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Affaire Troisième Mandat : les histoires de gros sous (miniers) derrière la Présidence à Vie

Le Professeur Alpha Condé est souvent affublé du titre de « Premier Président Démocratiquement Elu » de Guinée. Au soir de son deuxième et dernier mandat, l’héritage important qu’il aura laissé est d’avoir contribué à ramener le pays dans le cercle des nations qui aspirent vers la démocratie, après plus de 50 ans de régimes despotiques.   Celui qui a promis d’être le « Mandela et l’Obama » de la Guinée a tout intérêt à ne pas être « l’Alpha et l’Omega » de l’expérience démocratique du pays. Qu’est qui pousse donc le Président guinéen à maintenir les velléités d’une présidence à vie ?

Quels chantiers à achever dans un troisième mandat ?

L’argument de chantiers économiques à achever dans un mandat de plus ne tient pas.  La performance économique des deux mandats a été franchement très médiocre. L’obscurité de Conakry qui continue de vivre les délestages électriques du temps Conté, le manque de progrès dans la desserte en eau potable, les routes étroites et défoncées de l’ère Conte, les bouchons interminables qui paralysent la circulation sont éloquents.  Comme l’a dit un opposant, « la Guinée c’est la RCA, la guerre en moins ». La performance du régime Condé en matière de gouvernance et de développement économique durable est l’une des plus faibles d’Afrique. Du point de vue gouvernance, la performance de la Guinée, mesurée par la note globale de la CPIA est de 3,2 sur 6, soit un progrès de seulement 0.2 point par rapport à l’année de la fin du régime Conte en 2008.  Le constat sans appel de la note CPIA est la faiblesse de la gouvernance des institutions du secteur public ou la Guinée d’Alpha Condé est notée 2,9 sur 6.

Dans tous les classements régionaux et globaux, la Guinée n’est comparable qu’aux pays fragiles en proie à la guerre.  Dans le classement de l’Indice Mo Ibrahim, la Guinée d’Alpha Condé occupe le peloton de la honte dans la sous-région. Par exemple, les scores de création d’emplois et d’accès aux infrastructures sont plus faibles qu’au temps de Conté. Même si les investissements coûteux dans des barrages saisonniers ont mené à une légère amélioration de la desserte en électricité, les délestages continuent de plus belle.  L’accès à l’eau potable est un luxe pour la majorité de la population. Les scores sur le progrès du développement humain sont aussi décevants par rapport au régime décrié de Conté. Sous le régne d’Alpha Condé, il y a eu la paupérisation accrue de la population (-15.3 points), l’affaiblissement des efforts envers la réduction de la pauvreté (-2.3 points), et l’aggravation de l’inégalité des revenus (-23.8 points).

Qu’est-ce qui motive donc les partisans d’un mandat à vie pour Alpha Condé devant un résultat peu reluisant ? Votre quotidien a enquêté sur les tenants et aboutissants de cette question.  Nos recherches nous ont mèné à une découverte simple : l’appât du gain facile est la motivation principale des partisans de la présidence à vie. Comme dans la Cosa Nostra, les partisans cherchent un chef fort qui va faire la sale besogne et redistribuer le butin aux membres du clan.   

Affaire de gros sous et affairisme au sommet de l’Etat

De gros sous sont attendus des transactions en cours dans le secteur minier, et quiconque detient les leviers du pouvoir pourrait s’enrichir fabuleusement.  Alpha Condé est habitué à l’affairisme minier au plus haut sommet de l’Etat et a pris le gout de gérer de gros sous sans contrôle parlementaire ou juridique.  En effet, le Chef d’Etat guinéen est au centre de toutes les tractations et transactions commerciales de l’Etat. Il dirige le pays comme une entreprise personnelle.  C’est ainsi qu’il gère personnellement les 700 millions de dollars de Rio Tinto comme le gain personnel d’une loterie.  Le secteur minier est « sa » chose, ce qui lui vaut le surnom « empereur des mines » dans la presse spécialisée.  Dans une interview qu’il avait accordée à Antoine Fonteneau de la Chaine TV5 – Monde le 25 Juillet 2014 en marge du sommet Forbes Afrique il fait le point de ses actions comme un PDG d’entreprise : « j’ai récupéré Simandou 1 et 2, et vous savez tout ce que ça m’a couté ; j’ai fait un code minier que tout le monde trouve révolutionnaire ; dans tous les contrats, j’ai 15% d’actions gratuites non- dissolubles… »  Tout récemment, il met au grand jour sa manie de personnaliser les affaires de l’Etat :  Très souvent on m’envoie des notes : telle société veut investir un milliard en fonds propre etc. lorsque je reçois ces messiers à la fin, ils me disent : garantie souveraine (rires) pourquoi je vais m’endetter pour une société ? Parce  que ça veut dire que si la dette n’est pas payée, c’est moi qui paie… On a même été escroqué ici. Il y a un homme d’affaire qui est venu ici qui a fait des propositions, mirobolantes, mais il fallait lui payer 300.000 dollars. Le gouverneur de la banque me dit non vraiment président paie, paie, paie. J’ai pris dans ma poche j’ai payé les 300.000 dollars. Le monsieur-là a disparu, on n’a plus jamais entendu parler de lui. »

La particularité de la Guinée est que les mines sont la vache laitière des politiciens.  Dans un pays pauvre ou les consciences se vendent au plus offrant, quiconque contrôle les mines n’aura pas besoin de s’encombrer de démocratie.  L’argent des mines assure la victoire politique et le soutien des lobbys politico-médiatiques associés aux multinationales minières suffit pour se donner une aura de crédibilité.  C’est pourquoi Alpha Condé a opté très tôt de recourir à l’affairisme minier pour servir ses ambitions politiques. Avant même d’être élu, il s’arrange à obtenir un prêt de 25 millions de dollars de Palladino, une société obscure du milliardaire Sud-Africain Walter Hennig, pour financer son coup électoral du 2eme tour des élections présidentielles de 2010.  Il offre en échange les ressources minières du pays qu’il entendait mettre sous sa coupe.

Alpha, le rentier politique

Dès son élection, Alpha Condé modifie le Code Minier pour exiger 35% de participation de l’Etat dans les projets miniers, et crée la Société Guinéenne du Patrimoine Minier (SOGUIPAMI) qu’il mettra sous son contrôle à travers le décret n°218/PRG/SGG du 11/08/2011.   La SOGUIPAMI avait pour mandat principal de (i) lever, recevoir, emprunter, placer sur le marché financier ou boursier et gérer des fonds pour financer la recherche géologique et développement du patrimoine minier ; (ii) recevoir des fonds par subventions et transferts, détenir, gérer les actions, les participations, les intérêts financiers et commerciaux de l’Etat guinéen dans les sociétés minières, les sociétés de commercialisation, de marketing, de transport de minerais et de produits dérivés.  Avec la SOGUIPAMI, Alpha Condé comptait émuler Eduardo Dos Santos de l’Angola qui avait mis en place la société pétrolière étatique angolaise Sonangol qu’il va instrumentaliser pour perpétuer son régime et enrichir sa famille.

Sous le couvert de la SOGUIPAMI, Alpha Condé contracte des prêts au nom de la Guinée dans les conditions les plus opaques (25 millions de dollars des Etats-Unis auprès de Palladino ; 150 millions de dollars auprès de la République d’Angola ; d’autres prêts encore non déclarés).  Les révélations de ces prêts secrets par la presse internationale suscitent des inquiétudes auprès des bailleurs de fonds qui étaient jusque là aveuglés par les déclarations de bonne foi d’alpha Condé sur sa volonté de promouvoir la transparence et la bonne gouvernance à travers l’unicité des caisses, la revue de contrats miniers, et la promulgation d’un code minier qui donne une bonne place aux exigences de bonne gouvernance.

En plus des tractations financières opaques conduites sous le couvert de SOGUIPAMI, l’entourage du Président décide d’en faire une structure d’investissement á plusieurs tentacules, avec la participation de leurs réseaux d’amis.  C’est ainsi que l’African Iron Ore Group Limited (AIOG) est retenu en 2011 comme la solution miracle pour permettre á Alpha Condé de lever 5 á 8 milliards de dollars représentant sa part de financement des infrastructures du projet Simandou.  AIOG est dirigé par Ethelbert Cooper, un entrepreneur richissime d’origine libérienne qui fut responsable chargé de la restructuration de la société libérienne d’exploitation de fer (LAMCO). Cooper avait fait appel á d’anciens cadres de la Banque africaine de développement (Bad), notamment le sénégalo-guinéen feu Babacar N’Diaye ancien président de la Bad et le mauritanien Ousmane Kane ancien ministre des finances et ancien Gouverneur de la Banque Centrale de la Mauritanie pour contribuer á lever la part de la Guinée dans le financement des infrastructures. Alpha Condé va plus loin. Il récompense l’AIOG avant même que celle-ci ne commence le travail de levée de fonds.  Il donne son aval á la proposition de la SOGUIPAMI de créer une société de holding pour les 51% de participation de l’Etat dans la société de projet des infrastructures de Simandou dénommée SPV Simfer, et il attribue 40% des parts de l’Etat á l’AIOG. Cette cession d’actions n’a pas de contrepartie financière et est obtenu contre la seule promesse de l’AIOG de travailler de concert avec la SOGUIPAMI pour le développement et le financement des infrastructures du projet de Simandou. Par conséquent, l’AIOG devient partenaire de l’Etat Guinéen dans la holding qui sera appelée Infrastructures Minières de Guinée holding (BVI) Ltd domiciliée au paradis fiscal des Iles Vierges britanniques.   En Décembre 2011, la SOGUIPAMI signe l’accord de joint-venture qui attribue définitivement les 40% des parts de l’Etat dans l’IMG á l’AIOG. Cette décision réduit la part effective de l’Etat dans la SPV Simfer de 51% á 30.6%. Mais le montage AIOG s’écroule comme un château de sable, comme on devrait s’y attendre, et fait perdre à la Guinée l’opportunité unique d’enfermer Rio Tinto dans un accord juridique qui l’aurait forcé à lancer le projet Simandou quelle que soit la conjoncture du marché du minerai de fer.

La ruse pour déjouer les contraintes du Fmi

Le gendarme de la Finance mondiale, le Fmi, qui avait été jusqu’alors complaisant avec Alpha Condé, tire la ligne rouge sur le rêve d’Alpha Condé d’instrumentaliser la SOGUIPAMI pour ses besoins politico-affairistes.  Une mission du Fmi demande la dissolution pure et simple de la SOGUIPAMI comme condition du PPTE au motif que cette structure gouvernementale était devenue un instrument de mal gouvernance économique. Le Président Alpha Condé est pris de court.  Il plaide alors pour une solution de compromis en acceptant de retirer les prérogatives commerciales de la SOGUIPAMI. Par le décret 093 portant « mesure transitoire de gestion de la société guinéenne du patrimoine minier », le Président marque son accord pour satisfaire les conditions du Fmi pour le PPTE, á savoir :

Alpha Condé accepte de se plier à ces exigences en vue de déblayer la voie à l’assouplissement de la dette.  Le 26 Septembre 2012, il obtient l’allègement de 2.1 milliards de dollars de dette de la Guinée en atteignant le point d’achèvement de l’initiative PPTE.  Inquiet des dérapages de gouvernance après le PPTE, le Fmi avait exigé du gouvernement de faire une étude du rôle approprié de la SOGUIPAMI pour éviter les risques financiers qu’Alpha Condé faisait subir à la Guinée pour financier ses ambitions politiques.  Cette étude était une condition de la facilité dite Extended Credit Facility (ECF) pour 2016-2020 que le Conseil d’Administration du Fmi avait approuvé le 11 Décembre 2017 pour environ 170 millions de dollars. Afin de remplir la condition, Alpha Condé modifie les attributions de la SOGUIPAMI par le décret D/2015/016/PRG/SGG du 12 Février 2015 pour faire la distinction entre les prérogatives de l’Administration minière et celles de la SOGUIPAMI.  Par ce décret, la SOGUIPAMI va opérer comme une entité́ de droit privé soumise au code minier et au droit sous-régional de l’OHADA. Ce décret précise que la SOGUIPAMI s’occupera des aspects financiers de l’activité́ minière, alors que le Ministère des Mines et de la Géologie se focalisera sur la réglementation et du contrôle de l’activité́ minière.

Faire de la SOGUIPAMI la vache laitière de la Présidence à Vie

S’inspirant de l’exemple de son copain et coquin Eduardo dos Santos qui s’était appuyé sur la Sonangol pour s’offrir quatre décennies de règne sur l’Angola et d’enrichissement familial basé sur le contrôle des recettes pétrolières du pays, Alpha Condé essaye de façonner la SOGUIPAMI à l’image de la Sonangol. Il décide de mettre la SOGUIPAMI sous sa tutelle, ce qui lui permet de gérer comme bon lui semble des millions de dollars de dividendes issues de participations de l’Etat dans le secteur minier.  Déjà le portefeuille actuel de la SOGUIPAMI comprend : (i) les sociétés en exploitation, notamment la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG 49%), la Société Anglogoldashanti (SAG 15%) et la Société Minière de Boké (SMB 10%); (ii) les sociétés détentrices de concessions minières dont AMC (10%), Bel air Mining SA (15%) et la Société Minière de Mandiana (15%) ; et (iii) les sociétés partenaires, dont Camen Ressources (15%), SMG (20%), Guinean Brain Trust (15% ), SBG (3%), AXIS Minerals (1%), Guinean Minerals Ressources (10%), EURASIAN (1%),  FAAR (1%). A la fin de l’exercice 2017, la SOGUIPAMI déclare avoir dépensé 73.2 milliards de GNF et généré 76.2 milliards, pour un résultat net de 3 milliards de francs. Ses sources de revenus sont la commission sur la vente de bauxite, les redevances minières, et les subventions.

Au début de cette année, Alpha Condé demande à ses conseillers de lui faire un état des lieux, notamment sur le secteur de la bauxite qui représente le plus grand secteur dans le portefeuille de la SOGUIPAM.  Les résultats de l’étude font ressortir une manne potentielle substantielle pouvant justifier le risque d’une Présidence à vie. Le secteur minier reprend du poil de la bête, et les perspectives sont bonnes surtout avec les amis chinois.  La Guinée avait dépassé l’Australie pour devenir le premier fournisseur de bauxite de la Chine. Les projets de bauxite poussent comme des champignons. Dans les prochaines années, il faut s’attendre à la mise en exploitation de gisements par la Compagnie des bauxites de Dian-Dian (1 milliard de tonnes) ; la société Friguia (300 millions de tonnes), la Compagnie des Bauxites de Kindia (18 millions de tonnes), l’Alliance Mining Commodities (1 milliard de tonnes), la Société minière de Boké (1,2 milliards de tonnes), et les intérêts chinois (3 milliards de tonnes).  Au total, il faut s’attendre à vendre au moins de 12 milliards de tonnes de bauxite avec un prix grimpant (environ $50 dollars la tonne), soit une valeur potentielle de 600 milliards dans les 300 prochaines années. De quoi faire rêver  une dynastie !

Le hold-up minier en cours d’exécution

Les retombées d’une telle manne pourraient faire tourner la tête à un affairiste.  La Guinée sera bientôt le centre mondial de la bauxite. La Compagnie des Bauxites de Guinée à elle seule contrôle 5.7 milliards de tonnes de bauxite et projette une production annuelle de 18,5 millions de tonnes, soit plus de 300 ans de dividendes potentiels ; la Guinea Alumina Corporation repose sur 1 milliard de tonnes pour une production de 12 millions de tonnes, soit 83 ans de dividendes potentiels ; Alufer Mining vise 185 millions de tonnes de bauxite, pour une production de 5,5 millions de tonnes, soit 33 ans de dividendes potentiels.  Ce n’est donc pas le bon moment de lâcher les rênes du pouvoir. Il faut procéder à un forcing pour ne pas perdre la manne minière.

Dans un pays à paradoxe où la population résignée accepte de vivre dans l’obscurité malgré un potentiel de 6000 MW, dans le manque d’eau malgré une pluviométrie importante et plus de 1 165 cours d’eau, dans la dèche économique malgré son statut de premier exportateur de bauxite, il est tentant de chercher à contrôler la manne minière.  C’est ce que Alpha Condé semble vouloir faire. Dès qu’il réalise le potentiel de business de la bauxite, il fait multiplier les mamayas grassement payées en vue d’acheter le soutien à son plan de se maintenir comme « Président à Vie ». Le 20 Avril 2019, il sort un décret inattendu qui ramène la SOGUIPAMI sous sa tutelle, pour soi-disant mettre en avant l’intérêt du peuple guinéen. Son décret abroge toutes les dispositions antérieures dictées par le Fmi pour assurer un minimum de gouvernance.  Désormais, la Présidence sous Alpha Condé gère les participations de l’État dans les sociétés minières et la promotion des permis miniers, négocie les contrats entre l’Etat et les sociétés minières, et se réserve le droit de détenir des permis miniers.

Dans cet affairisme ambiant, la SOGUIPAMI s’est trouvé un partenaire stratégique, CAMEN RESSOURCES qui réalise moyennant une rémunération compétitive, les études d’exploration des permis de la SOGUIPAMI. CAMEN assiste la SOGUIPAMI dans les négociations des blocs de bauxite anciennement détenus par BHP et à réaliser les études sur les blocs de bauxite et d’or de la SOGUIPAMI en vue de trouver des partenaires financiers.  

En dehors de la main basse sur la SOGUIPAMI, Alpha Condé est en train de mener un certain nombre de transactions de ventes d’actifs miniers comme l’a révélé tout récemment le magazine Africa Mining Intelligence (AMI).  Il est en train de négocier avec le milliardaire controversé Robert Friedland pour l’achat du gisement du Mont Nimba. Boubacar Sampil, un proche de la famille présidentielle qui avait aidé Sable Mining à obtenir du gouvernement guinéen l’accord sur le transport du minerai de Nimba à travers le Liberia doit se frotter les mains. Le Chef de l’Etat a aussi conclu un deal avec Benny Steinmetz et s’apprête à revendre Zogota pour 50 millions de dollars à Niron PLC, une société contrôlée par Nick Davis qui est trésorier du Parti Conservateur au Royaume Uni. Cette transaction qui rappelle l’Accord Transactionnel qui avait permis à Rio de verser 700 millions de dollars à Alpha Condé pour restaurer ses droits sur le Simandou.  La SOGUIPAMI elle-même s’apprête à vendre sur appel d’offres sous la tutelle de la Présidence un gisement lucratif de cobalt/nickel. Les proches d’Alpha Condé ne sont pas en reste. Selon AMI, des proches du Président ont créé Le 15 Avril 2019 le Guinea Investment Group pour se positionner par rapport aux opportunités lucratives du secteur minier. Les acteurs de ce groupe d’investissement sont Sidiki Nabé (frère de Louceny Nabé, gouverneur de la Banque Centrale et conseiller du Président sur la fameuse arnaque des 300,000 dollars), et de parents proches du Président Alpha Condé (Kaba Baro Condé, Mohamed Lamine Condé et Mohamed Condé).

Epilogue : tirer les leçons du sort de la Sonangol

Alpha Condé et le RPG gagneraient à connaitre quel fut le sort du contrôle de la Sonangol par le Président Eduardo Dos Santos.  L’instrumentalisation de la Sonangol à des fins politico-affairistes avait permis à la famille Dos Santos de s’enrichir énormément et de mettre le pays sous leur tutelle pendant une quarantaine d’années.  Le fils Zebu Dos Santos, a l’âge de 30 ans était devenu le plus grand banquier du pays. A l’âge de 35 ans, son père avait commencé à le positionner pour la succession en le nommant à la tête du fonds souverain angolais qui s’élevait à 5 milliards de dollars.   De son côté, Dos Santos permet à sa fille, Isabel dos Santos, de contrôler des contrats juteux dans plusieurs secteurs et d’accumuler une fortune si colossale que le magazine Forbes la classe comme la femme la plus riche d’Afrique. D’ailleurs, il met Isabel à la tête de la Sonangol, s’assurant ainsi que la vache laitière du pays est contrôlée par la fille, et le fonds souverain est contrôlé par le fils.

Les angolais voient mal ce népotisme insolent mais prennent leur mal en patience.  En 2017, Eduardo dos Santos est rongé et fatigué par l’âge et veut se reposer. A défaut de se faire couronner Président à vie, il décide d’imposer une dynastie en préparant son fils pour prendre la relève de son empire politico-affairiste.  Mais contrairement au RPG qui permet à Alpha Condé de faire tout ce que bon lui semble en Guinée, le MPLA, parti présidentiel angolais ne se laisse pas faire. Les pontes du parti prennent la responsabilité historique d’imposer un homme nouveau au parti et à la Nation.  Ils passent outre la volonté de Dos Santos et désignent le Ministre de la Défense Joao Lourenco comme le successeur de Dos Santos. Le 26 Septembre 2017, Lourenco est porté à la tête du pays. Le nouveau Président se donne pour mission de combattre la corruption qui avait gangrené le pays à travers l’instrumentalisation de Sonangol pour l’enrichissement de la famille présidentielle et leur maintien au pouvoir.  

Durant sa première année de pouvoir, Lourenço marque la rupture.  Il s’attaque à la culture de démagogie et de culte de personnalité, de népotisme, et de corruption au sommet de l’Etat.  Il vide l’Administration des personnes du clan de Dos Santos et sa famille. Il reprend la Sonangol des griffes de la famille de Dos Santos et vire Isabel dos Santos, qui avait été promue PDG de la boîte.  Il vire aussi le fils, Zenu dos Santos, du fonds souverain angolais, le met aux arrêts et annule tous les contrats juteux que le clan Dos Santos s’était attribué. Il écroue aussi le Gouverneur de la Banque Centrale, Valter Filipe, pour corruption et blanchiment de fonds et met à la disposition de la justice les membres du clan Dos Santos pour des poursuites criminelles.  

L’élite guinéenne est en train d’encourager un précédent dangereux en donnant le pays pieds et poingts liés à un politicien affairiste dans l’espoir de s’assurer une place de choix à la mangeoire alors que le reste du pays croupit dans la misère.  La fin peu honorable du Clan de Dos Santos en Angola devrait refroidir leur ardeur. Au lieu de rester les bras croisés et suivre l’aile opportuniste du parti, les responsables du RPG originel devraient s’inspirer de l’exemple du MPLA et trouver une solution qui préserve la place de leur parti dans l’histoire démocratique du pays.

A bon entendeur salut !

 

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