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Appel à enquêter sur les tueries en Guinée: réactions croisées de 3 organisations de la société civile

Amnesty International a publié hier, vendredi 12 mai 2023, un communiqué dans lequel elle demande une enquête approfondie sur les tueries par balles survenues lors des mobilisations pacifiques appelées par les forces vives de Guinée. En réaction à cette déclaration, des acteurs de la société civile et de la protection des droits de l’homme se sont réjouis qu’Amnesty International prenne en compte cette problématique qu’il faille éradiquer définitivement du système.

Abdoul Sacko, coordinateur du Forum des Forces Sociales de Guinée, estime qu’Amnesty International a pleinement joué son rôle en rappelant aux autorités de la transition leur devoir régalien d’une part, mais aussi leur responsabilité morale. « Il est inadmissible que des Guinéens puissent tomber comme des mouches uniquement parce qu’ils ont voulu exercer leur droit constitutionnel. C’est inadmissible que ceux qui ont pris le pouvoir pour donner des libertés au peuple puissent considérer un droit constitutionnel reconnu par les lois, la charte de la transition et les conventions internationales comme un frein à la démocratie et à l’épanouissement. Tant que le CNRD ne rendra pas justice aux familles endeuillées en retrouvant les auteurs des tirs qui ont tué les Guinéens pendant les manifestations, en tant qu’organe central d’orientation et de décision pendant la transition, il restera un coupable parfait, bien sûr avec pour complices les autres organes de la transition. Et tant que les manifestations pacifiques, conformément aux lois de la République et aux conventions, seront systématiquement empêchées ou interdites, les autorités de la transition seront toutes considérées comme coupables ou complices pour chaque droit violé dans l’exercice des libertés », a-t-il déclaré.

Pour sa part, Mamadou Kaly Diallo, activiste des droits de l’homme pour le programme « Démocratie sans violence la baïonnette intelligente », estime que l’utilisation de balles réelles pendant les manifestations sociales et politiques en République de Guinée est un problème réel. « Maintenant que Amnesty demande qu’il y ait des enquêtes sérieuses, je dis que c’est logique. Cela pourrait constituer une sorte de rupture avec cette impunité érigée en mode de gouvernance par les autorités, en particulier au niveau des forces de défense et de sécurité pendant les opérations de maintien de l’ordre. Nous avons vécu une situation similaire il y a 10 ans, où les gouvernements disaient toujours ne pas savoir qui avait fait usage de balles réelles, et nous voyons ces pratiques revenir avec les 7 morts jusqu’à présent. Non seulement le gouvernement n’a pas exprimé sa solidarité, mais en plus, aucune enquête n’a été annoncée concernant ces graves et systématiques violations des droits de l’homme. Cette déclaration d’Amnesty International vient donc à point nommé, et j’ose espérer que les autorités entendront raison et ouvriront des enquêtes afin que les présumés auteurs soient identifiés et traduits devant les tribunaux ».

De son côté, Ibrahima Aminata Diallo, président de la Coalition Nationale pour la Paix et Développement (CONAPED), soutient qu’il y a eu des morts dans la zone de l’axe : « nous avons vu une vidéo d’un civil avec une arme automatique en plein cœur de Cosa. Donc, je pense que les morts par balles ne sont même pas à discuter, c’est une évidence. Je pense que la boussole qui a été annoncée à l’avènement du CNRD au pouvoir le 5 septembre devrait se concrétiser par rapport à cette situation où nous avons eu 24 morts par balles depuis leur arrivée au pouvoir. La question est : les détenteurs d’armes ne viennent-ils pas avec l’intention de tuer ? Parce qu’on ne peut pas qualifier tout cela de balles perdues. Nous pensons que le maintien de l’ordre nécessitait des armes conventionnelles, notamment du gaz lacrymogène, à la rigueur. Et même ce gaz aujourd’hui, sa date de péremption est arrivée à terme et on est en train de nous intoxiquer », a-t-il déploré.

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