La journée de ce jeudi a été marquée par une importante mobilisation de la jeunesse à Kérouané. Très tôt dans la matinée, des groupes de jeunes sont descendus dans les rues pour dénoncer la dégradation croissante des conditions de vie dans la préfecture. Entre pénurie d’eau, absence d’électricité et travaux routiers abandonnés, les manifestants disent exprimer un ras-le-bol longtemps retenu.
Selon un jeune témoin ayant requis l’anonymat, la manifestation n’est pas née du hasard : « Les difficultés ne datent pas d’aujourd’hui. On a décidé de sortir pacifiquement pour demander des solutions. »
La première revendication porte sur le manque d’eau. Paradoxalement, Kérouané est une zone hydrologiquement riche — rivières, marigots, nappes — et pourtant, un seul château d’eau alimente toute la préfecture, avec une capacité désormais insuffisante. « Les robinets sont à sec dans plusieurs quartiers. On ne comprend pas comment une zone aussi riche en eau peut manquer autant d’approvisionnement », explique-t-il.
Des routes impraticables et une électricité quasi inexistante
Autre doléance majeure : l’état des routes. Les travaux de bitumage, entamés il y a plusieurs mois, ont été brusquement interrompus. Aucun motif n’a été communiqué officiellement. « Il n’y a presque pas de routes praticables. Les travaux ont commencé, puis ils se sont arrêtés. On ne sait pas pourquoi », poursuit le témoin.
La ville souffre également du manque d’électricité. Pour de nombreux ménages, l’accès au courant reste sporadique, voire inexistant. « Pas d’eau, pas de route, pas de courant… Comment vivre dans ces conditions ? » s’indigne un habitant.
Une manifestation annoncée comme pacifique, interrompue par des interpellations
Les organisateurs affirment avoir informé les autorités locales avant la marche. Les autorités locales auraient ensuite déployé quatre à cinq pick-up chargés de militaires pour encadrer la manifestation. Malgré le caractère pacifique du mouvement, les forces de l’ordre ont interpellé entre cinq et sept jeunes, suscitant l’indignation de la population. « Ils n’ont rien cassé. Ils ont juste revendiqué leurs droits », insiste le témoin.
Intervention du doyennat et réunion de crise
Dès l’annonce des interpellations, le doyennat s’est saisi du dossier et a contacté le préfet. Une réunion de crise a débuté aux environs de midi pour analyser la situation et tenter de trouver une issue. À l’heure de la rédaction de cet article, aucune décision officielle concernant la libération des jeunes n’a été annoncée.
Desormais, la jeunesse de Kérouané exige deux réponses concrètes :
- La libération immédiate des jeunes arrêtés,
- et des solutions durables pour l’eau, l’électricité et les routes.
Pour une grande partie de la population, les promesses répétées et non tenues ont fini par épuiser la confiance envers les autorités locales. Beaucoup demandent que la préfecture sorte enfin de l’inaction.
La situation reste sous tension, mais les jeunes affirment vouloir poursuivre leurs démarches dans le respect et la non-violence, tout en appelant à une réaction urgente des autorités de transition.

