Le tribunal criminel de Mamou a rendu son verdict ce lundi 15 décembre dans une affaire de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. L’accusé, Ibrahima Sory Diallo, âgé de 40 ans et maçon de profession, était poursuivi pour des faits survenus le 19 mai 2025 au quartier Madina Scierie, dans la commune urbaine de Mamou.
À la barre, Ibrahima Sory Diallo a reconnu les faits, revenant sur les circonstances du drame familial. « Je me suis battu avec mon jeune frère, Mamadou Malal. Le problème a commencé entre sa femme et la mienne. Il faisait nuit. Mon frère était en train de se laver. En sortant, il s’est rangé du côté de sa femme contre la mienne. Nous nous sommes battus corps à corps. Il m’a terrassé. En me relevant, je l’ai frappé à la tête avec un morceau de bois. Il est tombé », a-t-il déclaré.
De son côté, Mariama Camara, épouse de la victime et partie civile, a livré un témoignage poignant devant la cour. Elle affirme que le conflit familial durait depuis près de quatre ans, sur fond de différend lié à la construction d’un bâtiment opposant son mari à son frère aîné. « Lorsque mon mari voyageait, je quittais la maison pour aller chez ma mère. Sa mère, la femme de son grand frère et son jeune frère étaient tous contre moi », a-t-elle expliqué.
Selon elle, la victime aurait reçu deux coups de pilon à la tête devant plusieurs membres de la famille, avant de s’effondrer. « Pendant qu’il saignait au sol, son grand frère disait : “Laissez-moi le terminer”. Ce sont mes cris qui ont alerté le voisinage. Une personne est venue nous aider à le transporter à l’hôpital. De 22 heures jusqu’à sa mort à 3 heures du matin, je suis restée seule à son chevet », a-t-elle confié, réclamant au tribunal l’application stricte de la loi.
Dans ses réquisitions, le procureur de la République, Maurice Onivogui, a requis 20 ans de réclusion criminelle contre l’accusé, estimant que les faits étaient clairement établis.
La défense, assurée par les maîtres Komah et Sylla, a plaidé des circonstances atténuantes. Maître Komah a sollicité la clémence du tribunal afin de permettre à l’accusé de prendre en charge les enfants laissés par le défunt. Maître Sylla a, pour sa part, évoqué un climat d’absence d’harmonie familiale, soulignant que le conflit aurait été exacerbé par les tensions entre les épouses.
« Le grand frère s’est montré imprudent et s’est emporté jusqu’à commettre l’irréparable. Il a perdu son frère et connu la prison. La veuve repartira et les enfants reviendront dans la famille paternelle. Il incombera à l’accusé de s’occuper de ses neveux », a-t-il soutenu.
À l’issue des débats, le président du tribunal criminel, Mamadou Yaya Sow, a déclaré Ibrahima Sory Diallo coupable et l’a condamné à cinq (5) ans d’emprisonnement ferme. Il a également ordonné le paiement de cinquante millions de francs guinéens à titre de dommages et intérêts à la partie civile, Mariama Camara, pour l’ensemble des préjudices subis.

