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ANSP : Grogne des anciens travailleurs, les raisons

Plusieurs dizaines d’anciens travailleurs de l’ANSP se rassemblent depuis mercredi devant le garage des véhicules de déchets solides pour réclamer le paiement de leurs indemnités de séparation, de leur pension et de leurs droits sociaux.

Au total, ils sont 407 agents éboueurs, chauffeurs, balayeurs, techniciens, secrétaires et soudeurs dont certains ont servi plus de 20 ans dans l’assainissement, qui affirment avoir été « abandonnés » après la réhabilitation du site où ils travaillaient autrefois. Ils s’y retrouvent depuis trois jours pour s’assurer que le travail ne reprenne pas sur le site.

Alpha Traoré, chauffeur et représentant du collectif, retrace un long parcours marqué par des conditions de travail difficiles et des négociations interminables.

Il rappelle que les travailleurs ont été déplacés lorsque l’État a lancé la reconstruction du garage qui servait autrefois de site opérationnel : « Nous avons accepté de céder la place parce que c’est un bien public. On nous a promis nos pensions, nos primes de séparation. Les calculs ont été faits à l’Inspection générale du travail. On nous a dit d’attendre. Cela fait maintenant plus de trois ans. »

Le représentant dedits travailleurs dénonce un traitement injuste ,« On nous a exploités sous la pluie, sous le soleil, sans congés, sans primes. Aujourd’hui, on nous considère comme des saboteurs et on appelle les forces de l’ordre pour nous dispersé alors que nous avons fait le sale boulot quand personne ne voulait le faire. »

Sur la question des cotisations sociales, les travailleurs affirment que la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) leur a déclaré que les montants prélevés ne lui sont pas parvenus : « Si l’argent n’est pas arrivé à la Caisse, où est-il parti ? Nous avons cotisé pendant 20 ou 30 ans. Aujourd’hui, nous n’avons ni pension ni indemnité. L’État doit nous répondre».

Le collectif demande une intervention urgente du gouvernement pour solder leur prime de séparation et régulariser leur pension :« Tous les retraités ont été pris en compte dans la refondation. Pourquoi pas nous ? »

Parmi les manifestants, de nombreuses femmes ayant servi dans l’assainissement durant des décennies témoignent également de leur détresse.

Marie Camara, balayeuse depuis 30 ans, affirme qu’ils ont travaillé « pendant l’Ebola, le choléra, la tuberculose, dans des conditions pénibles ».

« Quand on commençait, on était payé à 2 000 sily. Aujourd’hui, on nous dit qu’ils n’ont plus besoin de nous. Nous acceptons de partir, mais qu’ils nous règlent ! », reste-t-elle.

D’un ton ferme elle affirme que, « Tant que nous ne sommes pas payés, aucune activité ne se fera ici. Nous allons nous regrouper tous les jours. Même malade, je vais courir derrière mon argent».

Les anciens employés de l’assainissement appellent aujourd’hui directement le président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, à intervenir.

« Nous nous sommes sacrifiés pour ce pays dans l’Ebola, le choléra, le Covid.Tous les retraités ont été pris en charge dans la refondation. Nous demandons pardon : aidez-nous aussi à obtenir nos pensions et nos primes pour que nous puissions nous reposer», demande-t-elle.

De son côté, le directeur général de l’ANASP, Mamadou Diané, parle d’un « vieux dossier complexe », impliquant plusieurs ministères dont celui du Travail, du Budget et du MATD. Il assure que le nouveau ministre de l’Hydraulique a commencé les démarches pour localiser et faire avancer le dossier.

« Je suis là depuis quatre mois. Le ministre aussi est nouveau. Nous avons pris le train en marche. Mais, l’administration est une continuité. Il faut du temps pour retrouver les documents dans les différents ministères et nous y travaillons « , a-t-il dit.

Enfin, le directeur de l’ANSP estime donc que les travailleurs ne sont pas sur le site pour empêcher une inauguration : « C’est leur point de ralliement historique, l’ancien siège de la SPDO».

En attendant une solution, les 407 ex-travailleurs annoncent maintenir leur mobilisation quotidienne jusqu’au règlement complet de leurs droits.

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