Après avoir lancé les assises au pied levé, le président de la transition tente finalement de colmater les brèches. C’est dans cette optique que se situe la cooptation des membres du comité national des assises. Des personnalités issues de la société civile pour la plupart et dont la mission sera de contribuer à arrondir les angles, dans ce pays où les plaies provoquées par les régimes successifs restent béantes.
La nomination des membres du comité national des assises (CNA), avec en sus l’octroi de la coprésidence à Mgr Vincent Koulibaly et Elhadj Mamadou Saliou Camara, respectivement archevêque de Conakry et grand imam de la mosquée Fayçal serait une manière pour le colonel Doumbouya de rectifier le tir. En prenant en compte les réserves émises par maints acteurs de la société civile, qui dans leur lecture relative au bienfondé de ces assises, ont recommandé la prise en compte comme bréviaire le rapport produit par la commission nationale de réconciliation provisoire. Une commission qui était coprésidée par les deux personnalités religieuses citées plus haut.
C’est donc en homme averti que le colonel Mamady Doumbouya aurait décidé de confier le pilotage du comité chargé « d’élaborer le cadre méthodologique des assises nationales, de conduire le processus d’organisation des assises, d’assurer la participation effective de toutes les composantes de la Nation, d’élaborer le rapport final des assises assorti des recommandations à la haute attention du président de la transition », à Elhadj Mamadou Saliou Camara et Mgr Vincent Coulibaly.
Le jeu en valait certainement la chandelle. Quand on sait que les deux religieux sont mâtinés d’une expérience conséquente en la matière. Pour avoir revisité le sombre passé de la Guinée de 1958 à 2016, avec les yeux d’argus.
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Dans leur démarche mémorielle, ils effectuèrent ainsi des voyages d’étude dans des pays qui connurent les affres de la Guerre. C’est le cas de l’Allemagne et du Rwanda.
Bien que la situation guinéenne soit une goutte, comparée aux atrocités vécues dans ces états, il n’en demeure pas moins que notre pays est aussi tristement célèbre pour ses camps de concentration, tel que celui de Mamadou Boiro. Où plusieurs centaines de Guinéens furent exécutées pour des motifs fallacieux. Sans oublier toutes ces personnes qui jusqu’à une date récente continuaient de tomber sous des balles pour leurs opinions.
Ce travail titanesque abattu par les deux chefs religieux fut malheureusement rangé dans les tiroirs d’Alpha Condé. Dont la préoccupation première n’était pas de réconcilier les Guinéens, mais plutôt de s’arroger un troisième mandat.
Projet machiavélique dont il ne pouvait réussir la matérialisation qu’en jouant les uns contre les autres, en semant les germes de la division ethnique. Mais mal lui en a pris, puisque son troisième mandat sera écourté de manière abrupte par le colonel Doumbouya. Qui n’a rien d’un politicard. Et qui pour le moment, semble faire de la réconciliation des Guinéens, un gage de réussite de la transition. Même si l’environnement politico-ethnique risque de parasiter ces bonnes intentions.