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Ahmed Tidiane Souaré : « L’héritage du président Conté se lit à travers tous les acteurs politiques du pays »

22 décembre 2008 – 22 décembre 2018. Cela fera 10 ans ce samedi que le général Lansana Conté a été rappelé à Dieu. En marche vers la commémoration du dixième anniversaire de cette disparition du père du multipartisme -et par ricochet de la démocratie- en Guinée, votre quotidien électronique Guinéenews a rencontré celui qui a été le dernier Premier ministre de l’illustre disparu, pour parler de l’homme.

Dans cette interview, Ahmed Tidiane Souaré confie ce qu’il retient du défunt, non sans magnifier ses mérites, notamment à travers l’ouverture du pays au multipartisme. Lisez!

Guinéenews.org : nous nous acheminons vers l’an 10 de la mort du Général Lansana Conté. Qu’est-ce que vous retenez de l’homme ?

Ahmed Tidiane Souaré : le président Lansana Conté est entré dans l’histoire de ce pays pendant la Révolution. Puisqu’il était déjà aux côtés du président Ahmed Sékou Touré après le décès duquel il s’est emparé du pouvoir un certain 3 avril 1984. Depuis donc, j’ai évolué dans l’administration avec le président Conté. J’étais Doyen de Faculté à son avènement au pouvoir. Peu après, j’ai été faire une formation au Maroc. A mon retour, j’ai pris fonction à ses côtés au Comité de suivi. Donc, j’ai pratiqué l’homme jusqu’à son décès.

Ce que je puis vous dire, le général Lansana Conté est pleinement entré dans l’histoire de la Guinée. Et aujourd’hui, le souvenir que je garde de lui, c’est sa volonté farouche de défendre la paix, de promouvoir la tolérance, la démocratie, avec ses corollaires de liberté d’expression, de mouvement et d’association.

J’ai le souvenir de l’homme qui a apporté le libéralisme économique, avec son cortège de privatisation qu’on pourrait juger -pas complètement réussie- aujourd’hui. Cela n’engage que ceux qui le pensent ainsi. Mais en tout cas, c’était le premier à mettre la pioche dans tous ces chantiers de l’Etat dont bénéficie la Guinée aujourd’hui.

Guinéenews.org : le président Conté a dirigé le pays pendant 24 ans. Dix ans après son décès, qu’est-ce qu’on peut retenir de son héritage politique quand on sait que le PUP n’est aujourd’hui pas représenté au Parlement?

Ahmed Tidiane Souaré : d’abord, il faut dire que ce n’est pas le PUP, parti du Général Lansana Conté qui a forgé l’homme, comme on pourrait le voir avec d’autres leaders. C’est le Général Conté, président de la République qui est membre fondateur du Parti de l’Unité et du Progrès (PUP). Donc, parler de l’héritage politique du Général Lansana Conté ne se cantonnerait pas à la survivance, aux actions ou aux performances actuelles du  Parti de l’Unité et du Progrès.

On penserait également à l’Armée. On penserait à l’Administration. Parce que c’est tout ça, l’homme. C’est vrai que la dimension politique, par rapport au PUP comme tous les grands partis nationaux qui s’attachent à une personnalité, le PUP a connu ses difficultés, ses misères, sa traversée du désert à la disparition du président Conté. Mais ce que je peux dire, l’héritage politique de Conté pourrait bien se lire au sein de l’UFDG, puisque le président de l’UFDG est un ancien Premier ministre du Général Conté.

Cet héritage pourrait se lire au sein de l’UFR à travers les idéaux que défendent ce parti. Puisque le président Sidya Touré est un ancien Premier ministre de Conté. Le PEDN à travers le Premier ministre Lansana Kouyaté. De la même manière, le PUP est dirigé par un compagnon de Conté. Je n’ai pas terminé la liste. Moi même tout comme le Premier ministre Komara, qui n’a pas été Premier ministre au temps de Conté, mais qui a été membre du Comité transitoire de redressement national (CTRN), à l’origine de la rédaction de notre Loi fondamentale.

Donc, l’héritage du président Conté se lit à travers tous les acteurs politiques du pays. Je pourrais même dire que cet héritage se lit à travers le président Alpha Condé. Parce que c’est à la faveur de l’ouverture du pays. C’est à la faveur de la consécration du multipartisme par notre Constitution que tous ces acteurs politiques sont venus sur le terrain. Il ne serait pas honnête de la part de qui que ce soit de minimiser, à fortiori, d’occulter l’héritage politique du Général Conté.

Guinéenews.org : à la faveur de l’anniversaire de cette disparition, vous organisez tous les ans des cérémonies commémoratives pour perpétuer les œuvres du défunt. Qu’est-ce qui est prévu cette année ?

Ahmed Tidiane Souaré : la même chose que par le passé. Et cela sera piloté par le Parti de l’Unité et du Progrès en relation avec la famille biologique de l’illustre défunt et tous ses anciens collaborateurs. Donc, il y a des prières qui sont prévues le vendredi 21 décembre à Moussayah, au Lac avec des invités venus de tout le pays. Et le vendredi 22 décembre sera la clôture de cette grande manifestation commémorative de l’an 10 de la disparition du président Conté. Je profite de l’opportunité que vous m’offrez pour dire à tous les proches compagnons du président Conté que nous avons devant nous la nécessité de nous unir.

Nous avons la nécessité de nous comprendre, la nécessité d’aller à la culture de la paix et du combat pour le développement du pays, parce que nous avons un bilan commun à défendre: c’est celui de l’introduction du libéralisme. C’est celui de l’introduction de la Guinée dans le monde démocratique avant la Conférence de la Baule, en France. Nous avons tous ces bilans à défendre.

Les bilans des infrastructures, de la lutte contre la pauvreté, de la lutte contre l’endettement, de la lutte pour la construction pays aussi bien dans les infrastructures routières, énergétiques que sociales, le président a initié beaucoup de choses:  le Programme élargi de vaccination, la promotion de l’Enfance. Nous avons tout cela à promouvoir et à défendre. Nous avons des conseils à donner aux dirigeants actuels si nous ne pouvons pas être des dirigeants actuels.

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