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Affaire AWAL-Guinée : les dessous d’une foire de duplicité entre deux associés

AWAL-Guinée, une société de concassage de granite, sise à Bawa, un district de la préfecture de Dubréka, traverse le pire moment de son existence. Cette entreprise qui pourtant était promise à un bel avenir, a vu malheureusement toutes ses perspectives resplendissantes compromises à cause de certaines vicissitudes incongrues de la vie. L’entreprise, à peine installée qu’on parle de son arrêt et de sa liquidation. Ses deux actionnaires qui devraient lui donner le souffle et la hisser au sommet, ne sont jamais arrivés à accorder leurs violons.

Et pourtant après sa mise en place, les premiers mois furent des plus fructueux pour AWAL-Guinée avec l’acquisition de plusieurs marchés juteux. Mais hélas ! Cette courte période faste est devenue aujourd’hui un lointain souvenir. On est donc passé de l’espoir à la désolation, des intrigues à la méchanceté voire à la haine entre ses principaux actionnaires.

Site de Concassage de AWAL Guinée à Bawa : ce  »fleuron » de tous les espoirs, devenu un odieux vestige de la discorde entre deux « frères » partenaires

A la suite à notre premier jet sur le dossier qui s’est fait un large écho de la version de la partie Mohamed Koné, l’un des deux actionnaires, en fin de week-end dernier, nous avons été dans le district de Bawa, sur le site de l’entreprise AWAL-Guinée, pour entendre les répondants de l’autre partie, celle d’Almamy Condé, l’autre associé et faire une visite des installations de concassage en vue d’asseoir notre propre gouverne sur la situation.

Sur le terrain, c’est un véritable spectacle de désolation qui nous a été donné d’assister : les machines clouées au sol, des épaves de vieux engins d’origine polonaise des années 50 sont éparpillées dans les broussailles ; les bureaux cadenassés, les broussailles en lieu et place d’un chantier tenu propre, des montagnes de granites qui flânent ça et là avec un seul gardien sans salaire des mois durant… Un lieu déserté depuis des lustres.

AWAL Guinée : de la genèse à la rupture

Face à cette triste réalité, on s’est intéressé aux raisons profondes ayant causé cette rupture entre El hadj Mohamed Koné et son frère Almamy Condé, jusqu’à immobiliser les machines sur le site et à parler aujourd’hui de la liquidation de leur bijou qu’est AWAL-Guinée.

Selon ce qui nous a été donné d’entendre ce jour-là, ressemble à un film western où le méchant Django, le destructeur avec un plan diabolique vient nuire aux efforts et au travail abattu par le Shérif pour le livrer aux ennemis.

Ainsi, aux dires de Billy Condé, le principal témoin de la création de la société jusqu’ à son arrêt, tout est parti de 2016 quand, Elhadj Mohamed Koné, de retour au pays après une longue période d’aventure « infructueuse’’ en Côte d’Ivoire, l’a approché pour lui annoncer son projet d’installation d’un site de concassage de granite en Guinée. C’est presqu’en larmes que ce transporteur débauché pour la cause, nous raconte ce qu’il qualifie ‘’d’odyssée » d’Almamy Condé pendant six ans.

« C’était un 27 mai de 2016 qu’Elhadj Mohamed Koné ( ici à l’image) m’a approché pour me parler de son projet de mise en place d’une carrière de granite. Il m’a demandé, séance tenante, si je pouvais en parler à mon frère Almamy Condé. Lui (Elhadj Mohamed Koné, ndlr), il n’avait pas assez d’argent pour s’engager tout seul. Dès que j’en ai parlé à Almamy, il a donné tout de suite son OK. Les deux se sont rencontrés ensuite et ils ont décidé d’installer la carrière tout en me demandant d’assister Elhadj Koné puisqu’Almamy n’a pas le temps. On a mis l’argent à la disposition d’Elhadj Koné pour l’achat d’un concasseur et autres machines.

C’est ainsi qu’il s’est rendu en Europe, plus précisément en Pologne, à la recherche des machines. Fort de mon expérience en tant que machiniste, je lui ai conseillé d’acheter les engins de qualité. Le 14 décembre 2016, il rentre en Guinée avec les machines presqu’en pièces détachées, des épaves on peut dire ainsi. Sans catalogues ni filtres, pendant neuf mois on était en train d’installer les machines. Il n’y avait pas d’appareils qui pouvaient faire fonctionner les machines.

C’était des vieilleries. Des machines, des camions-bennes ramassés dans des poubelles en Pologne. Des machines datant des années 1800.

Entre-temps, ce long moment qu’on mettait à tourner en rond sans faire démarrer les machines, inquiétait Almamy Condé, le grand bailleur de fonds. Alors, il était question qu’on aille le voir pour lui expliquer la situation. Le vieux Ehadj Koné, sachant qu’il a fait un faux achat, a refusé dans un premier temps de rencontrer Almamy à cause de la honte. C’est sur notre insistance qu’il s’est rendu un soir chez Almamy, à son domicile. Mais, il n’a pas eu le courage d’exposer les vrais problèmes. Il a fallu qu’Almamy, lui-même, vienne ici sur le site pour voir les épaves que le vieux Elhadj Koné est allé ramasser en Pologne. Après ce triste constat, Almamy a mis la main à la poche pour me donner de l’argent pour faire appel aux vrais techniciens et acheter les pièces convenables manquantes.

Après l’installation des machines, on a été encore confronté à un autre problème. Les vieilles machines ont refusé de tourner comme il se devait. On a fait de nouveau appel à Almamy qui sans hésiter, a payé de sa propre poche pour remplacer toutes les pièces défaillantes. C’est ainsi que le travail a pu débuter. L’usine a vraiment travaillé et à plein régime entre 2018 et 2019. Mais Elhadj Koné est invivable. Il ne s’entendait avec personne sur le site. Tous les travailleurs se plaignaient de lui. D’où sa mise à l’écart du site. Il pensait que c’était moi la cause de cette décision. Parce que moi, je veillais sur les machines en tant que technicien, sur les travailleurs. Lui, Ehadj Koné, gérait les fonds qui entraient. Et je vous apprends qu’il est le seul signataire au niveau de la banque. C’est lui, seul, qui gère l’argent de AWAL-Guinée. On est resté ainsi jusqu’au 21 février 2020, le jour où il est allé se plaindre chez mon frère Almamy pour me chasser du site sous prétexte que je suis un voleur. Il m’a traité de tous les noms d’oiseaux devant mon frère qui, sous la pression, m’a demandé de quitter les lieux. Depuis lors, je suis parti. Cinq mois après mon départ, l’usine s’est arrêtée. Tous les travailleurs sont partis parce qu’ils ne percevaient plus leurs salaires », a témoigné Billy Condé.

Des causes possibles de ce divorce inattendu jusqu’à la liquidation envisagée de AWAL-Guinée

A la question de savoir ce qui a provoqué la rupture entre les deux actionnaires de AWAL-Guinée jusqu’au point qu’on arrive aujourd’hui à sa liquidation, Billy Condé, notre interlocuteur, nous apprend qu’il ne sait pas réellement ce qui a dû se passer entre-temps pour mettre les deux partenaires dos à dos. Seulement, il lui a été demandé un matin de se rendre sur le site pour accueillir une mission de la gendarmerie dépêchée par les nouvelles autorités du pays.

« Les gendarmes étaient venus ici, sur le site. Mais, ils étaient surpris quand ils ont vu les vieux camions-bennes et autres machines que la terre et les broussailles sont en train d’ensevelir. Parce qu’on leur a fait croire qu’Amamy Condé avait une grande carrière de production de granite qui brassait des milliards de francs guinéens par semaine. Quand ils ont vu toutes ces épaves, ils n’en revenaient pas. Ils se sont rendus compte que les gens ont monté des faux dossiers pour nuire à Almamy Condé. Mon frère est victime de sa gentillesse », dira-t-il avant de continuer : « tous ces camions, les machines, le concasseur, le tapis que vous voyez là, Almamy les a achetés avec son propre argent. Tout ce qu’El hadj Koné a acheté en Pologne, n’ont jamais fonctionné depuis qu’on les a déposés ici. Il parle de liquidation, il va liquider quoi ? Ces épaves là ? D’accord ! Quand Almamy va récupérer ses camions, ses machines, son terrain, tout ce qu’il a acheté… on verra ce qui va rester. Depuis qu’El hadj Koné a pris les rênes de la société, les travailleurs, les gardiens, personne n’est payé jusqu’ici. Tous les gardiens sont partis, il ne reste qu’un seul.

Les confidences d’un travailleur de AWAL Guinée

Quant à cet autre travailleur qui était présent ce jour de notre passage sur le site et qui semble aussi bien imprégné des relations entre Almamy Condé et Elhadj Mohamed Koné, il nous révèle, sous le sceau de l’anonymat, ceci : « El hadj Koné pense qu’Almamy, de par sa position, devrait lui donner des marchés pour son entreprise de BTP (HYDROGUI). Le fait de n’avoir pas obtenu beaucoup de marchés de l’Etat à travers Almamy, cela l’a frustré. Il raconte par ailleurs qu’Almamy n’a pas pu débloquer à temps ses deux factures au niveau du budget, alors que le monsieur s’est battu au niveau des finances pour débloquer la situation ! El hadj Koné n’est gentil. Il est allé jusqu’à photographier la cour familiale d’Almamy au village (Koumban, situé à environ 25km de Kankan), à photographier ici et là les villas, les immeubles dans les quartiers de Conakry pour montrer aux nouvelles autorités que ce sont des réalisations d’Almamy. Tout est faux ! Il veut profiter de l’arrivée des militaires au pouvoir pour créer des problèmes à son ex associé. Et pourtant, c’est Almamy qui a fait de lui ce qu’il est aujourd’hui. Il a quitté la Côte d’Ivoire les mains vides. Cet ancien ferrailleur de la casse d’Adjamé, à Abidjan en Côte d’Ivoire n’avait rien quand il débarquait à la gare routière de N’Zérékoré. C’est Almamy qui l’a soutenu, qui l’a aidé. Aujourd’hui, il se bombe le torse pour le trainer dans la boue. Il mangeait avec lui dans la même assiette. Il quittait chez lui à quatre heures du matin pour venir faire prier la mère d’Almamy. Il a juré la main sur le Coran qu’il ne trahira jamais son frère Almamy. A chaque fête de Ramadan, de Tabaski, Almamy lui offrait un bœuf… C’est de cette manière, lui, Elhadj Koné peut le récompenser ? »

Découverte d’un étrange élément sonore dont le contenu est attribué à Elhadj Koné

A la faveur de notre visite, l’occasion nous a été donnée d’écouter également un audio attribué à Elhadj Mohamed Koné où il soutenait qu’il n’a déboursé que 640 000 dollars US comme quote-part pour l’installation et le fonctionnement de la société (AWAL-Guinée). Et qu’il aurait été forcé par les gendarmes de gonfler le chiffre à 1 million deux cent mille dollars américains. Dans ledit audio, il jure avoir retiré sa plainte contre son frère Almamy et jamais il ne reviendrait sur ce dossier. Tout ce qu’il souhaiterait, selon toujours cet élément sonore, c’est de voir son frère Almamy Condé, prendre son téléphone pour qu’ils parlent et que le pont soit rétabli entre eux.

Par ailleurs, interrogée, la partie du plaignant, El hadj Koné Mohamed, maintient ses propos contre Almamy comme nous l’avions déjà relayé dans la première tranche qui est déjà publiée sur ce dossier.

Il faut retenir que les deux frères sont à couteaux tirés aujourd’hui. La société AWAL-Guinée qui devrait faire leur bonheur, leur a fait plus de mal que de bien. Almamy Condé doit-il regretter le jour où son chemin et celui de Mohamed Koné se sont croisés ? En tout cas, le chantier que nous avions visité le jeudi dernier est loin de trouver un repreneur, s’il est question de la liquider. El hadj Mohamed Koné reviendra définitivement sur de meilleurs sentiments pour faire la paix avec Almamy Condé qui, nous dit-on, a tout perdu dans cette affaire ?

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