Médecins Sans Frontières (MSF) s’achemine vers une transition progressive de ses activités liées à la prise en charge du VIH en Guinée.

Au-delà de la vigilance médicale, MSF a souligné l’importance de préparer le pays à assumer pleinement la prise en charge. « Ce transfert, ce n’est pas un retrait brusque. C’est vraiment un passage de relais pour assurer une continuité sans rupture avec les patients », a expliqué Julien Matter. La transition, planifiée sur 2 à 3 ans, concerne d’abord les structures sanitaires, puis l’ensemble du projet VIH.
À l’USFR, plus de 85 % du personnel sont aujourd’hui des salariés de MSF, formés depuis plusieurs années à la prise en charge des formes avancées du VIH. Cette expertise est rare et très recherchée, notamment dans la sous-région.
Pour éviter que ces compétences ne se dispersent, notamment vers des pays voisins comme le Sénégal ou la Côte d’Ivoire, plusieurs acteurs du système de santé soulignent l’importance de prévoir des mécanismes durables d’intégration (comme la fonction publique) et de stabilité professionnelle pour ces équipes.
Selon le Pr Fodé Bangaly Sako, l’enjeu est de préserver et de retenir ces compétences nationales afin de garantir la continuité et la qualité des soins après la transition de MSF.
Les échanges ont aussi abordé la question de la stigmatisation persistante autour du VIH. « Une personne vivant avec le VIH, sous traitement, peut avoir une charge virale indétectable, donc ne pas transmettre le virus, se marier, avoir des enfants… », a insisté Julien Matter, rappelant le rôle clé des journalistes pour sensibiliser la population.
Ce café-presse a permis de poser publiquement les enjeux d’un tournant majeur dans la lutte contre le VIH en Guinée : le retrait annoncé de Médecins Sans Frontières de la prise en charge du VIH dans le pays d’ici trois ans. C’est pourquoi la présidente du Réseau des associations de personnes vivant avec le VIH REGAP+, Mme Diallo Kadiatou Bodjé, a exprimé son inquiétude face à cette transition : « Quand MSF annonce son départ, ça c’est une inquiétude. Ça c’est vraiment une question qui est très préoccupante parce que là, l’État a beaucoup d’autres choses à faire à part la présence du VIH. Mais néanmoins, le retrait du MSF va avoir un imapact sur nous et sur la population qui vit avec le VIH. Parce qu’avec la présence du MSF, eux, c’est une présence globale qui couvre les examens, les soins, la nutrition et le soutien psychosocial. Et la présence de l’État, c’est la présence des molécules antirétroviraux et quelques examens. Donc ça va impacter un peu négativement, mais il va falloir que l’État prenne ses responsabilités parce que c’est sa population, c’est les citoyens guinéens qui vivent avec cette maladie. »

