Aménagement routier: quand construction et destruction semblent aller de pair
Diao Diallo
A lire ce titre, ne nous imaginez pas entrain de verser dans l’exagération, le sensationnel ou l’affabulation fantaisiste. Il nous a semblé que c’était le meilleur intitulé à donner à ce texte. Nous voulons juste présenter une réalité tangible qui perdure et à laquelle nous avons même cessé de prêter la moindre attention, tellement elle fait partie du quotidien banal de notre ville. Et pourtant, cette réalité que les images affichées ici illustrent à suffisance est une réelle alerte qui nous interpelle tous. Il s’agit de la préservation de notre patrimoine infrastructurel, chèrement acquis.
Une route, tout le monde en veut, tout le monde en réclame. Quoi de plus normal, puisque la route est, pour tout pays, un facteur de développement des plus déterminants qui soient. Les autorités s’évertuent à en construire autant qu’elles le peuvent. A des prix astronomiques ! Le processus est continu, puisque ces voies que l’on bâti, ont une durée de vie déterminée à l’avance et doivent donc être entretenues et protégées contre toutes formes d’agression ou de destruction. Les ingénieurs le diraient mieux que nous. La première condition pour viabiliser une route c’est de lui adjoindre un réseau d’assainissement suffisant et de bonne qualité. Dans ce sens, la construction des caniveaux passe en premier. Ces ouvrages, communément appelés fossés, servent à la circulation des eaux de ruissellement. Ils protègent ainsi la route qui, autrement, serait prématurément détruite. En effet, si l’eau doit la recouvrir en permanence, surtout en saison des pluies, il est évident qu’elle va la raviner et ouvrir des trous, des sillons et des rigoles sur toute sa surface. On le dit même dans nos langues nationales: « fermez la route à l’eau, si vous voulez, elle se fraie toujours un chemin.»
Pendant ce temps, que voit-on-là, sur ces images ? Nous sommes sur le chantier Sonfonia-Kagbelen que le groupe Guicopres est entrain de réaliser. Il n’est même pas officiellement réceptionné encore que déjà, sa qualité et sa longévité sont compromises par des séries de comportements néfastes.
Des citoyens, surtout au niveau des marchés, ont complètement bouché les caniveaux par des dépôts successifs d’ordures. Si rien n’est fait pour y mettre fin, on a de la peine à imaginer ce qui va se produire à la prochaine saison des pluies. Toutefois s’il n’y avait que ça, on pouvait espérer conjurer le mal en curant systématiquement tous les caniveaux. Avec ce que cela peut coûter. Mais, il y a pire ! Pour continuer à utiliser le caniveau comme dépotoir, certains citoyens, ‘bien inspirés’, n’ont pas trouvé mieux que de le « vider » régulièrement par… le feu ! On brûle pour faire de la place. Ce qui affecte non seulement l’environnement, mais aussi l’ouvrage dont les éléments sont irrémédiablement détruits, «rôtis» qu’ils sont en permanence par le feu.
Pour pérenniser nos infrastructures, de tels comportements, qu’ils soient le fruit d’une violation délibérée ou le reflet d’une inconscience avérée doivent impérieusement cesser.
Citoyens, élus locaux, administration, services de sécurité, chacun a sa responsabilité engagée. Le sens civique mais aussi le respect de la loi sur la protection du patrimoine routier nous obligent à réagir. Pour que l’aménagement à grands frais de toutes ces infrastructures dédiées au développement de notre pays, ne soit pas vain.
Nous reviendrons amplement sur cet important sujet avec les ingénieurs du chantier et d’autres acteurs concernés par la gestion du patrimoine routier national.