Après plusieurs années passées à l’étranger notamment en Afrique de l’Ouest et centrale, ce natif de Petel dans la commune urbaine de Lélouma revient avec un projet audacieux: devenir un planteur de bananes dans sa localité.
Un choix non anodin. Loin du confort ou des tohu-bohu des grandes villes, ce choix traduit une volonté de se reconnecter avec ses racines pour ainsi mieux contribuer au développement communautaire de sa localité.
Aujourd’hui, Mamadou Mouctar Bondeko Diallo possède une plantation d’environ 3 hectares avec plus de deux mille pieds de bananes.
« C’est un rêve qui se concrétise. (…). Au début, j’ai été animé par l’aventure. J’ai fait plus de 10 pays africains. (…). Et cette expérience m’a tellement éprouvée que j’ai failli y laisser la vie. Des incarcérations, des humiliations (…). Ce que j’ai vécu, ce que j’ai enduré dans ces pays là, a laissé sur moi des traces à jamais. C’est en ce moment que j’ai réalisé l’étendue du bonheur, de la richesse, du pouvoir et de la facilité que j’ai laissée devant ma porte, pour me jeter dans la gueule du loup. (…). C’est ainsi que j’ai décidé de rentrer au pays, avec d’innombrables projets dont celui de la production de la banane », confesse Mouctar Bondeko Diallo.
Le choix de la culture de la banane n’est pas fortuit : « c’est seulement le bananier que tu peux planter et tu gagnes, en plus des régimes de bananes, plusieurs autres têtes de plants de bananier. »
Cette culture de rente requiert de la patience, de l’observation et un travail très minutieux. Son objectif c’est le long terme, comme l’explique notre interlocuteur : « il faut être très patient pour faire une plantation. (…). Les dépenses sont très énormes et les retombées à long terme. Il faut donc s’armer réellement du courage. Même, énormément de courage de patience. Il m’a fallu plusieurs millions et près d’ un an, pour être à ce stade. Ce n’est pas du tout facile. (…). Il m’arrivait parfois à vouloir tout abandonner tellement que c’était dur, mais avec la patience et le courage, ça commence maintenant à aller », se réjouit il.
Quatre à cinq régimes de bananes peuvent être vendus entre 250 à 300 mille francs guinéens. Ce prix peut aussi varier, selon la qualité et/ou la taille des bananes, confie toujours notre interlocuteur.
Cependant, tout n’est pas rose. Le manque de main d’œuvre constitue un grand handicap.
« Entretenir une telle plantation n’est pas chose facile. A moi seul, je ne peux pas. Et on ne trouve pas de personnes pour le faire, même de façon journalière. C’est ce qui est très regrettable ».
Mouctar Bondeko ne compte pas s’arrêter là. Dans les années à venir il envisage d’élargir sa plantation et atteindre progressivement les 5 mille à 10 mille têtes de bananes.
A noter qu’actuellement, la banane se fait de plus en plus rare et est très coûteuse, même en milieu rural.
Le cas Mouctar est une histoire qui inspire: elle montre qu’il est possible de revenir aux sources, d’entreprendre, de créer des sources de revenus et bien réussir chez nous.

