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Arrêt sur image: un manque d’entretien effarant pour des conséquences sans limites

Un parfait hasard, s’il en existe réellement, nous a fait assister, comme en direct, à l’éclatement des deux pneus arrière de ce camion semi remorque qui nous précédait. Nous sommes à Koloma-Soloprimo, une zone à circulation très fluide, où les gros camions ne sont plus très visibles, depuis le déguerpissement de Kaporo-rails et alentours, qui servaient de dortoirs et de points de réparation pour des centaines de gros porteurs.

Ces deux pneus ont éclaté l’un après l’autre avant de se déchiqueter l’instant d’après. Le chauffeur  a continué de rouler sur la jante, sur une dizaine  de mètres avant de se raviser. Il a alors garé son camion sur le bord droit de la chaussée.

Si la perte est sèche, on peut espérer qu’elle ne ruine pas pour autant le propriétaire.

A ce jour, le prix d’un pneu de camion à l’état neuf, en fonction de sa marque et de ses dimensions et selon qu’il soit avant ou arrière, coûte  entre deux et quatre millions de nos francs et même plus, sur le marché. Et pour ce cas de figure, il faut également penser à remplacer une jante au moins qui est tordue, après que le camion ait roulé dessus un moment.

Mais, comment une telle situation peut-elle arriver pendant un roulage. Les explications sont multiples : les pneus sont usés ; ils sont à faible pression (sous-gonflés); le chargement du camion est excessif, le système de freinage est défectueux : les freins collent et provoquent un échauffement excessif ;  les roues freinent par ripages, etc.

On n’aura cesse de le répéter, le pneu est un élément essentiel pour tout véhicule. Quel que soit le poids, le gabarit ou la forme de celui-ci, il n’est en contact avec le sol que par le pneu. C’est lui qui permet l’adhérence à la chaussée et c’est par lui que se transmettent toutes les sollicitations du conducteur. Dans la formation des conducteurs,  surtout chez les pétroliers,  l’accent est mis sur les différentes fonctions que le pneu assure. On s’attache à faire comprendre aux stagiaires que le pneu d’un véhicule le porte avec sa charge ; le guide et le dirige ; lui transmet des couples moteur et freineurs. Il amortit également les chocs en tant qu’élément de la suspension et du confort, roule en économie sous tous les climats et types de sols et dure, le plus longtemps possible pour assurer toutes ces fonctions citées.

Ces experts soutiennent également que l’art du pneumatique réside dans la recherche de l’équilibre entre ces différentes fonctions.

Heureusement, pour ce cas précis que nous voyons à l’image, cet éclatement de pneus ne s’est pas produit à pleine charge, à grande vitesse et sur terrain en déclivité en rase campagne. Le conducteur aurait pu perdre le contrôle de son véhicule et faire une sortie de route ou pire, un accident.

A bien observer les pneus éclatés, l’on se rend à l’évidence qu’ils sont, sinon  d’occasion ou à tout le moins, assez usés pour être changés depuis.

Mais les transporteurs, n’ayant pas tous encore atteint le professionnalisme souhaité dans l’exercice de leur activité, ne font pas grand cas de l’entretien ou de la visite technique. Les autorités compétentes du Département des Transports ont eu beau, maintes fois, annoncé et rappelé le caractère obligatoire du contrôle technique, rien n’est fait encore qui le concrétise. Aucune ligne n’a bougé jusque là. Ceux qui sont concernés ne semblent pas intéressés et ceux qui doivent faire appliquer attendent encore, on ne sait trop quoi.

Pendant ce temps, les problèmes liés aux pannes techniques que l’on pouvait diagnostiquer et faire soigner se multiplient chaque jour plus, au prorata du nombre de vieux véhicules en circulation. Et ces dits  problèmes sont graduels : de la perte de revenus pour le propriétaire à l’accident qu’il enregistre, en passant par la panne qui paralyse la circulation.

C’est aberrant de constater que bon nombre de transporteurs rejettent le  principe selon lequel, l’entretien et le contrôle technique sont des facteurs d’économie. Et les voilà qui biaisent encore et toujours, plongés qu’ils sont dans l’amateurisme, la facilité et l’improvisation. Et, aussi paradoxal que cela peut paraître, ils pensent et disent faire ainsi des économies et engranger des bénéfices, en s’épargnant d’assurer l’entretien correct de leur véhicule et  de le soumettre au contrôle technique.  Jusqu’au moment où une situation grave de panne ou d’accident arrive. Et tout l’argent amassé, soit disant économisé, sort alors, comme par la fenêtre, pour faire face aux réparations. Sans pouvoir y suffire, quelque fois. Et on repart encore de zéro, jusqu’à l’extinction du parc.

Avant même que tout cela n’arrive, des signes précurseurs interpellent, l’air de rien, le transporteur. Les pannes et la consommation de carburant et lubrifiants s’intensifient au fur et à mesure des rotations de son camion. Mais, le fait d’évoluer dans l’informel et de manquer de formation, donc de planification, l’empêche de comprendre ce qui lui arrive. Une baisse de recettes l’interpelle d’abord. Mais, ne cernant pas tous les paramètres qui animent la profession, il met plutôt à l’index, une conjoncture défavorable du marché pour expliquer cette tendance à l’amoindrissement de ses revenus. Ce qui n’est hélas, pas toujours le bon diagnostic. Et le maintien de cette tendance ne tarde pas à produire des effets désastreux sur l’entreprise. Notre transporteur voit son business péricliter, avant de s’arrêter définitivement.

Des études et rapports diagnostics ont été faits à propos, par nos partenaires intéressés à nous accompagner dans le développement des transports. C’est le cas de l’Union Européenne, notamment , qui a toujours recommandé la professionnalisation du secteur. Ce qui nécessite qu’on le restructure et le réorganise, de fond en comble. Tout a été planifié pour atteindre cet objectif majeur.

Depuis longtemps que ces acquis sont obtenus, la mécanique pour leur mise en œuvre  semble connaître une panne. Le diagnostic tarde  à être connu. Pourvu que ce ne soit pas sclérosant ou, au pire, fatal pour cet important secteur dont l’incidence sur le développement socio-économique  du pays est bien réel.

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