Dix-sept ans après la disparition du président Lansana Conté, la Guinée porte un regard contrasté sur ses vingt-quatre années de gouvernance (1984-2008). Arrivé au pouvoir par un coup d’État militaire au lendemain de la mort d’Ahmed Sékou Touré en 1984, l’officier avait alors incarné l’espoir d’une rupture profonde.
Ce lundi 22 décembre, date anniversaire de son décès, son héritage divise toujours. Si ses partisans saluent l’homme qui a brisé l’isolement diplomatique du pays et mis fin à un régime oppressif, ses détracteurs déplorent un long règne marqué par une personnalisation excessive du pouvoir, au détriment de la solidité des institutions.
Paroles de citoyens : entre nostalgie et amertume
À Conakry, les témoignages recueillis par Guineenews illustrent cette dualité mémorielle.
Mamadou, 62 ans, retraité à Cosa : « Sous Conté, on a retrouvé une certaine liberté après Sékou Touré. On pouvait voyager, parler un peu plus librement. Mais à la fin, le pays stagnait et on sentait qu’il n’y avait plus de vision. »
Aïssatou, 34 ans, commerçante : « La vie devenait de plus en plus chère et les jeunes n’avaient pas beaucoup d’opportunités. C’est une période qui a laissé beaucoup de frustrations. »
Ibrahima, 45 ans, enseignant : « Le régime avait des qualités et de gros défauts. Le multipartisme a été instauré, mais les institutions n’ont pas été consolidées. On dépendait trop d’un seul homme. »
Fatoumata, 23 ans, étudiante : « Je n’ai pas vraiment connu cette époque, mais ce que j’en entends, c’est un mélange d’espoirs et de déceptions. Pour nous, c’est une leçon sur l’importance de la gouvernance et de la responsabilité. »
Dix-sept ans après, l’ère Conté demeure une période charnière. Elle reste, pour la Guinée contemporaine, un laboratoire d’enseignements où se jouent encore les débats sur la réforme de l’État et la maturité démocratique.

