En Guinée, l’accès au financement des petites et moyennes entreprises (PME) reste un véritable casse-tête. Dans le but de résoudre cette problématique, les acteurs de la finance comptent mettre en place une initiative qui a eu du succès en Côte d’Ivoire, c’est la « Finance S’Engage » qui a est une initiative de ESPartners.
Ce mercredi 31 mars, des acteurs de la finance, des membres du gouvernement, des entrepreneurs ont participé à l’atelier de restitution du rapport de l’étude sur les « données pour la croissance » dans le but de mettre en place l’initiative la « Finance S’Engage ». Etant une initiative structurante et innovante, la « Finance S’Engage » vise à améliorer l’accès au financement des PME et « s’articule autour d’une plateforme de mobilisation des acteurs clé, pour apporter des solutions concrètes à la problématique de l’accès au financement des PME, informées par des données fiables, produites et mises à jour à travers l’enquête : « Données pour la Croissance».
En Guinée, la première édition de l’étude « Données pour la croissance » a été réalisée par ESPartners avec un support de la société financière internationale avec l’appui des associations professionnelles des banques et des microfinances incluant l’engagement de 7 banques et 6 institutions de microfinance qui totalisent plus de 80% du marché guinéen.
Déo-Gratias Abayomi, associé de ESP, explique les objectifs de l’initiative: « L’objectif est, de façon concrète, apporter des solutions au financement des entreprises et plus particulièrement des PME. Donc la « Finance S’Engage est une initiative de ESP en 2016 en Côte d’Ivoire. Donc l’idée c’est de mettre ensemble tous les acteurs pour qu’on fasse un diagnostic de la problématique de financement des entreprises. C’est cette étude qu’on a présentée aujourd’hui qui est donnée pour la croissance. Et sur ce diagnostic-là, proposer des recommandations des plans d’actions où chaque acteur s’engage pour dire concrètement qu’il fait ceci et cet engagement-là est enregistré, suivi et évalué dans le temps. »
Plus loin, il a fait savoir qu’en Côte d’Ivoire cette initiative a permis d’obtenir l’engagement des acteurs financiers à plus de 1 milliard de F CFA pour les PME rien qu’en une année: « En Côte d’Ivoire, pour la première année, les acteurs financiers se sont engagés à hauteur de 1 276 milliards de F CFA pour le financement des PME. On a eu un taux de réalisation de 101%. Donc c’est vraiment l’idée d’avoir des actions concrètes qui sont proposées, suivies et évaluées. Et c’est la même chose qu’on aimerait faire ici en Guinée, mais faire mieux. »
Dans son intervention, le Représentant régional de la SFI, Olivier BUYOYA, a dépeint la situation de la Guinée à propos de l’accès au financement des PME : « En plus de l’accès au financement, nous avons un problème sérieux concernant le coût pour ceux ou celles qui ont l’accès au financement. Le taux d’intérêt moyen en Guinée est de 22% contre 7% dans la zone UEMOA dans les pays limitrophes. Si on va au-delà de la zone UEMOA, au Liberia et en Sierra Leone on est avec un taux de 14 et de 16% respectivement. En Guinée on est au-delà de 20%, 6 ou 7% de plus que le Liberia et la Sierra Leone. Entre outre, les banques et les sociétés de microfinance doivent demander des garanties et le coût et l’accès à ces garanties sont prohibitifs pour les entreprises en général et pour les PME en particulier. Il est ainsi critique aujourd’hui de continuer un débat que nous avons ensemble pour pouvoir réfléchir sur comment élargir les instruments de financement mis à la disposition des PME, comment créer un environnement sécurisant pour les banques et pour les institutions de microfinance tout en prenant en compte le besoin urgent pour le financement des PME. »
Abordant dans le même ordre d’idées, Guy Laurent FON DJO, Président de l’Association professionnelle des banques en Guinée (APB-G), rappelle que les entreprises guinéennes utilisent peu les banques et les institutions de microfinance pour financer leurs investissements: « La difficulté d’accès au financement est l’un des obstacles les plus importants au développement du secteur privé en Guinée. A la suite des chiffres que vient de donner M. Bouyoya, je dois vous signaler que moins de 10% des entreprises locales utilisent les institutions financières pour financer leurs investissements, tandis que moins de 4% de fonds de roulement des entreprises sont financés par les banques. »
A en croire Laurent Fondjo, les PME guinéennes contribuent beaucoup au produit intérieur brut (PIB): « Les PME constituent aujourd’hui un maillon incontournable de l’activité économique en guinée. En effet, plus de 80% du tissu des entreprises formellement constituées sont des PME dont la contribution au BIP de la Guinée varie entre 18 et 20%. Donc vous comprenez pourquoi ce sont des partenaires de croissance et pourquoi nous devons tous agir, les différents acteurs que sont le système financier, le gouvernement, les partenaires au développement comme SFI. » D’où, selon lui, l’importance de l’implication de tous les acteurs : « Nous devons tous agir afin de nous assurer qu’ils comprennent le processus, le critère de financement et même la gestion des financements. Et ce n’est que sur la base de cette confiance que l’on pourra véritablement s’installer dans la durée. »
Les engagements des acteurs de la finance devront faire l’objet d’un suivi-évaluation au cours des prochains 12 mois. Ce qui permettra de savoir si les objectifs ont été atteints, comme ça a été le cas en Côte d’Ivoire.