faire aboutir les conclusions de la commission de réflexion sur la réconciliation nationale mise en place en 2015, présidée par Mgr Vincent Coulibaly et El hadj Mamadou Saliou Camara et qui est le résultat de 5000 enquêtes de terrain, 730 entrevues personnelles, 104 focus groups, 56 rencontres communautaires. Ce rapport reflète ce que les Guinéens entendent par réconciliation nationale. Ce rapport devait être transmis à l’Assemblée nationale pour légiférer. Il pourrait être transmis au futur organe CNT. »

A l’occasion de ce 50ème anniversaire des exécutions, comme chaque année d’ailleurs, les membres de l’AVCB demandent la réhabilitation des victimes des différents camps de torture, l’annulation solennelle des « jugements de condamnation » à l’encontre des personnes concernées, et le rétablissement de la vérité sur les conditions d’obtention des aveux, et d’exécution des détenus ; la sécurisation (clôture) des charniers où sont ensevelis leurs parents, ainsi que la construction de sépultures dignes, permettant aux familles de s’y recueillir. Ils souhaitent également la restitution par un acte officiel à l’AVCB de la partie carcérale du Camp Boiro que le général Lansana Conté leur avait déjà restituée en 1993, mais dont l’accès leur a été interdit depuis 2020; la déclassification des archives officielles de l’Etat concernant les camps de torture ; la restitution des biens saisis par le régime de Sékou Touré, et non encore restitués aux victimes aux termes de l’arrêté de restitution édicté par le Comité militaire pour le redressement national (CMRN.)

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