La journée du lundi 26 mars 2018 marque le trente-quatrième anniversaire de la disparition d’Ahmed Sékou Touré, le premier président de la Guinée indépendante. Une journée qui a été marquée par plusieurs activités commémoratives organisées par le Parti Démocratique de Guinée-Rassemblement Démocratique Africain (PDG-RDA) dont le président défunt a été le leader.
L’occasion a été mise à profit par des responsables politiques de porter un jugement sur la gestion du régime Sékou Touré. Interrogé par Guinéenews, Dr Deen Touré de l’UFR se prononce sur cette gestion et invite les Guinéens à faire une étude comparative entre la période coloniale et celle de l’indépendance pour mieux se faire une idée de ce qu’est devenue la Guinée indépendante aujourd’hui.
« C’est vrai que nous sommes à la 34ème année de son décès, mais aussi, il faut parler du temps qu’il a fait, c’est plus important, les 26 ans de pouvoir. Je dirais tout simplement que le président Ahmed Sékou Touré, qui a présidé à l’indépendance de la Guinée par le biais du référendum gaulliste du 28 septembre et qui a aussi été le premier président, a certainement fait quelque chose dans l’émancipation de l’homme africain. Il a aussi beaucoup participé à l’épanouissement de la culture. Et il a essayé d’avoir des résultats économiques qui n’ont pas été obtenus parce que tout simplement, il a utilisé les moyens ou les armes de la décolonisation qui n’ont pas pu être les armes du développement. Vous savez très bien que nous disons aujourd’hui que nous avons eu du retard à cause de la colonisation. Je dirais aujourd’hui que c’est un sujet qui peut se discuter maintenant. Nous avons connu 60 ans de colonisation, nous avons un peu plus de 60 ans d’indépendance. Si on fait la comparaison, qu’est-ce que la colonisation a apporté et qu’est-ce que l’indépendance a apporté et qu’est-ce que la colonisation a gâté, qu’est-ce le temps de l’indépendance a gâté, ça sera un sujet intéressant et on pourrait dire beaucoup de choses », a affirmé le député de l’UFR qui invite les Guinéens à faire un bilan comparatif de la période coloniale et celle de l’indépendance afin de parvenir à un développement réel.
«Je pense que les Guinéens doivent surtout regarder devant parce qu’il faut penser aux pays qui n’ont pas eu l’indépendance à cette époque. Quel est le bilan comparé, notre bilan par rapport à ceux du Sénégal et de la Côte d’Ivoire et tant d’autres pays. Le Sénégal, ce sont des siècles de colonisation, mais qui semble aujourd’hui plus avancé que la Guinée en termes de développement. Donc ça c’est un débat qui peut se faire au niveau des intellectuels. Et je crois que des conclusions tirées peuvent surprendre certains. Donc, la notion de parler trop du passé, en ce qui concerne la Guinée, à mon avis, doit s’arrêter. On dot plutôt parler du présent, on doit faire des bilans, on doit se mesurer aux autres. C’est vrai que nous avons des avantages comparatifs, mais nous n’avons pas valorisé ces avantages. Nous sommes le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest, on n’a pas suffisamment d’eau. Nous avons aussi une population qui se brasse bien, on n’a pas un pays qui a une mosaïque d’ethnies. Nous avons une religion dominante, tout ça ce sont des avantages, entre autres. Donc, il faut valoriser cela pour que nous arrivions au développement réel », propose le Conseiller personnel de Sidya Touré.
Quant au bilan du régime Sékou Touré, l’honorable Deen estime qu’il est mitigé : «pour tous ceux qui sont morts, je dirais que Dieu leur accorde le pardon. Le jugement dernier c’est à lui, mais je pense que c’est un bilan mitigé dont on ne peut pas se féliciter trop », martèle Dr Deen Touré.
Le député de l’UFR prône la réconciliation, mais demande que la vérité soit connue sur le passé historique de la Guinée : « Il faut que l’on sache que la mort, c’est la fin de toute chose. Quand on est mort, c’est le jugement de l’histoire qui compte et pour moi musulman, le jugement divin. Tout le monde sait qu’il y a eu énormément de morts en Guinée avec les prisons politiques. Il y a eu de la démesure, ça c’est sûr. Peut-être il y avait des gens qui méritaient seulement quelques années de prison, qui sont morts. Il y en a qui méritaient quelque mis-à-pied, ils ont été en prison. Moi-même je suis concerné. Des parents sont allés dans cette prison, il y en a qui sont morts. On n’a pas su la vérité. D’ailleurs, les gens réclament la vérité à ce sujet. Mais, c’est un passif de la Guinée et les Guinéens doivent pouvoir l’assumer par les voies nécessaires comme la réconciliation, la vérité et que chacun sache la vérité historique sur notre passé. C’est important de le savoir. Ce n’est pas une question de juger un seul homme, c’est une équipe qui a travaillé. Evidemment il y a toujours quelqu’un à la tête de l’équipe, cette personne est prépondérante. Naturellement, je ne partage pas du tout ce qui s’est passé, c’est démesuré, le nombre de gens qui sont morts pendant cette période, ça ne devait pas être comme cela.»