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Littérature : Zeze Kalivogui dédicace son premier ouvrage «La Plume de mon père – La légende de Dunégui»

Le Geologue et écrivain Zézé Kalivogui a procédé, ce samedi 29 novembre 2025 au Centre culturel franco-guinéen, à la dédicace de son tout premier livre La Plume de mon père – La légende de Dunégui, paru chez L’Harmattan Guinée. Un récit profondément humain qui explore l’héritage familial, la mémoire collective et les valeurs africaines à travers l’histoire de « Dougnégui », un terme qui signifie « bébé » en langue toma.

Dans son intervention, Zeze Kalivogui a expliqué que ce projet était à l’origine celui de son père, qui rêvait d’écrire un ouvrage pour transmettre son histoire et celle de sa génération.
« Ce projet, qui était le rêve, la mission, le désir de mon père, c’était d’écrire un livre pour partager sa vie, celle de sa génération et nos valeurs. (…) S’il n’a pas eu le temps de le réaliser, alors pour moi c’était un devoir de poursuivre. Il ne fallait pas que cette intention disparaisse avec nous », a-t-il confié.
L’auteur dit avoir voulu transformer une absence en transmission :
« Chaque disparition devrait être une transmission, mais non une rupture », a-t-il insisté, reprenant la célèbre phrase d’Amadou Hampaté Bâ : « En Afrique, un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle.»
La Plume de mon père navigue entre souvenirs personnels, vécu familial et histoire du pays. L’auteur y évoque aussi la colonisation, à travers l’histoire de son grand-père : « Mon grand-père a servi dans les plantations de Benty, avec l’avènement de la colonisation. Son histoire pour moi est très inspirante (…) car malgré cette triste réalité, des hommes et des femmes étaient dignes, debout, capables de préserver leur dignité. »
Pour Kalivogui, il s’agit de rétablir une mémoire souvent racontée uniquement sous l’angle de la souffrance : « Au-delà des preuves de soumission, l’Afrique a su préserver sa grandeur. Et cette grandeur, je pense qu’il faut la révéler. »
L’auteur n’a pas manqué de rendre un hommage appuyé à sa mère, figure essentielle de son histoire personnelle et de son œuvre.
« Un merci absolu (…) Voir cette dame sous le soleil, dans des conditions parfois difficiles, mais qui a tenu… c’est un sacrifice énorme. Sans elle, ce livre n’aurait pas été une réalité », a-t-il déclaré avec émotion.
Il raconte aussi un épisode marquant de son adolescence, qui éclaire la dimension autobiographique du livre : « Un jour, au collège, mon père m’a rendu visite pendant que j’étais puni. Dans son regard, je pouvais sentir la déception. Il ne m’a presque rien dit, mais ce regard était suffisant pour moi. »
Zeze Kalivogui a profité de la cérémonie pour appeler la jeunesse guinéenne à renouer avec les anciens et à préserver les mémoires vivantes :
« Que désormais aucune bibliothèque ne brûle. Que chaque disparition soit une transmission. »
Il a également lancé un plaidoyer citoyen, inspiré de l’expérience douloureuse vécue auprès de son père, à l’hôpital :
« Ce livre donne voix aux souffrances silencieuses. Pourquoi tant de Guinéens doivent-ils aller se soigner ailleurs ? (…) Le renforcement de notre système de santé et d’éducation doit devenir l’épine dorsale de notre développement. »
La Plume de mon père – La légende de Dougnégui se veut à la fois témoignage, héritage et appel à la continuité.
« Ce livre est plus qu’un récit. C’est une promesse tenue, un héritage prolongé. Il trouve sa source dans le rêve d’un homme repris par un autre », a résumé l’auteur.
L’histoire de Dougnégui, personnage affectueusement surnommé « bébé », devient ainsi un symbole : celui d’une Afrique digne, forte, debout, et dont la mémoire mérite d’être transmise, pour construire l’avenir.
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